Chapitre XVI - Six Pieds sous Terre

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ALAN

Page, en s'échappant des Guerriers de la Paix, avait emmené Alan dans un endroit secret, peu de personnes connaissaient ce lieu. Elle l'entraîna dans des couloirs souterrains, où la lumière était presque inexistante, créant une ambiance oppressante. Les murs semblaient être creusés à la main, serrés autour d'eux comme un piège, et le plafond s'élevait si bas qu'Alan avait l'impression qu'il pouvait s'effondrer à tout moment. Une brume froide flottait dans l'air, et des gouttes d'eau tombaient de la voûte, résonnant comme un écho sinistre. Qu'est-ce qui nous attend ici ? se demanda Alan, son cœur battant plus vite à chaque pas.

« Qu'est-ce que cet endroit, Page ? » demanda Alan, une pointe d'inquiétude dans la voix.

« Lorsque tu dormais et que tu reprenais des forces à l'hôpital, j'en ai profité pour aller discuter un peu avec les autres éliminés de l'épreuve qui étaient avec nous à la Ruche. Plus particulièrement avec une personne. Il s'appelle Léon : apparemment, il s'est fait trahir durant l'examen. Il voulait jouer fair-play, mais l'autre ne voulait pas alors ils se sont disputés et Léon s'est fait éliminer. »

« Effectivement... Je crois que je me rappelle de lui, je l'avais vu se faire éliminer. Mais en quoi est-ce qu'il est important par rapport à ces couloirs ? »

« C'est lui qui m'a dit les différentes entrées des souterrains. Je ne sais pas pourquoi ni comment il avait ces informations, mais il m'a dit que si j'étais en danger, je pouvais me réfugier là-bas. » Est-ce que je suis vraiment en sécurité ici ? pensa Alan, le doute s'installant en lui. Il se demandait si Page était vraiment de son côté.

Les deux continuèrent leur route, leurs mouvements devenant de plus en plus précautionneux. Leurs têtes devaient désormais s'incliner pour éviter de se heurter à la pierre froide et humide. Chaque bruit résonnait de manière étriquée dans cet espace clos, amplifiant leur appréhension. Et si les Guerriers nous trouvaient ici ? se dit Alan, en scrutant l'obscurité, s'attendant à ce qu'une ombre surgisse à tout moment.

Ils finirent par arriver à la fin du tunnel. Une porte en fer rouillée s'ouvrit sur une cave sombre d'un immeuble. Le seul moyen d'y entrer était de passer par ces tunnels souterrains. À l'intérieur, quelques personnes se mêlaient, toutes semblant porter le poids d'un monde sur leurs épaules. Certains mangeaient, d'autres discutaient à voix basse, tandis que quelques-uns dormaient, le regard perdu dans des rêves troublés.

Page guidait Alan vers le bar, ses mains tremblantes révélant son propre stress. Alan était affamé et assoiffé, mais il ne pouvait ignorer l'étrangeté de l'endroit. Il fut surpris en découvrant le gérant du bar, un homme couvert de tatouages. Des tatouages ? se demanda-t-il, le cœur serré. Selon ce qu'Edmond lui avait dit à la Ruche, ces marques étaient proscrites, et ceux qui les arboraient étaient généralement considérés comme des rebelles. L'homme était chauve, avec une barbe bien entretenue, et il observa les deux jeunes pendant quelques secondes avant de remarquer l'état d'Alan.

« Qu'est-ce que je peux vous servir, monsieur ? » demanda l'homme, la voix grave résonnant dans la cave.

« N'importe quoi, de l'eau et de la nourriture s'il vous plaît, j'ai de quoi payer. » répondit Page, avant qu'Alan ait le temps de dire quoi que ce soit.

L'homme partit chercher des provisions dans la réserve derrière le bar. Alan se sentait de plus en plus méfiant de la situation. Pourquoi Page connaît-elle cet endroit ? Qui est vraiment Léon ?

« Alors comme ça, tu as de l'argent ? Je croyais que tu n'en avais pas pour payer le taxi tout à l'heure. » remarqua Alan, une lueur de suspicion dans ses yeux.

Le barman revint avec deux bouteilles d'eau et une boîte métallique. Page, dans un geste furtif, donna une pièce qui n'était pas une pièce normale de l'Unité. Alan observait l'homme examiner la pièce avec une attention inquiete, se demandant d'où elle pouvait bien venir.

« Alors vous venez de la part de cette personne... Tenez, prenez ces provisions. L'eau vient tout droit de Sylfius, elle n'a pas été transformée. N'en gaspillez pas une seule goutte, quant à la nourriture... je suis désolé, vous venez un peu tard, vous n'avez pas le droit à la meilleure nourriture possible et imaginable. »

Le barman rendit la pièce à Page, et Alan réalisa qu'elle avait une valeur inestimable. Qu'est-ce qui se passe ici ?

« Qu'est-ce que cette pièce ? J'ai l'impression que tu ne me dis pas tout, Page... » constata Alan, sa méfiance envers elle grandissant.

« Comme je te l'avais dit, tu ne me connais pas. Cette pièce m'a été donnée par Léon. Il m'a dit que si je voulais n'importe quel service dans les tunnels souterrains, je pouvais m'en servir. À vrai dire, je n'étais même pas sûre que ça allait fonctionner. C'est la première fois que je viens ici. Au moins, on a de quoi se nourrir un peu à présent. »

« Toujours ce Léon... comment a-t-il pu avoir des contacts alors que nous avons eu que des ennuis depuis que nous nous sommes éveillés ? »

« Tu pourras lui demander toi-même. »

« Comment ça ? »

« Si je t'ai emmené ici, c'est pour qu'on aille le rejoindre. Il m'a donné rendez-vous à la Ruche pour dans deux jours. Je ne lui ai pas dit que tu venais avec moi, mais j'imagine qu'il ne dira rien. » répondit Page pour rassurer Alan, qui commençait à vraiment se méfier d'elle.

« Comment veux-tu qu'on le rejoigne en si peu de temps ? Nous sommes à l'extrême nord de la ville, la Ruche est à l'ouest. Si on va vers là-bas, nous allons forcément nous faire choper par des Guerriers ! »

« C'est pour ça qu'on va emprunter les tunnels souterrains. Dans une ville déjà souterraine, personne ne se doutera qu'on se cache là-dessous. »

« Tu as sans doute raison... après tout, si ce Léon t'a donné une pièce dont même ce barman connaît l'origine, elle doit être importante. S'il est prêt à t'aider, il vaut mieux lui faire confiance. Les Guerriers ont arrêté de nous poursuivre lorsque nous sommes entrés dans ces tunnels ; ils ne doivent pas connaître leur existence. »

À ce moment-là, un homme qui buvait à côté d'eux les interrompit, il les écoutait attentivement.

« Vous n'arriverez pas jusqu'à la Ruche seul. Les tunnels ont été fabriqués pour perdre ceux n'ayant aucune idée d'où aller. Et le Quartier Rouge est encore loin d'ici » affirma l'homme protégé une capuche noire cachant son visage, mais ses longs cheveux blonds dépassant de celle-ci.

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