FANTASIA et la déesse du destin

chapitre 21 : Voile des vérités

Il y a plus de huit mille vingt-six ans, dans un village reculé, une petite civilisation autrefois prospère vivait dans l'ombre d'un secret sinistre. Les habitants cultivaient des fruits, mais les pastèques et les tomates étaient les plus prisées. Ce qui semblait être une société simple, avec ses huttes en guise de maison et ses vêtements faits de simples draps, cachait une vérité bien plus sombre. Malgré l'apparente tranquillité, une menace invisible planait sur chaque sourire, chaque rire.

Les villageois vivaient en communauté, partageant tout : repas, rires, et parfois même leurs larmes. Pourtant, sous la surface de cette harmonie se tapissait une peur sourde, un malaise que personne n'osait exprimer à haute voix. Chaque jour se ressemblait, mais il était marqué par une angoisse latente. Les disputes, bien qu'apparentes comme anodines, révélaient un malaise plus profond, une tension que personne ne semblait pouvoir apaiser.

Ryori, une fillette de huit ans, était l’incarnation de cette fracture invisible. Ses cheveux courts, d’un noir profond, et ses yeux violets perçants la rendaient presque irréelle dans ce cadre morose. Orpheline de mère, ignorée par un père explorateur, elle se faisait remarquer à travers ses farces et ses rébellions. Mais ces bêtises n’étaient que le reflet d’un vide profond, d’une douleur qu’elle ne pouvait comprendre. Seul Kobby, son meilleur ami plutôt sin frère de cœur, semblait la comprendre. Lui, avec ses cheveux bleus comme l'azur et ses yeux assortis, vivait dans une maison plongée dans l'ombre de la maladie de sa mère. Ensemble, ils faisaient tout pour échapper à l'inévitable : le regard lourd des anciens, la réalité étouffante du village.

Car ce village portait un secret terrible. Une fois par an, tous les adultes se rendaient dans un sanctuaire dédié au dieu de la Gourmandise, et un adulte disparaissait sans laisser de trace. À chaque disparition, les sages murmuraient que c’était "la volonté du dieu", mais personne n’osait contredire cette fatalité. Leurs offrandes – pastèques et tomates – étaient déposées dans le sanctuaire avec une obéissance aveugle, presque terrifiée.

Les enfants, d’abord insouciants, finissaient par comprendre. Ceux qui avaient perdu un parent ressentaient cette absence comme un coup de couteau dans l’âme, mais les anciens étaient toujours là pour leur rappeler que "c’était ainsi que cela devait être". Le village, autrefois perçu comme un havre de paix, devenait une prison de mensonges et de peur.

Un jour, tout changea pour Ryori. Le jour où son père devait revenir arriva enfin, mais il n'était plus le même. Il était froid, distant, ne prêtant aucune attention à sa fille. Dès son arrivée, il se précipita vers le conseil des sages, ramenant avec lui un prisonnier. Cet étranger, enveloppé dans un voile de mystère, semblait porteur de la vérité interdite.

Ryori, dans un élan de curiosité, suivit son père. Cachée derrière un arbre, elle entendit des mots terrifiants. "Le dieu n'est qu'un mensonge", murmura son père, "vos offrandes... ce sont des sacrifices pour nourrir une ancienne malédiction."

Les sages, jusque-là figures d’autorité incontestées, restèrent silencieux, leur regard lourd d’une culpabilité qui suintait enfin. Le père de Ryori, quant à lui, semblait au bord de la folie, comme si les vérités qu'il avait découvertes durant ses voyages l'avaient brisé.

Les sages étaient au nombre de quatre : Sir Atlas, Sir Pacific, Miss Hindo, Miss Anta et Sur Arc

Atlas, d'un ton calme :— Nous savons bien tout cela, mais nous sommes obligés de le nourrir, sous peine de mourir… Dit-il simplement.

Hindo, d'un ton chaleureux :— Ces sacrifices sont bons pour le village, personne ne peut vaincre ce monstre, et mieux vaut ne pas le déranger. Dit-elle avec un sourire hypocrite.

Le père de Ryori, d'un ton calme :— Vous devez dire la vérité à tous, les villageois méritent de savoir pourquoi ils se sacrifient… vos mensonges ont assez duré ! S'exclama-t-il.