III. Attraction dangereuse

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"Du sang, j'ai besoin de ton sang, Aude."

Cette phrase résonna longtemps dans la tête de la jeune princesse. Tétanisée, elle recula mais heurta vite la lourde porte du bureau.

Lucifer la regardait faire, ses yeux étaient voilés de tristesse, puis soupira longuement avant de murmurer :

- Pourquoi ? Pourquoi réagissent-ils toujours de la même façon ? Ils ne me laissent même pas le temps de m'expliquer...

Surprise, Aude fronça les sourcils et, en rassemblant le peu de courage qu'elle avait, demanda :

- Que veux-tu dire par là ?

Le diable releva la tête, c'était à son tour d'être surpris. Il observa longtemps la jeune fille en face de lui, croisant plusieurs fois son regard, et finit par dire :

- Ce n'est pas par plaisir que je me nourris de sang, c'est une nécessité pour moi. Sans lui, sans ce sang, je m'affaiblis...si je reste plus de trois mois sans en ingurgiter je risque d'y laisser ma peau. Chaque mois, j'ai besoin de recevoir du sang, en petite quantité bien sûr. Et j'ai remarqué que c'est le sang d'origine angélique qui me remet le plus en forme...Alors, Aude, je t'en supplie, laisse-moi m'abreuver de ton précieux sang ! Je ferai tout ce que tu souhaites en échange.

L'ange au cœur si pur ne put accepter de voir cet être d'apparence si forte dans une telle confusion et accepta sans hésiter :

- J'accepte ! s'exclama-t-elle.

Le démon, étonné, leva la tête vers l'être béni qu'il avait en face de lui et sourit de tous ses crocs avant de la remercier :

- Je te remercie princesse. Mais es-tu sûre que c'est ce que tu veux ? Si tu as la moindre question, c'est maintenant ou jamais.

- C'est une donation mensuelle, c'est bien ça ? demanda-t-elle.

- Oui.

- Alors, je suis sûre de mon choix !

Lucifer se rapprocha d'elle et planta ses crocs pointus dans son cou pâle.

Aude retint un cri de surprise, la démarche de son hôte l'étonna au plus haut point. Plus la morsure devenait profonde, plus ses joues devenaient rouges et son cœur brûlait d'un feu ardent. Et, après un long moment, le diable finit son repas sanguinaire.

- Ton sang a un goût exquis, princesse. Merci bien.

Elle sourit, mais, flageolante, elle tenait à peine sur ses jambes et faillit tomber.

- Attention ! s'écria-t-il en la rattrapant de justesse. Hé ! Aude ? Ça va ?

- Ou...oui, bégaya-t-elle. Pardon de vous avoir inquiété...

Le roi soupira de soulagement puis lui demanda :

- C'était bien quand tu me tutoyais. Tu pourrais pas recommencer ?

- Oui, je le peux mais vous...tu es un roi et moi une princesse donc ce ne serait pas plus correct que je continue à te vouvoyer ?

- Si. Mais ici tu es en enfer et de ce genre de règles, on s'en fout, non ?

Elle ne répondit pas mais, au plus profond de son être, elle savait qu'il avait raison.

- Bien reprit-il, maintenant que tu as rempli ta part du contrat, que puis-je faire pour toi ?

- Je ne sais pas.

Incrédule, il eut l'impression de recevoir une bassine remplie d'eau sur la tête tant il était surpris.

- Il n'y a rien qui te ferait envie ? Tu es sûre ?

- Non, je suis heureuse de ce que j'ai la chance de posséder, répondit-elle dans la plus grande honnêteté.

- Ça alors...c'est la première fois que j'entends ça. Quoique, ça ne m'étonne pas, cette niaiserie est endémique aux anges après tout...

Elle lui fit un grand et beau sourire dont elle seule avait le secret et lui attrapa la main.

- Pour le moment, la seule chose que je veux c'est rester avec toi, ici, dans ce palais en enfer, loin de mon royaume.

L'être démoniaque sourit à son tour, même si au fond de lui il avait envie de vomir tant toute cette niaiserie le dégoutait.

Elle était envoutée par son regard rouge et lui était subjugué par ses iris gris. Ils se perdaient tous deux dans le regard de l'autre. Mais évidemment, il fallait qu'une servante toque à la porte et brise ce moment magique !

Avant même qu'elle ne puisse dire un mot, Lucifer l'autorisa à entrer :

- Tu peux entrer Charna.

"Ce que c'est bien de sentir les auras quand même, pensa-t-il en s'éloignant d'Aude."

La dénommée Charna fit une courte révérence et annonça aux deux nobles de peuples opposées que le dîner était prêt.

Elle quitta la pièce, sans demander son reste, les laissant à nouveau seuls.

- Tu viens, princesse ? Allons manger ! Je ne sais pas si c'est ton cas mais moi j'ai les crocs.

- Je te suis.

Il saisit sa main dans la sienne et, juste avant qu'ils ne disparaissent dans l'habituel éclair noir, il lui murmura à l'oreille :

- Tu es très jolie dans cette tenue, Aude.

Cette dernière rougit puis fut emportée par la sombre lumière.


Le pacte sanglant avait été conclu, scellant à jamais leur destin...


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La bataille des angesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant