Le feu crépitait devant Stefano, mais cela ne l'empêchait pas de trembler de froid. Il ne comprenait pas pourquoi il devait passer la nuit sur cette plage à surveiller l'horizon. Cependant, il n'était pas assez idiot pour remettre en question un ordre direct de Boss. Heureusement qu'il avait eu la bonne idée d'emmener avec lui une bouteille neuve de rhum, achetée le jour même sur le marché. Rien de mieux pour lui tenir compagnie au cours de cette longue nuit. À vrai dire, il pouvait facilement penser à quelque chose de mieux pour lui tenir compagnie ce soir. Un soupir d'envie et de frustration s'échappa de sa bouche en pensant à la peau douce et blanche de Jenny. Une jeune anglaise en voyage avec ses parents et en quête d'aventure romantiques. Il l'avait rencontré il y a deux nuits et maintenant, elle l'obsédait.
Il avait prévu de retourner la voir ce soir, et d'escalader le mur de son hôtel pour atteindre la fenêtre de sa chambre qu'elle laissait entrouverte pour lui. Malheureusement, ce n'est pas ce soir qu'il pourra aller lui rendre visite. Boss n'en avait rien à faire s'il avait déjà des plans ou pas. Un ordre était un ordre.
Stefano sortit la bouteille de rhum de son sac et fit sauter le bouchon. Le pop satisfaisant que fit la bouteille en s'ouvrant, lui remonta immédiatement le moral. Il huma le parfum sucré et alcoolisé du rhum et sourit. Cette bouteille lui avait coûté presque deux semaines de salaires, mais elle valait son prix. Il but lentement une première gorgée en s'efforçant de savourer la brulure que laissait l'alcool en coulant dans sa gorge. Après quelques gorgées, Stefano ne tremblait plus de froid. Il passa la nuit ainsi, à garder la rive, assit près du feu en tenant amoureusement dans ses bras une bouteille de rhum à moitié vide. Il s'endormit rapidement, bercé par le son des vagues et la tête alourdit par l'alcool, manquant ainsi à sa mission.
Profondément endormie, Stefano ne vit pas la silhouette émerger lentement des vagues dont les couleurs roses et argentés reflétaient le levé imminent du soleil. La silhouette, en revanche, l'avait bien vu. Elle l'avait observée au loin, porter la bouteille à ses lèvres encore et encore, attendant patiemment le moment où Stefano s'endormirait enfin. Elle quitta la fraicheur rassurante et familière de la mer qu'une fois certaine que personne ne la verrait. Prudemment, elle s'avança vers Stefano qui ronflait bruyamment devant les cendres du feu éteint depuis longtemps, et chercha où il avait bien pu laisser les vêtements qui lui étaient d'habitude destinés.
Elle fronça des sourcils quand elle comprit que Stefano s'en était servi comme oreiller. Irritée, elle se pencha au-dessus de Stefano et lui retira délicatement la veste qu'il lui servait de couverture. Elle l'enfila en silence. Elle ne voulait pas qu'il se réveille. Quelle serait sa surprise en voyant penché au-dessus de lui une jeune femme complètement nue. Elle boutonna la veste sur sa poitrine, grimaçant en sentant l'odeur de tabac et de sueur imprégnée. Elle jeta un dernier regard, hésitante, vers le sac contenant ses vêtements et qui servait à présent d'oreiller à l'endormi. Elle aurait pu s'en saisir et par la-même, enfoncer la tête du jeune homme dans le sable, l'étouffant avant qu'il ne se réveille. Les ronflements sonores du jeune homme l'irritèrent encore plus. Il devait être nouveau, elle ne se souvenait pas de lui. Se sentant clémente, elle décida de l'épargner. Tenter de l'étouffer ne ferait pas une très bonne première impression. Cependant, même si elle l'épargnait ce matin, elle ne manquera pas de se venger. Elle renifla de nouveau la veste salle, contrariée. Il faut qu'elle s'en débarrasse rapidement.
Laissant Stefano et l'eau derrière elle, elle se dirigea vers le camp du cirque Rossolini. Elle pouvait voir la pointe du chapiteau depuis la plage. Ce n'était pas un hasard si le cirque s'installait toujours aussi près de la côte. Il l'attendait.
Le soleil commençait tout juste à se lever et tous les membres de ce cirque qu'elle connaissait si bien, dormaient encore profondément. Même Martin, d'habitude très matinal, n'était pas encore assis sur les marches de sa caravane à fumer sa première cigarette de la journée. Silencieusement, elle traversa le camp et immédiatement un sentiment de joie et de paix l'envahie. Elle était enfin chez elle. Son cœur se mit à battre un peu plus vite quand elle repéra la caravane qu'elle cherchait.

VOUS LISEZ
Le Cirque Rossolini
HorreurTW : Description de scènes à caractère sexuel, violence et langage grossier. Le Cirque Rossolini enchante les foules avec ses numéros époustouflants et ses artistes excentriques, mais cache un sombre secret : Idi, une sirène immortelle, vit parmi e...