Le travail..

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Le rythme effréné de la saison reprit son cours à une vitesse folle. Après la soirée de remise des prix, qui avait semblé comme un instant suspendu dans le temps, Ellie et Éléonore retournèrent rapidement à leur quotidien professionnel, bien loin des paillettes et des moments de tendresse volés. Pour Ellie, c'était retour à l'entraînement intensif avec Arsenal. La compétition en première ligue féminine battait son plein, et chaque match devenait plus crucial que le précédent. Pour Éléonore, les reportages, interviews, et déplacements sur les terrains de football s'intensifièrent, ajoutant à l'agenda de plus en plus chargé du duo.

Leur appartement londonien, où elles avaient l'habitude de partager des moments simples et apaisants, commença à ressembler à un simple point de passage. Les deux jeunes femmes, pourtant colocataires, se croisaient à peine. Leurs emplois du temps désynchronisés rendaient leurs interactions de plus en plus sporadiques. Les petites attentions du quotidien—les sourires complices, les dîners improvisés—étaient désormais remplacées par des messages rapides échangés entre deux obligations, ou des notes laissées sur la table de la cuisine.


Ellie passait des journées entières au centre d'entraînement d'Arsenal. Elle travaillait sur sa technique, peaufinait sa condition physique, et discutait tactiques avec ses coéquipières. Les matchs du week-end demandaient une concentration intense, chaque victoire les rapprochant un peu plus du titre de championnes, mais chaque défaite pesant lourd sur les esprits. Le coach exigeait beaucoup, et Ellie donnait tout. Parfois, elle ne rentrait qu'après le coucher du soleil, fatiguée, le corps épuisé mais l'esprit encore en ébullition, incapable de trouver un vrai moment de répit.


De son côté, Éléonore, qui suivait de près la saison d'Arsenal, venait régulièrement au campus pour des interviews ou des reportages. Mais même lors de ces visites, elle ne voyait Ellie qu'en coup de vent. Éléonore la croisait parfois brièvement lors des conférences de presse ou juste après les matchs, mais ces échanges étaient formels, limités par le cadre professionnel. Il était rare que les deux femmes aient une réelle conversation en dehors des caméras. Éléonore restait là, micro à la main, observant son amie et colocataire dans son élément, répondant avec expertise aux questions des journalistes, toujours posée, toujours professionnelle.


Les semaines défilèrent ainsi, et l'accumulation des matchs, des déplacements et des entraînements avait tendance à étouffer les moments de légèreté entre elles. Ce soir-là, Ellie rentra tard d'un déplacement à Manchester. L'équipe venait de remporter un match crucial contre City, mais la fatigue se lisait sur son visage lorsqu'elle entra dans leur appartement sombre. Éléonore n'était pas là. Elle aussi était en déplacement, couvrant un autre match pour une chaîne de télévision. Ellie posa son sac de sport au pied de la porte, enleva ses chaussures d'un geste mécanique et se laissa tomber sur le canapé.

Un petit post-it jaune l'attendait sur la table basse : *« Super match aujourd'hui ! On se rattrape bientôt pour un vrai dîner ? xx E »*.

Ellie sourit en lisant le mot, une vague de chaleur la traversant. Même si elles ne se voyaient plus aussi souvent, Éléonore avait toujours ce talent pour lui faire sentir sa présence. Mais en même temps, un léger pincement au cœur la saisit. Cela faisait longtemps qu'elles n'avaient pas vraiment parlé, qu'elles n'avaient pas pris le temps de se poser ensemble. Ellie regarda la petite note encore quelques secondes avant de se lever pour aller prendre une douche, espérant que leur emploi du temps s'allégerait bientôt.


Le lendemain matin, Ellie partit tôt pour l'entraînement. Le centre d'Arsenal était en pleine effervescence, préparant déjà le prochain match contre Chelsea. Les séances vidéo se succédaient, et le coach insistait sur l'importance de la discipline tactique. Ellie écoutait attentivement, mais une partie de son esprit vagabondait. Elle se surprit plusieurs fois à penser à Éléonore. Elle savait qu'elle serait au prochain match, probablement en première ligne dans la salle de presse, prête à l'interroger ou à faire son reportage. Mais ce n'était pas pareil. Les instants intimes, ceux où elles pouvaient parler de tout et de rien, où elles pouvaient être juste elles-mêmes, lui manquaient cruellement.

My SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant