Chapitre 22 : Affrontement

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Le cœur de Cley battait la chamade alors qu'ils franchissaient les couloirs de l'hôpital, ignorant les regards des infirmières et des autres patients. L'urgence dans leurs pas trahissait la tempête intérieure qui les consumait. Chaque pas les rapprochait du bureau du docteur Mercier, de l'homme qui avait façonné leur existence sans qu'ils le sachent.

Samira avait tenté de les retenir, de les calmer, mais Cley ne voulait plus attendre. Trop de temps avait été perdu dans le mensonge, dans la manipulation. Ils ne pouvaient plus rester silencieux·ses. Les révélations de Samira avaient éveillé une rage et une détermination nouvelles en eux, une force qu'ils n'avaient jamais soupçonnée.

En arrivant devant la porte de Mercier, Cley s'arrêta un instant, la main tremblante devant la poignée. Leur esprit bourdonnait de questions sans réponses. Mais une seule chose comptait : confronter la source de leur douleur. Ils n'étaient plus cet·te patient·e docile. Ils étaient Cley, et ils voulaient des réponses.

D'une poussée brusque, ils ouvrirent la porte du bureau de Mercier.

Le docteur, assis à son bureau, releva calmement les yeux, visiblement surpris par l'arrivée soudaine de Cley. Il reposa un dossier qu'il lisait, mais ne fit aucun commentaire. Le silence dans la pièce était lourd, presque oppressant.

"Cley," dit-il doucement, d'une voix qu'ils reconnaissaient bien. "Je ne m'attendais pas à te voir aujourd'hui."

Cley entra dans la pièce, refermant la porte derrière eux d'un coup sec. Ils restèrent debout, leur corps tendu comme un arc prêt à se briser. "Pourquoi ?" cracha Cley, les yeux brûlants de colère.

Le visage de Mercier ne trahit aucune émotion. "Pourquoi quoi ?"

"Pourquoi tu m'as fait ça ? Pourquoi tu m'as caché la vérité sur ma mère, sur les expérimentations ? Tu savais depuis le début que j'étais un cobaye, et tu as continué à prétendre que tu voulais m'aider !"

Mercier soupira et se redressa dans son fauteuil. Il croisa les bras sur son bureau et observa Cley un instant avant de répondre. "Cley, il faut que tu comprennes... À l'époque, nous étions à la recherche de nouvelles solutions pour des troubles graves. Ta situation était complexe, et les traitements traditionnels ne fonctionnaient pas. J'ai vu en toi une opportunité de repousser les limites de la science et d'apporter de vraies solutions."

Cley secoua la tête, leur rage grandissant à chaque mot prononcé. "Des solutions ? Tu as brisé ma vie ! Tu m'as fait croire que tout ce que je traverse était inévitable, que c'était à cause de ma famille, de moi ! Mais c'est toi qui as provoqué tout ça !"

Le docteur Mercier garda son calme, bien qu'une légère tension était perceptible dans son regard. "Tu es en colère, je comprends. Mais tu dois savoir que nous pensions bien faire à l'époque. Personne ne pouvait prévoir que les effets secondaires seraient aussi sévères."

"Sevères ?" Cley éclata d'un rire amer. "Je ne sais même plus qui je suis à cause de toi ! J'ai des voix dans ma tête, je perds des morceaux de ma vie ! Et toi, tu oses me dire que c'était pour 'la science' ?"

Un silence glacial s'installa. Cley sentait leur corps trembler de rage, leur cœur battant à tout rompre. Ils avaient attendu ce moment toute leur vie, sans même le savoir. Mercier les regarda, son visage perdant son masque d'indifférence.

"Cley, écoute-moi," dit-il finalement, se levant de son siège. "Je ne suis pas ton ennemi. Oui, des erreurs ont été commises. Mais je suis toujours là pour t'aider à aller mieux. Ce que nous avons commencé, nous pouvons le corriger. Tu n'es pas condamné·e à rester dans cet état."

Cley fit un pas en arrière, secouant la tête. "Je ne te crois plus. Tout ce que tu dis, tout ce que tu fais... ce ne sont que des manipulations. Tu veux que je continue à être ton cobaye. Mais je ne suis pas ton projet, Mercier. Je suis une personne. Et je vais me battre pour retrouver le contrôle."

Les yeux de Mercier se plissèrent légèrement. Pour la première fois, une trace de frustration apparut sur son visage. "Cley, tu es en train de faire une erreur. Sans mon aide, ton état pourrait empirer. Tu pourrais perdre complètement le contrôle."

"Je préfère prendre ce risque," murmura Cley d'une voix glaciale. "Parce que je ne te laisserai plus jamais me manipuler."

Un long silence s'étira entre eux. Mercier les regardait intensément, pesant ses mots avec soin. "Très bien," finit-il par dire, sa voix redevenue calme. "Si c'est ce que tu veux, je ne te retiendrai pas. Mais sache que tu reviendras. Quand les choses empireront, tu n'auras d'autre choix que de revenir vers moi."

Cley sentit un frisson leur parcourir l'échine. Il y avait quelque chose de profondément inquiétant dans le ton de Mercier, comme s'il savait quelque chose qu'ils ignoraient encore. Mais cela ne faisait que renforcer leur détermination.

Sans un mot de plus, Cley se retourna et quitta la pièce. Ils sentaient encore le poids du regard de Mercier dans leur dos, mais ils ne se retournèrent pas. Ils n'avaient plus confiance en lui, ni en cet endroit. Leur seul objectif, désormais, était de reprendre le contrôle de leur vie, par leurs propres moyens.

Dans les ombres de soiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant