deux!

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— MATHIEU

Elle est devant moi.

Elle est là, juste devant moi, à me tendre sa joue. C'est presque irréel, comme si c'était une illusion. Après tout ce temps, c'est ainsi que nous nous retrouvons, dans le salon de mamie, où elle boit un thé avec des petits gâteaux. Je pose doucement mes joues sur les siennes, essayant de distraire mon esprit pour que mon cœur cesse de battre si rapidement. Pourtant, malgré mes efforts, je lutte pour retenir un sourire en sentant son parfum Chanel.

Certaines choses ne changent jamais.

Elle n'a pas changé, enfin, pas vraiment du moins. Elle semble plus belle, même si à l'époque elle l'était déjà. Elle s'embellit d'année en année.

Elle se recule de moi, un sourire sur les lèvres.

— Salut Mathieu, tu vas bien ?

J'avais oublié sa voix, putain. J'ai l'impression que, dans tous les cas, je n'arriverais pas à formuler une réponse correcte. Je suis trop chamboulé pour dire quoi que ce soit. Je racle ma gorge en hochant la tête.

— Et toi, tu vas bien ?

Elle me lance un autre sourire, mais plus gêné que le premier.

— Tu fais quoi ici ?

J'essaie de paraître froid, mais j'y arrive pas, il se passe trop de choses dans mon corps, dans ma tête.

— En fait...

— C'est de ma faute. Je lui ai demandé de venir boire un thé avec moi pour la remercier pour ce matin. Je te prépare un café, mon chéri ?

— Oui, s'il te plaît.

Mamie hoche la tête avant de partir dans la cuisine. Je la regarde puis elle ferme la porte. Elle a compris qu'on a besoin de temps pour encaisser le choc, Valentina et moi. Rien que de dire son prénom, je suis retourné. Je la contourne en soupirant avant de m'asseoir face à elle. La brune fait de même en me regardant.

— Ce matin, j'étais à l'hôpital pour mes consultations habituelles lorsque j'ai aperçu Madeleine traînant dans les couloirs. Je me suis approchée d'elle pour savoir ce qui se passait, et elle m'a expliqué qu'elle était tombée. J'ai immédiatement appelé une collègue pour qu'elle vienne rapidement et, pour me remercier, Madeleine m'a invitée à boire un thé.

— Merci pour elle.

— C'est normal, Mathieu, tu n'as pas à me remercier.

Je lui souris, alors que je sens mes jambes flancher, même assis. J'étais pas prêt pour ça.

Puis, d'un coup, je réalise quelque chose.

— Attends, tu es enfin pédiatre ? je lui demande, alors qu'elle ricane doucement avant de hocher la tête. J'en doutais absolument pas, mais tu as choisi l'hôpital ?

— Alors non, mais j'ai un ou deux jours dans la semaine où je suis à l'hôpital et le reste à mon cabinet.

— Ah ouais, ton cabinet ?

Valentina lève les yeux au ciel avec un sourire avant de se resservir du thé. Mamie revient au même moment avec mon café. J'embrasse sa joue et mamie s'installe à côté de moi.

Pourquoi j'ai l'impression de revoir la première fois que Valentina a rencontré mamie ? Pourquoi, d'un coup, je me sens submergé d'émotions que je pensais avoir enfouies ?

Je la regarde porter la tasse à ses lèvres, je déglutis.

Pourquoi j'ai des images d'elle qui embrassait mes lèvres ? Putain, j'suis pas bien.

comme des grands enfants ✷ PLK Où les histoires vivent. Découvrez maintenant