Deuxième douleur :

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- ??? -

?? ??? 2028 :

Quel jour est-il ?

Quelle heure est-il ?

Où suis-je ?

Depuis combien de temps je suis là ?

Beaucoup de questions mais peu de réponses. Depuis des mois, peut-être sept, ou alors des jours, je sais pas, je suis seul.

Kai était le dernier avec moi, et comme les autres, il n'est jamais revenu.

Mort ? Transféré ? Je n'en ai aucune idée.

Après le silence, c'est la solitude qui m'oppresse. Cela fait peut-être un mois que je suis ici, seul, dans cette nouvelle cellule où aucun son ne passe la porte. Les seuls repas que je mange me sont donnés irrégulièrement, pour pas que je puisse compter le temps qui s'écoule. Et quand je dois manger, une petite trappe s'ouvre pour me passer mon repas.

Il n'y a pas de contact humain possible.

J'ai mal. Tellement mal. À la fois au cœur et au corps. La solitude m'oppresse.

Des chaînes me frottent les poignets et les chevilles, qui sont maintenant en sang. Chaque mouvement, aussi infime soit-il, est devenu une torture. Mon dos me lance, souvenirs du dernier "examen". Enfin, quand je dis "examen", c'est surtout leur défouloir. Ils trouvent toujours quelque chose de nouveau à essayer.

Hier, c'était les coups de fouet, il y a trois jours, les brûlures, et qui sait ce qui me ferons demain ?

Personne ne peut m'aider, que ce soit me sortir de là ou apaiser ma douleur. Je suis seul. Depuis si longtemps .

J'ai commencé à détester mon corps, qui se régénère trop vite. Avant, j'aimais bien ça, c'était pratique quand on devait bouger au plus vite après une attaque et qu'on était blessé, car en moins d'un jour c'était complètement guéri.

Maintenant que je suis seul, ils me laissent à peine le temps de souffler avant de recommencer leurs horreurs.

Kai rigolait toujours, nous racontait des blagues même quand on était au fond du trou.

Arie espérait , nous transmettait cet espoir, nous rassurait.

Luan parlait d'avenir. Il nous donnait des rêves, de l'envie. L'impression d'une suite, d'un après le laboratoire.

Ruth était en colère, elle combattait, ne se laissait pas faire. Peut-être est-ce pour ça qu'elle partie en première ?

John aimait la vie, comme sa femme. Il nous rappelait nos amis, amours et famille.

Thomas n'oubliait pas. Jamais il ne se l'aurait permis. Le jour de notre arrivée, la découverte de nos pouvoirs, nos années cachés. Tout ça, il le nous rappelait en permanence.

Emma pleurait. Ses amis, nos amis, sa famille, nos familles. Sans cesse. Personne n'a réussi à la consoler. Elle est morte seulement deux semaines après notre arrivée.

Haru était jaloux. Jaloux des non-éveillés, mais aussi de ceux classé vert ou jaune, de ceux qu'on ne tuait pas, qu'on ne tortuait pas et enfermais dans des prisons classique.

Kamil réfléchissait, voulait sortir d'ici, s'échapper. Kamil à réussi, dans un sens.

Et moi dans tout ça, j'incarnais la solitude. Je ne les comprenais pas, ou peu. J'étais seul mais eux aussi. Chacun était prisonnier de ses propres démons, de ses propres regrets.

Mais quand ils ont commencé à disparaître les uns après les autres, quand la solitude à commencé à gagner du terrain, c'est là que je me suis attaché à eux. À ressentir chaque absence comme l'arrachement d'un morceau de mon cœur.

Ruth, Emma, Haru, Kamil, Arie, Luan, John, Tomas, Kai. Et moi ?

Moi je suis resté ici, seul.

Ils sont tous partis, dans un sens comme dans un autre.

Mais moi, je veux vivre. Je sais que quelqu'un m'attend, me cherche. Comment ? Une intuition, ou l'espoir peut-être.

Alors je reste en vie, même seul.

La chose la plus douloureuse ici, après le silence, c'est la solitude.

Reste ÉveillésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant