Chapitre 2.2

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 Toujours sur la plage, Stefano se réveilla avec les premiers rayons du soleil, grelotant.

« Awww » il gémit.

Le ciel tournait au-dessus de sa tête et un mal de crâne lui martelait les tempes.

« Merde, j'ai un peu trop abusé du rhum, hier soir. »

Une soudaine envie de vomir le força à se relever et dans le sable, il régurgita le rhum de la veille accompagné d'une bile acide et brulante.

« Et merde »

Du vomi tachait maintenant sa chemise blanche. Le boss allait lui mettre une raclée s'il le voyait revenir de sa garde de nuit dans cet état et avec la gueule de bois. Il retira sa chemise avec l'intention d'aller la rincer et par la même de prendre un bain glacé. Rien de mieux pour guérir une gueule de bois. Ça et un café bien fort comme sait si bien les faire Maitre Pelli. L'esprit encore embrumé, Stefano se déshabilla et sa chemise à la main, il se jeta dans les vagues. Au contact de l'eau glacé, plusieurs jurons dans différentes langues s'échappèrent de ses lèvres. Le souffle coupé par le froid, il se dépêcha de laver sa chemise et mit rapidement la tête sous l'eau. Il sortit en courant, sa chemise trempée toujours à la main. Maintenant qu'il était bien réveillé, il vit ce qu'il avait manqué avant de plonger dans l'eau. À seulement quelques mètres de là où il se trouvait, des empreintes de pas quittaient la mer pour se diriger vers son feu de camp. Eberlué, il continua à suivre les empreintes de pas qui semblait s'arrêter juste devant l'endroit où il dormait. Des tremblements incontrôlables le saisirent. Il tremblait parce qu'il était trempé et le vent glacial fouettait son torse nu, mais également parce qu'il comprenait que quelqu'un l'avait observé dans son sommeil. Il aurait facilement pu avoir la gorge tranchée. Cette pensée le fit trembler de plus belle. Rapidement, il inspecta ses affaires. Il ne semblait rien avoir perdu. Le sac contenant les vêtements de femme que son boss lui avait donnés et la précieuse bouteille de rhum était toujours là. Sa veste, en revanche, avait disparu. Quelqu'un était venu dans la nuit pour lui voler sa vieille veste miteuse ?

Est-ce qu'Othello et Charlie seraient venus au milieu de la nuit pour lui jouer un tour ? C'est bien le genre de blague qu'ils lui feraient.

Il mit son pied à côté de l'empreinte dans le sable. Il s'agissait sans aucun doute d'empreintes de femme. Trop grandes pour être celles d'un enfant, trop petites pour être celles d'un homme. À moins que l'homme ne soit Maitre Pelli. Serait-il aussi dans le coup ? Peut-être le punissait-il de s'être endormi pendant sa garde. Cependant, les empreintes venaient du bord de l'eau et Maitre Pelli ne savait pas nager, et avait tout simplement horreur de la mer. Stefano suivit les empreintes. Elles se dirigeaient vers son feu de camp, où la femme avait dû lui voler sa veste. Pourquoi d'ailleurs ? Puis les empreintes continuèrent vers le cirque.

Stefano n'était pas un jeune homme très vif d'esprit. C'est pourquoi on ne lui donnait jamais que des tâches simples à accomplir, comme surveiller l'horizon.

« Oh Putin ! », il comprit finalement en voyant son coussin improvisé.

Le sac contenant les vêtements de femme devait être pour la propriétaire de ces empreintes, mais comme il s'est endormi sur le sac, elle a dû lui voler sa veste avant de se diriger vers le cirque. Toutefois, il ne comprenait pas pourquoi elle avait besoin de vêtement. Elle ne se promenait tout de même pas à moitié nue, pensa Stefano en se grattant la tête. Tout ça n'avait aucun sense, mais Boss devait avoir une bonne raison pour lui avoir confié ce sac, et il venait d'échouer à sa mission. Stefano se frappa le front.

« Merde, merde, merde », il paniqua.

Il fourra sa bouteille de rhum et sa chemise trempée dans le sac de vêtements et se mit à courir en direction du camp de caravane. Son boss allait le tuer. Il avait laissé la femme qu'il attendait sans le savoir, marcher seule et à moitié nue vers un camp remplit d'homme au passé douteux.

Les membres du cirque Rossolini commençaient à se réveiller et faisaient déjà la queue pour le petit déjeuner et le fameux café du Maître Pelli, quand Stefano arriva en trombe au milieu de leur camp. Dans sa hâte, il manqua de peu de heurter Hortensia.

« Eh bien, mon garçon, pourquoi une telle hâte de si tôt le matin ? », elle le gronda.

Il s'arrêta et chercha nerveusement autour de lui. Aucun signe d'une femme nue dans le camp.

« Vous n'auriez pas vu une femme nue se balader ? »

Les quelques personnes autour de lui se regardèrent, étonnées, avant d'éclater de rire.

« Tu t'es fait plaquer mon lapin ? » se moqua Hortensia tout en effleurant d'un doigt parfaitement manucuré, la poitrine toujours nu de Stefano.

Il se rappela enfin qu'il était, lui aussi, à moitié nu et qu'il ferait bien d'aller se rhabiller avant que le boss ne le voit dans cette tenue. Il éloigna la main baladeuse d'Hortensia d'une gifle et courut jusqu'à sa caravane. Hortensia se mit à rire de plus belle de sa voix de baryton et resserra son kimono de soie autour de sa poitrine parfaitement épilée.

Arrivée à sa caravane, Stefano entra en trombe, réveillant en un sursaut Othello et Charlie qui dormaient encore profondément. Si l'arrivée bruyante de Stefano ne les avait pas décidés à bouger, le capharnaüm qu'il fit ensuite les mit de mauvaises humeurs.

« Putin Stefano, qu'est-ce que tu fous ? » l'engueula Othello en se frottant les yeux.

Les ignorants, Stefano retourna leur caravane sens dessus dessous à la recherche d'une chemise propre. Comme faire la lessive n'étant pas une chose qu'il affectionnait particulièrement, la chemise qu'il portait était la dernière encore présentable qu'il possédait. Sans demander la permission d'Othello, il lui vola une chemise, bien trop grande pour lui, et sortit de la caravane en trombe avant de se faire attraper par le géant.

« Hey ! », cria Othello en voyant Stefano partir avec une de ses chemises.

Stefano partit à toutes jambes de peur qu'Othello ne le rattrape pour lui en coller une. Ce ne serait pas la première fois. Heureusement pour lui, Othello n'était pas quelqu'un de très matinal. En se promettant de lui régler son compte plus tard, Othello remonta la couverture de son lit jusqu'au-dessus de sa tête et se rendormit immédiatement. Charlie, à ses côtés, s'était déjà rendormi, un bras autour de la poitrine d'Othello. 

Le Cirque RossoliniOù les histoires vivent. Découvrez maintenant