Chapitre 18 : Iria

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- Iria -

01 Octobre 2029 :

Que font les gens normaux quand ils sont en rencard ? J'en ai presque jamais fait moi. Et puis, je ne suis pas normal.e de toute façon. Qui voudrait sortir avec quelqu'un qui peut se changer en tigre ? Ou en rat ?

Je jette un regard discret à Gabriel. Il est venu en costard blanc, et moi en noir. Ses cheveux blonds sont attachés en petite queue de cheval et il est en basket. Il a changé de boucle d'oreille, passant de son habituelle perle nacrée à une tige dorée ornée d'une pierre bleue qui s'accorde à ses yeux.

Il discute avec un serveur pour savoir quel est le meilleur vin. Celui-ci a l'air exaspéré par les demandes de Gabriel qui, en vrai connaisseur, insiste sur les cépages et les noms des vignerons. Je choisi de stopper net le débat avant que ça devienne trop long :

- Je vais vous prendre un coca s'il vous plaît.

Gaby me jette un regard si indigné que je m'étouffe de rire avec mon verre d'eau. Le serveur en profite pour s'échapper et envoyer une collègue à sa place. Il soupire.

- Un deuxième pour moi.

On commence à discuter de tout et de rien. Les rires résonnent dans le restaurant, la lumière est chaleureuse et les odeurs de nourriture sont délicieuses. J'ai l'impression d'être seulement un.e citoyen.ne qui s'amuse, vis, et non pas quelqu'un qui lutte en permanence contre le "système" et qui ne sait pas s'iel sera encore en vie le lendemain soir.

Je chasse ces pensées avant qu'elles deviennent omniprésentes.

Gabriel me sourit. Il a ces petites fossettes que j'adore et ce sourire magnifique qui me donne envie de l'embrasser, de m'appuyer sur son corps, d'être à lui.

- Tu penses à quoi ? me demande Gab', droit dans les yeux.

- À rien !

Sauf que j'ai répondu trop vite et Gabriel comprend directement, puis il rougit. Il rougit ? Je m'attendais pas du tout à cette réaction ! Comme quoi...Je dis avec un air mystérieux :

- Tout compte fait, je pensais bien à quelque chose. Tu veux savoir ?

Ses yeux bleus me dévisagent, malicieux.

Comme moi, il attend depuis huit mois le moment où nous pourrons parler, nous retrouver de nouveau seul.e.s . Le souvenir de notre baiser juste avant mon départ plane dans nos mémoire comme un fantôme.

- Tu veux finir cette conversation chez moi ? me dit-il.

- J'imagine que ce sera plus convenable.

Gabriel demande l'addition et on paye chacun notre part. Sur le chemin du retour, main dans la main, on parle de nos rêves que nous avons dû abandonner il y cinq ans.

Alors que la nuit n'est pas encore complètement tombée, les étoiles et la lune illuminent déjà notre ciel. Gabriel se perd dans leurs contemplations et un doux silence s'installe entre nous. Ne voulant pas le briser, je regarde les rues que nous traversons. La ville entière se pare des lumières des lampadaires et des jeunes de sortis. De la musique sort de certains bars et des rires se mêlent à elle. Invisible, la barrière nous protège et laisse la crainte d'être découvert loin d'ici.

Quelques voitures passent, ainsi qu'une ambulance et nous nous retrouvons dans les rues calmes du camp de base, celles où se trouvent les maisons des hauts placés de l'organisation, dont les nôtres.

Au début, quand je suis arrivé.e ici, je logeais chez Sergly. Puis j'ai eu mon propre appartement un peu plus tard. J'ai réussi la "prouesse" selon certains, ou la "triche" selon d'autres, de devenir lieutenant.e en un an.

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