Chapitre 10 - Derniers Adieux au Spa

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    Jour après jour, l'atmosphère en Allemagne devenait plus froide, l'hiver approchait à grands pas, et le soleil disparaissait derrière les immeubles de plus en plus tôt, au plus grand désespoir du Brésilien, qui n'appréciait pas le froid davantage qu'à son arrivée.
    Il ne se privait pas de le faire savoir à qui voulait bien l'entendre. Le brun passait ses journées entières au spa de l'hôtel, se pavanant devant les petites mamies allemandes, pour ensuite s'effondrer dramatiquement sur son lit en attendant le retour d'Irene. Mais aujourd'hui, c'était sa valise qui s'étalait sur le lit, prête à exploser sous la pression des vêtements entassés à l'intérieur. Celle de la blonde reposait à quelques mètres de la sienne, posée sur son propre lit, attendant sagement d'être remplie.

    Irene avait regagné, il y a quelques minutes, la chambre d'hôtel après une longue journée de travail enfermée dans son nouveau bureau. Comme d'habitude, Miguel lui avait fait un rapide débriefing de sa journée, qui se résumait à traîner dans les rues, traîner à la piscine et à ses nombreuses tentatives de communiquer avec les Allemands.
    Actuellement, son regard émeraude parcourait le sol à la recherche d'affaires oubliées par Miguel, malgré les protestations de ce dernier.

— Occupe-toi d'ton cul, j'ai déjà tout rangé et préparé depuis c'matin, six heures tapantes, râla le Brésilien, face à son amie qui fouillait sous les lits.
— À six heures tapantes, comme tu dis, tu ronflais encore, gros con.

    Le brun s'offusqua, mais, loin de s'en préoccuper, la blonde le contourna pour accéder à la salle de bain et préparer ses propres affaires. En quelques allers-retours, le tout fut bouclé dans sa valise sous le regard jugeur de Miguel. Ce dernier sortit de la chambre d'hôtel en soupirant, visiblement pas très emballé par l'idée de déménager.

— Ça va me manquer, la piscine, soupira-t-il.
— T'as qu'à trouver du taf et t'payer une piscine.
— Ça coûte trop cher.
— Bah, mets-toi-y maintenant, p'têt que dans dix ans t'auras enfin un quart de c'qu'il t'faut.

    Miguel s'apprêta à rétorquer, mais le klaxon du taxi retentit à travers le hall de l'hôtel, coupant court à la conversation. Irene lança un regard pressé à son ami avant de saisir sa valise.

— Allez, bouge, j'vais pas t'attendre, lança-t-elle en poussant la porte de la chambre.

    Le brun traîna les pieds, marmonnant quelque chose d'incompréhensible. Il attrapa son sac d'un geste brusque avant de suivre son amie vers l'ascenseur. Le claquement régulier des chiffres défilant au-dessus de la porte métallique semblait rythmer leur descente vers le hall.

— Sérieux, t'es sûr qu'on doit partir maint'nant ? demanda-t-il enfin, les mains enfoncées dans ses poches.
— Tu boudes juste parce que t'auras plus de piscine ?
    Il haussa les épaules, l'air absent, tandis que l'ascenseur atteignait le rez-de-chaussée avec un petit « ding ». Ils franchirent la réception sans un mot, et Irene salua brièvement le réceptionniste d'un geste de la main avant de pousser la porte donnant sur la rue. Le taxi était garé, le moteur tournant, et le chauffeur tapotait sur son volant, visiblement impatient.

— J'te prendrais un abonnement à la piscine municipale si tu veux ? proposa-t-elle sarcastiquement.
— J'suis pas sûr qu'ça soit suffisant pour remplacer la vue d'l'hôtel.

    La blonde ricana puis poussa son ami dans le taxi qui attendait patiemment depuis quelques minutes. Elle ouvrit la porte arrière et, d'un grand geste, y fit entrer son ami avec force. Le brun s'étala contre la banquette arrière avec un grognement plaintif pendant qu'Irene déposait les bagages dans le coffre.

    Une fois installés, le taxi se mit enfin en route vers l'adresse donnée par une secrétaire du Bastard München un peu plus tôt dans la journée. La voiture serpentait à travers les rues, toutes baignées dans la lumière douce des lampadaires et des vitrines de magasins encore ouverts.    Chaque coin de rue semblait bourdonner d'activité, la lumière dorée se reflétant sur les pavés humides.
    Il y a quelques minutes, le chauffeur avait allumé la radio, remplissant l'habitacle d'une voix monotone égrenant les informations à plein volume, couvrant presque le léger ronronnement du moteur. Les nouvelles du jour, diffusées sans relâche, se mêlaient au bourdonnement lointain de la ville.

— Y'en a encore pour longtemps ? Parce que j'en ai marre là.

    Ses plaintes furent écourtées par la main de la blonde, qui laissa une trace rougeâtre derrière son crâne. Mécontent, le brun laissa échapper un grognement d'insatisfaction à l'intention de son amie, qui leva les yeux au ciel.

— Dans pas longtemps, ça te va comme réponse ?
— Demande au mec de devant si tu sais pas.
— T'as qu'à le faire toi-même.

    Les quelques mètres restants de route se firent dans un chahut qui couvrait totalement le son de la radio, au grand désespoir des oreilles du conducteur, qui arrêta la voiture juste devant l'immeuble à la façade de pierre. En quelques allers-retours, leurs bagages furent sortis du coffre et déposés devant l'entrée du bâtiment.

    Le Brésilien fut le premier à sortir de la voiture. D'un coup d'œil, il mesura la hauteur du bâtiment qui semblait s'étendre jusqu'au ciel. La blonde fit de même, tandis que le taxi quittait la rue, baignée dans la nuit.

— C'est quel étage ? soupira le brun en empoignant ses deux valises et son sac à dos.
Irene ne tarda pas à suivre son initiative en lui passant devant, un trousseau de clés à la main.
— Dernier étage, à gauche.

    Accompagnés de soupirs lourds de sens, les deux amis entamèrent leur montée vers le dernier étage, d'abord en ascenseur, puis en empruntant les escaliers. L'ascenseur s'arrêtait, au grand désarroi des deux, au huitième étage. Deux étages et une trentaine de marches plus tard, leur ascension touchait à sa fin, les pas traînants de Miguel résonnaient faiblement dans la cage d'escalier. Le souffle court, il lança un regard agacé à Irene, qui grimpait sans peine devant lui.

— C'est même pas humain, soupira-t-il, les jambes en feu. Si j'avais su, j'aurais pris moins d'fringues.

    Irene, déjà arrivée au palier du dernier étage, se retourna en levant les yeux au ciel.
— Arrête de t'plaindre. T'es grand, musclé, mais incapable d'porter deux valises sans râler ?

    Incapable de rétorquer, Miguel laissa tomber ses valises au sol dans un soupir théâtral et s'adossa au mur, feignant l'épuisement.
— Tu veux m'achever, c'est ça ? lança-t-il d'un ton dramatique, posant une main sur son cœur.

    La blonde se positionna devant la porte la plus à gauche, les clés en main. Elle jeta un regard à Miguel, qui traînait derrière elle, puis fit tourner la clé dans la serrure avec un petit clic.

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Bonjour, et merci infiniment pour votre patience ! Après un petit peu d'attente, j'ai le plaisir de vous présenter le dixième chapitre. J'ai hâte de vous présenter les chapitres à venir après ce chapitre de transition. 

A bientôt pour la suite ❤️

Judith Arroyo

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 31 ⏰

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