Et maintenant, m'étais-je demandé après sa mort, que va-t-il se passer ? Ne restait plus que le vide, le silence. Celui de mon petit appartement amiénois dans lequel je vivais seule. Je passais des heures, immobile sur mon canapé gris, à contempler le mur face à moi. Il était moucheté de petites tâches sombres, comme des éphélides sur un visage pâle, comme mon propre visage. On aurait dit qu'une pluie d'encre s'était abattue sur la tapisserie, mais au lieu de sécher, de nouvelles gouttelettes semblaient naître jour après jour. Et moi je restais là, à les contempler, assourdie par l'autre silence, celui à l'intérieur de moi, qui avait éclos le mercredi de sa mort et qui s'épanouissait chaque jour davantage. Il m'arrivait de songer que peut-être étais-je moi-même un mur, et que de pareilles tâches fleurissaient en moi, sur chacun de mes tissus. Et maintenant, me demandais-je, et maintenant ?