10. Samedi 15 Octobre 2011.

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Il était dix heures quand la sonnette de mon entrée retentit. Ma mère n'était pas là, mon père devait être quelque part entre Chicago et Boston et j'étais affreusement fatiguée. Je réfléchissais lentement, parce que le matin en week-end, il ne fallait pas trop me demander. Le facteur, je ne voyais que ça. Calum s'était couché après m'avoir raccompagnée chez moi, c'est-à-dire aux alentours de trois heures du matin. Cam avait un entraînement de volley-ball. Sammy était encore collé, ce matin-là. Et Luke, et bien, Luke ne se réveillait jamais avant onze heures le samedi.

Si ce n'était pas le facteur, je n'avais pas envie de voir qui c'était. Si c'était le facteur, je me dis qu'il repasserait un peu plus tard. Alors, je mis un oreiller sur mes oreilles ignorant la personne qui se défoulait sur ma sonnette. Au bout de trois minutes, le silence revint. Le facteur devait avoir abandonné. Je pouvais me rendormir. Enfin, c'était ce que j'avais supposé.

La porte d'entrée claqua et j'entendis du bruit dans mon salon. Je m'imaginais un nombre de scénarios incalculables, incluant des ninjas qui seraient venus me kidnapper. Je me cachai alors derrière ma porte, postant des coussins sous ma couette, histoire de faire croire aux ninjas que j'étais dans mon lit. Mais, quand la porte de ma chambre s'ouvrit et que je sautais sur le personne qui était entrée chez moi, je réalisai que ce n'était pas vraiment des ninjas. C'était Luke.

- Mais t'es complétement folle ! Hurla mon meilleur ami alors que j'étais sur son dos, prête à le frapper.

Surprise, je me mis en face de lui. Il était debout, un samedi, avant onze heures. Il était même habillé ! Il ne portait pas son stupide jogging qu'il mettait lorsqu'il n'avait pas envie de s'habiller et qu'il venait chez moi pour traîner, il avait son jean skinny noir avec une chemise.

- Luke ? M'exclamai-je alors.

- Hayley ? Répondit-il sur le même ton, avec un peu plus de mauvaise foi, cependant.

- Désolée de t 'avoir sauté dessus, commençai-je, je pensais que c'était un ninja.. Mais, qu'est-ce que tu fous là ?

- Un ninja ?

En effet, cette phrase sonnait beaucoup mieux dans ma tête. Il me regardait, hallucinant à moitié. Je lui fis signe de laisser tomber, ce qu'il fit.

- Je me suis réveillé tôt, m'expliqua-t-il. Je voulais venir vous rejoindre, chez Cal, hier soir mais ma mère ne voulait pas que je sorte. Mon frère était à la maison, continua-t-il en grimaçant : il n'appréciait que très peu ses frères. Enfin, je me suis couché tôt du coup, et j'étais réveillé à neuf heures. Je pensais que tu serais réveillée aussi.

- Je le suis, maintenant.

Ma phrase, qui était un reproche, ne fit pas l'effet que j'attendais. Je n'aimais pas être réveillée et Lucas le savait très bien. Je pensais qu'il ferait semblant de s'en vouloir et qu'il m'offrirait un petit déjeuner pour se faire pardonner. Mais, non. Il explosa de rire, se foutant littéralement de ma gueule. Je lui lançai une de mes peluches qui traînaient dessus, pour me venger, et sortit de ma chambre.

- Tu vas où ? L'entendis-je crier depuis ma chambre.

- Dans la cuisine, j'ai faim.

Il me suivit rapidement, et mangea avec moi. Il avait déjà pris un petit-déjeuner mais cela ne le gênait pas d'en prendre un deuxième, m'avait-il expliquer très sérieusement. Ce garçon m'étonnait de plus en plus : il pouvait manger son poids en nourriture sans problème.

- Oh, et j'ai reçu un SMS de Cal, me lança-t-il.

Il était allongé dans l'herbe, se séchant, alors que j'étais encore dans la piscine. Il était maintenant midi passé, et cela ne m'étonnait pas que Calum soit réveillé.

- Tu lui as dit oui pour la soirée chez Clifford ? Me demanda-t-il, sérieux.

- Je lui ai dit seulement si tu y vas, lui répondis-je. Et, comme tu ne veux pas y aller, c'est un non.

Je me sentais si maline, à ce moment-là. Lorsque j'avais dit oui à Calum, la veille, j'étais persuadée que Luke dirait non. De cette façon, je ne pouvais pas le décevoir puisqu'il avait vraiment que j'y aille et que je n'avais pas vraiment envie d'y aller. Quoique, la question de revoir le Michael Clifford sérieux m'avait effleurée.

- Je lui dis oui, du coup.

Là, j'ai cru halluciné. Si je n'avais pas été accrochée sur une bouée crocodile, j'aurais sûrement coulée dans ma propre piscine. Triste comme fin. Je remerciai donc la bouée croco, intérieurement, en regardant Luke, incrédule.

- Cal vient de me dire qu'il n'y allait pas, si nous ne venons pas.

- Oh non ! M'exclamai-je, tu n'as pas le droit de céder au regard-trop-mignon-et-hyper-perturbant-auquel-personne-ne-dit-jamais-non de Calum ! Surtout qu'il ne te regarde même pas, actuellement !

Luke se mit à rire. Je ne trouvais pas cela très drôle. Je me demandai alors si je n'avais pas un réel talent pour me foutre dans ma merde.

- Je sais que je ne voulais pas y aller hier, mais on devrait peut-être laisser sa chance à Clifford ?

- Qui êtes-vous et qu'avez vous fait à Lucas Hemmings ? Demandai-je, complètement sous le choc.

- Bon, d'accord, dit-il finalement. Je t'avoue que j'ai peur d'avoir mal jugé Clifford. Il a l'air d'être un vrai pote, pour Calum, même si c'est un connard fini. Et puis, ça fait au moins deux mois que je suis pas allée en soirée !

Je venais d'accorder mentalement à Luke la palme de l'homme le plus lunatique d'Australie. Un jour, il le traite de connard. Le lendemain, il le trouve plutôt sympathique, malgré son air connard. Je soufflai, encore une fois.

- Allez, me dit Luke.

Tout cela parce que môsieur Luke n'a pas été en soirée depuis deux mois, pensai-je. Quel idiot. Je n'avais pas été en soirée depuis longtemps aussi.

- Je te promets, Lucas, si Cal et toi finissez bourré et que je suis la seule en bonne état, je vous nique, demain matin.

Il me sourit de toutes ses dents, et répondit à Calum, qui arriva chez moi, cinq minutes après. C'était une grande soirée qui s'annonçait, et je le savais. Je ne savais pas quoi, mais je savais que quelque chose se préparait. J'avais raison, en y repensant.

you were mine, for a night.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant