you were mine, for a night.

12.

La musique à fond et les gens qui dansaient les uns sur les autres finirent par me monter à la tête. Je sortis alors dans le jardin, par la porte qui se trouvait dans la cuisine. Je me demandai d'abord pourquoi personne n'était dehors. Puis, me rendant compte de la température qu'il faisait, compris pourquoi les gens étaient tous entassés à l'intérieur.

Il faisait assez froid, mais le ciel était entièrement dégagé. On pouvait voir les étoiles. Je cherchais les constellations que je connaissais. Sammy semblait être le moins sérieux de notre groupe, mais il était le seul qui savait réellement ce qu'il voulait faire dans la vie : il voulait travailler dans l'astronomie. Il m'avait montrée des dizaines fois les étoiles, et je les regardais pour me calmer.

- Alors, c'est le fait d'embrasser Calum qui te met dans cet état ?

Je tournai la tête et Michael me fit son sourire narquois, que je détestais particulièrement. J'étais assise dans l'herbe, à côté de la balançoire qui se trouvait là. Il vint me rejoindre, sans dire un mot. Il devait tout simplement attendre une réponse.

- Calum était mon premier baiser, lui dis-je en reportant mon regard vers le ciel.

  - Quoi ? S'étrangla-t-il, mais pourquoi tu l'as laissé faire alors ?

Il pouvait être brillant comme stupide. Il pouvait être stupide comme gentil. J'étais confuse, il était si fatiguant. Sa réflexion était gentille, même si je m'étais mal exprimée.

- Non, lui dis-je, je voulais dire que mon premier baiser était avec Calum. C'était pas ce soir, mais c'était avec lui.

Il soupira un 'oh' avant de s'allonger afin de regarder le ciel, comme moi.

- J'ai juste trouvé ça bizarre qu'il m'embrasse, ce soir. Continuai-je pour me justifier, je m'y attendais pas réellement.

Je ne savais pas du tout pourquoi je lui racontais cela. Après tout, nous n'étions pas amis. Il était Michael Clifford. Le garçon qui était arrivé au milieu de l'année, sans explication. Le garçon qui aurait sécher une année de cours car il ne voulait pas venir. Le garçon qui avait des ex-petites amies en prison. Le garçon qui n'avait fait aucun examen, car il n'avait pas jugé cela intéressant. Le garçon qui avait couché avec un grand nombre de filles du lycée, et très certainement des professeurs à en croire les rumeurs. Le garçon qui avait la réputation qui me faisait assez peur depuis des mois. Mais surtout, le garçon brillant qui ne le montrait pas.

- Vous êtes sortis ensemble ? Finit-il par demander.

- Non.

- Alors racontes-moi, dit-il. Comment vous vous êtes retrouvés à vous embrasser ? Ajouta-t-il, en voyant que je ne comprenais pas la première partie de sa phrase.

- C'était stupide, vraiment. On rentrait de l'école à pied et il pleuvait des cordes. On habite à côté, mais ma maison était plus proche de notre collège. Du coup, on est rentré chez moi. C'était un jour où j'étais assez triste, je venais de perdre mon chien.

Il ne disait rien, il écoutait seulement ce que je lui disais. Je trouvais cela étrange de lui raconter mon premier baiser, mais avec l'alcool que j'avais dans le sang -même s'il n'y en avait que très peu-, je ne voyais aucun soucis à en parler. Surtout que le lendemain, il aurait sûrement oublié.

- Du coup, en rentrant chez moi, je m'attendais à ce que Flûte -mon chien- vienne me dire bonjour. Il n'y a jamais personne chez moi. Il y avait juste Flûte. Quand j'ai réalisé qu'il ne viendrait pas, je me suis mise à pleurer. Cal a tout fait pour me réconforter. Je pleurais de plus en plus, je me souviens. Il m'a alors pris dans ses bras et m'a embrassée. J'ai trouvé ça bizarre, mais dans un certain sens, ça m'a réconfortée.

Je me souvenais que les jours qui avait suivis ce baiser avait été étrange. Une sorte de malaise s'était installé entre Cal et moi. Nous avions donc fini par en parler et décidé de ne jamais recommencer, puisque cela avait été beaucoup trop bizarre.

- Luke a dû être vachement jaloux, lorsqu'il l'a appris, dit Clifford.

- Non, répondis-je. Pourquoi il l'aurait été ?

- Parce qu'il t'aime, non ?

Je me mis à rire. Pour la première fois, c'était moi qui me moquait ouvertement de Michael Clifford et non le contraire.

- Absolument. Et c'est parce qu'il m'aime qu'il est en train de se taper une fille qu'il ne reverra sans aucun doute jamais.

- Oh, me dit-il, ça ne veut rien dire. Il peut t'aimer et coucher avec n'importe qui.

- Sauf que ce n'est pas le cas de Luke, lui dis-je en soupirant. Il est comme mon frère.

- Si tu le dis.

Nous restions silencieux, pendant les minutes qui suivirent. Une étoile filante passa au-dessus de nous. Je vis Michael fermer les yeux. Il devait l'avoir vu également. J'étais toujours aussi surprise, pour moi, il n'était pas vraiment le genre à faire un vœu en voyant une étoile.

- Raconte-moi, toi.

Il tourna la tête vers moi, en réfléchissant. Je n'avais pas besoin de préciser, il avait tout à fait compris de quoi je parlais. Il avait l'air si calme, son visage était le même que la veille, lorsqu'il m'avait expliquée la façon dont j'aurais dû faire mon introduction. J'aimais bien, ce visage sérieux.

- Ce n'était pas vraiment intéressant, dit-il. J'avais un coup de cœur sur cette fille, en deuxième année de collège. Je l'avais invitée à sortir au cinéma et, après le film, je l'ai embrassée. J'ai eu deux autres rendez-vous avec elle, mais elle a fini par déménager et je ne l'ai jamais revue.

A la fin de son anecdote, il leva les yeux au ciel. Aucun de nous ne parla, le seul bruit qui résonnait était celui de la musique. C'était vraiment très agréable. Il se mit à fredonner la chanson qui passait, et je me rendis compte qu'il avait une très belle voix.

Ce fut lorsque mon souffle se coupa que je réalisai à quel point nos deux visages étaient près. Je n'étais pas stupide, je savais qu'il l'avait également remarqué. Il se rapprocha alors encore plus de moi. Je ne savais pas quoi faire. Alors, je ne fis rien.

En fait, je suis certaine, aujourd'hui, que si Calum n'était pas sortit dans le jardin en hurlant mon prénom, Michael m'aurait embrassée.