Petit Hérisson

Chapitre 11

- Je pense qu'on a assez d'eau pour tenir trois jours ; je fais remarquer à Lylia.

Nous sommes toutes les deux derrière une étagère de produits ménagers, accroupies avec pour seule éclairage, la lumière du jour qui passe par une toute petite fenêtre. Elle est si faible que je distingue à peine le visage féérique de mon amie. Celle-ci à l'air de passer un très bon moment, la perspective de surprendre des jeunes en plein acte la réjouit bien plus que moi en tout cas.

- Dès que quelqu'un entre, on attend pour être sûr que ce ne soit pas le concierge et s'il s'agit bien d'élève, on se montre et on leur fait la leçon ; se réjouit-elle, tout excitée.

Je m'assieds et éternue pour la 3ième fois à cause de la poussière. Lylia vient à côté de moi et se met dans la même position, elle enroule ensuite ses mains autour de mon bras et vient blottir sa tête dans mon cou. Je ne bouge pas, trop heureuse de ce contact, avec le cœur qui bat peut-être un peu plus fort que ce qu'il ne devrait. Une idée plutôt drôle émerge dans ma tête.

- Imagine si on surprend Elianor avec une de ses conquêtes ; je ricane.

- Quelle horreur d'imaginer sa sœur en plein acte ! ; elle s'exclame, dégoutée.

Je rigole un peu trop fort parce qu'elle met sa main sur ma bouche pour m'empêcher de faire plus de bruit.

- Chuuuut Isa, personne ne va venir si on fait trop de bruit

- Avec ma chance, on va juste attendre tout l'après-midi pour rien ; dis-je un ton plus bas.

- Moi, même si c'est le cas, ça ne me dérangerait pas, je pourrais rester avec toi dans ce placard tous les jours

Elle est tellement mignonne que mon petit cœur fond, je la regarde tendrement et plante un bisou sur ses beaux cheveux d'or. Je me demande de quoi on doit avoir l'air vues de l'extérieur.

- Si quelqu'un rentre maintenant, ils vont croire que c'est nous qui sommes en train de faire des choses pas très catholiques ; je fais remarquer ; je vois d'ici la rumeur se propager

- Si c'était le cas, ça te dérangerait ? ; elle me demande, me prenant de cours.

- Heu je pense que c'est plutôt toi que ça dérangerait honnêtement

- Je ne vois pas pourquoi, si tu savais toutes les rumeurs qu'il y a sur moi ; elle lève sa tête de mon épaule et me regarde intensément.

Ses prunelles sont tellement incroyables que je détourne les yeux, accablée par tant de beauté. Elle ne lâche pas l'affaire et me repose la même question :

- Ça te dérangerait que les gens pensent qu'ils se passent quelque chose entre nous ?

- Pour être honnête, j'ai déjà été l'objet de cette réflexion par quelques personnes et non ça ne me dérange pas ; j'avoue.

- Moi non plus tu sais, à part avec Elianor, je ne me suis jamais sentie aussi bien avec quelqu'un et j'adore passer du temps avec toi. C'est juste que je ne sais pas très bien ce que tu penses de tout ça

Elle a les joues un peu rosées et se met à triturer ses cheveux. La voir si gênée me pousse à être un peu téméraire, je glisse discrètement ma main dans ma poche et en sort sa pièce de 2 euros que j'ai en ma possession depuis 2 semaines.

- Tu as quelque chose derrière l'oreille ; je lui dis doucement.

Je place ma main derrière son oreille et fait semblant d'y trouver sa pièce. Quand je lui montre, elle me sourit et vient la prendre entre ses doigts.