Chapitre 6 : Jasmin et Romarin

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Lorsque les pas lourds du shérif se font entendre sur la véranda, un coup d'œil rapide sur l'horloge murale de la cuisine m'apprends qu'il est déjà vingt heures passé. Il entre et renifle bruyamment les odeurs qui émanent de mon assiette de poulet frite réchauffé de la veille.

Il ne semble pas le moins du monde surpris de me voir assise autour de la table de la cuisine malgré la quantité d'appels qui doit s'afficher sur son téléphone et je me demande s'il n'a pas oublié en quoi consiste son rôle de père.

Il sort un tacos ramolli de la poche de sa veste de service et me rejoint, s'installant en face de moi.

– Comment s'est passé ta journée ?, demande-t-il avec un soupir las.

– Mieux que la tienne, j'ai l'impression.

Il se masse la nuque avec un sourire penaud qui fait fondre mon cœur rancunier.

– Oui, je suis désolée pour l'heure tardive. Et de ne pas t'avoir prévenue. On a eu une grosse affaire qui risque de me prendre encore toute la journée de demain.

– Quel genre d'affaire ?, je l'interroge avec curiositée.

– Du genre confidentiel., réplique le shérif, impassible.

Je lève les yeux au ciel, résistant à l'envie de lui rappeler que je n'ai qu'à écouter les informations pour le savoir, préférant lui laisser sa petite satisfaction de James Bond tandis que je m'éloigne vers l'évier pour nettoyer mon assiette.

– J'ai entendu dire que le jeune Davis t'avait ramené ?, relance-t-il soudain d'une voix un peu moins confiante.

– Il va falloir m'expliquer comment les informations peuvent-elles circuler aussi rapidement., je grommelle, déduisant que Davis est le nom de famille de Pox.

– J'ai croisé la fille des Marshall sur la route du retour et Davis était avec elle., explique-t-il comme si c'était une évidence.

Je me retourne vers lui, le torchon entre les mains.

– Si tu as la facheuse tendance d'appeler tout le monde par son nom de famille, il ne faut pas s'étonner que tu oublies leur prénom., je lui fait remarquer.

La moustache de mon vieux frétille légèrement, signe qu'il se retient de sourire.

– J'ai rendez-vous à quatres heures du matin au commissariat demain, pour la suite de l'affaire., intervient-il de nouveau, avec sérieux.

– Okay. J'irais au lycée a pied., je réponds en haussant les épaules.

– Ne dis pas n'importe quoi, tu en as pour au moins trente minutes de marche. J'ai demandé à la jeune Marshall si elle pouvait te récupérer sur le chemin, la maison est sur sa route.

Le muscle de ma machoire me lâche brutalement et le torchon tombe moellement sur le sol.

– Tu as fait quoi ?, je glapis.

Mon père observe ma réaction et hausse un sourcil étonné.

– Eh bien, quel est le problème ? Ca ne semblait pas la dérangée.

Je me mets à regarder un point invisible sur le mur d'en face. Je n'ai aucune animosité envers Marshall mais du peu d'interaction qu'on a pu avoir, dont la principale est particulièrement honteuse pour moi, elle semble particulièrement froide et je n'ai aucune envie d'empiéter sur son temps et son espace vitale.

D'un autre côté, je sais reconnaître lorsque je suis curieuse et intéressée par une personne et il est clair que l'aura mystérieuse de Madison ne me laisse pas indifférente. J'espère simplement que nos interactions se feront plus naturellement.

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