Chapitre 4

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- Tu as ressenti la même chose que moi ? Demanda Maël à sa sœur.

Il venait tout juste de déposer Brenda devant chez elle et ils étaient sur le chemin retour de leur domicile.

- De quoi parles-tu ? Le questionna Lorna.

- Du gars qui discutait avec toi, répondit son frère. J'ai eu un très mauvais pressentiment en le voyant.

- Moi aussi, avoua Lorna. J'avais l'impression qu'il était dangereux.

- J'avais surtout l'impression qu'il était dangereux pour toi, déclara Maël avec un air très sérieux.

- Ah bon ? Mais pourquoi ? S'enquit la jeune fille.

- Je n'en sais rien, frangine. Mais tu dois rester sur tes gardes.

Ils arrivèrent chez eux et entrèrent dans leur maison.

- Coucou ! Leur lança une voix depuis le salon.

Maël et Lorna découvrirent un homme affalé sur l'un de leur fauteuil et qui buvait une bouteille de cidre.

- Oh, vous devez être les enfants de Leslie, dit l'homme en se redressant. Enchanté, je m'appelle Christophe.

- Que faites-vous ici ? Demanda brusquement Maël.

- Votre mère ne vous a pas dit qu'on sortait ensemble depuis plusieurs mois ? S'étonna Christophe.

Lorna soupira, exaspérée. Contrairement à lui, elle n'était pas du tout surprise.

De son côté, Maël semblait être très contrarié.

- Je croyais qu'elle fréquentait un autre homme, murmura-t-il à sa sœur.

- Tu la connais, dit la jeune fille à voix basse. Elle change de copain autant de fois qu'elle change de pairs de chaussettes.

- Qu'est-ce que vous complotez, tous les deux ? Demanda Christophe.

- Rien, répondit Maël en lui lançant un regard noir.

L'homme le dévisagea avant de sortir du salon pour se diriger vers la cuisine.

- Je peux savoir où vous allez ? Le questionna Maël en lui bloquant le passage.

- Je vais chercher une bouteille de cidre, répondit Christophe, d'un ton grincheux.

- Mais vous vous croyez où ? Rétorqua Maël avec colère. Vous n'êtes pas chez vous !

-  Pas la peine de monter sur vos grands chevaux, dit l'homme d'un ton bourru.

- Sortez d'ici, ordonna Maël.

- Non, je suis censé attendre votre mère...

- J'ai dit SORTEZ D'ICI !

Christophe poussa un grognement.

- Très bien, dit-il entre ses dents.

Il bouscula Maël et se dirigea vers la porte d'entrée.

- Excusez-moi monsieur, dit Lorna en le suivant. N'en voulait pas à mon frère, il peut être susceptible...

Mais il l'ignora et ouvrit la porte, tombant nez à nez avec Leslie.

- Salut, dit-elle joyeusement en s'apprêtant à le prendre dans ses bras.

- Je déteste tes gosses, grommela-t-il. Ils sont désagréables.

Et il sortit de la maison sans lui dire au revoir, ce qui boulversa Leslie.

- Qu'est-ce que tu as fait ? Demanda-t-elle furieusement à sa fille.

- Rien, dit Lorna, la voix tremblante.

- J'avais enfin trouvé un homme bien ! S'emporta-t-elle. Pourquoi il a fallu que tu gâches tout ?

- C'est à cause de moi qu'il est parti, intervint Maël. Alors, ne t'en prend pas à elle.

- J'aurais dû m'en douter, dit Leslie en fermant violemment la porte pour ensuite se placer devant son fils. Tu ne fais que me pourrir la vie.

- N'importe quoi ! Rétorqua Maël avec fureur. Si tu t'occupais un peu plus de nous, tu ne rechercherais pas l'attention d'hommes qui ne te méritent pas !

Lorna courrut à l'étage et s'enferma dans sa chambre. Elle enfila ses écouteurs, s'allongea sur son lit et enfouit son visage dans son oreiller.

Parfois, elle se demandait comment la vie à la maison se déroulerait si son père était encore là. Elle et Maël avaient hérité de  ses capacités magiques et ils descendaient d'une grande lignée de Sorsïers. Leur mère n'était au courant de rien, leur père leur interdisait de lui révéler leur véritable nature. Malgré qu'il pouvait se montrer sévère et impulsif, c'était un homme bienveillant qui aimait profondément sa femme et ses enfants. Son rire et son sourire éclatant marquaient les mémoires de tous ceux qui le croisaient. Il adorait passé du temps avec sa famille, se promener dans la forêt de Brocéliande avec eux, accompagné ses enfants au parc et jouer avec eux.

Et un jour, il avait quitté la maison.

Lorna avait à peine dix ans et son père devait l'emmener à l'école comme tout les matins. Elle l'avait cherché dans toute la maison avant de demander à son frère :

- Il est où, papa ?

Maël avait répondu "je ne sais pas", la bouche pleine de céréales.

Comme leur mère n'était pas là, c'était donc son frère qui avait accompagné  Lorna jusqu'à son école dans le village voisin. Ils avaient traversé la forêt et les champs à pied, main dans la main, en se laissant distraire par la beauté du paysage. Ils étaient finalement arrivés  à l'école vers onze heures et leur mère avait grondé Maël pour avoir sécher les cours une fois qu'ils étaient revenus à la maison. Un peu plus tard, elle leur avait expliqué que leur père et elle avaient divorcé et qu'il était retourné vivre aux Pays de Galle.

Pour Lorna, cela n'avait aucun sens. Leurs parents s'entendaient à merveille et elle l'aurait remarqué si ces derniers commençaient à ne plus s'aimer.

Depuis ce temps , Leslie s'était laissée ronger par le chagrin. Elle ne s'occupait plus de ses enfants et enchaînait les petits amis. Maël avait alors prit Lorna sous son aile, lui faisait à manger et l'aidait pour ses devoirs. Il nettoyait la maison de fond en comble, faisait les courses et sa sœur lui venait toujours en aide, car ses tâches étaient très épuisantes.

Ils n'avaient plus reçu de nouvelles de leur père depuis sept ans. Et même s'il en redonnait, Lorna serait toujours aussi furieuse contre lui.

Maël l'appela pour dîner, mais elle refusa de sortir de sa chambre. Il insista et finit par céder. Pour son plus grand soulagement, sa mère n'était pas à table.

En fin de soirée, Lorna s'installa dans la cave. Ici, elle pouvait développer ses pouvoirs de Sorsïer à l'abri des regards.

Or, cette fois-ci, la jeune fille s'y était rendue pour consulter des vieux grimoires, datant de l'époque médiévale. Quelque chose en elle l'avait poussé à le faire.

Elle fouilla dans un carton et tomba sur un livre à la couverture noire et à la reliure argentée. Elle l'ouvrit et lut le titre :

L'Ifern, la dimension maudite.

Lorna ne savait pas pourquoi, mais elle sentait que quelque chose la liait à cela.

Au Delà De la HaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant