Chapitre 13 : Iria

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- Iria -

27 septembre 2023 :


- T'es pas possible Elan.

Mon lieutenant me regarde, sans une once de culpabilité. Il m'a évité.e toute la journée, jusqu'à ce que je l'attrape ce midi. Mais dès que j'aurais fini de parler, il retournera faire ses conneries, je n'en doute pas le moindre du monde.

- T'es un des responsables du camp ! Tu peux pas faire n'importe quoi ! Tu nous représente !

- Mais ça va ! J'ai rien fait de grave Iria, vous en faites toujours tout un plat !

Malgré tout ce qu'on peut dire sur lui, il respecte la hiérarchie, donc, même s'il recommencera, je sais qu'il m'écoute et acceptera sans broncher sa punition. Je continue en levant les yeux au ciel.

- Les stocks de nourriture sont précieux ! On peut pas se permettre de jouer avec !

- C'est Laure qui m'a bombardée de tomates !

- Parce que tu as mangé presque tous ses fruits ! Pour un régiment entier !

- J'avais faim !

- Elan... Ce n'est pas une excuse !

Il m'exaspère. On roule depuis hier, 22 heures, et il est midi. Ce petit con a fait en sorte de couper toute communication avec moi, alors qu'il est à mes ordres. Si je l'avais pas chopé, il se serait caché toute la journée, jusqu'au moment du départ et de la réunion générale, où je n'aurais pas pu l'engueuler devant tout le monde.

- Pour la peine, tu bosseras avec Laure et Joyce jusqu'à ce qu'on arrive au camp de base ! Lui dis-je, sur un ton qui annonce qu'aucune négociation n'est possible.

Il marmonne un "Pas juste" et s'en va manger avec Maël et Huang, les deux autres lieutenants. Aux rires que ceux-ci font en le voyant arriver, ils ont tout entendu. Elan s'assoit et boude. Je les regarde essayer de le réconforter, mais ça ce voit qu'ils ne pensent pas du tout ce qu'ils disent. J'entend un "Couple de bourreaux" et vois Laure se précipiter sur Elan, qui se dématérialise aussitôt, sous les rires de ses compagnons.

- Il y a une bonne ambiance, tant mieux. Dit Sergly derrière moi.

- Ton petit manège a marché, pour le plus grand malheur de mon épaule.

- Et de mes bandages ! Renchérit Gabriel.

On s'assoit ensemble, sur l'herbe encore humide après l'averse de tout à l'heure. Cachés en pleine forêt, nous n'avons pas à nous inquiéter de la discrétion de nos troupes.

Nous avons parcouru deux cents kilomètres depuis hier, et nous ne bougerons plus d'ici avant vingt-deux heures. Normalement, le trajet en voiture nous aurait pris deux heures, mais avec tous les détours, les arrêts pour éviter les patrouilles, les pauses, l'attente des équipes d'éclaireurs, ça nous a pris quatorze heures.

- On fait donc deux cents kilomètres par jour, tout ça avec quatre poses ?

- Ouais, quatre fois deux cents égale huit cents Gaby, Bravo ! Le taquine-je.

- Et tu ose traiter Elan de gamin ? Vous vous êtes bien trouvés tous les deux.

Je lui tire la langue et me retourne vers Sergly, toujours silencieux.

- Si jamais tu penses que je t'en veux, ne t'inquiète pas, j'aurais ma revanche.

- Merci Iria. Tu comprends pourquoi j'ai fait ça hein ?

- Oui.

De nous trois, c'est moi, le.a plus fort.e pour comprendre les émotions des autres, bien que je sois le.a plus insensible quand on se bat. Si c'est pas ironique.

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