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Mon énervement s'était dissipé et la tristesse avait pris place. Je savais que je n'avais aucun moyen de rester à Sydney. Ma mère avait déjà fait les démarches pour changer de travail, mon père avait déjà son appartement à Seattle et je ne m'entendais pas assez bien avec mon frère pour demander à aller habiter chez lui. Mes parents ne m'autoriseraient jamais à rester seule à Sydney, s'ils étaient tous les deux à des milliers de kilomètres.

    Je leur en voulais terriblement pour cela. Ils me laissaient seule à la maison, tous les jours, et cela pendant des années. Ma mère travaillait à l'hôpital central et faisait ses nuits là-bas. J'avais beau vivre à moitié seule dans cette maison, ils n'acceptaient pas l'idée que je vive seule en Australie.

    J'étais alors triste. Triste, parce qu'à la fin de mon semestre, de mon année par conséquent, j'allais partir. J'allais quitter mes amis. Je ne savais pas comment je pouvais leur annoncer mon départ, c'était tellement dur.

    Alors que je me demandais la meilleure façon de leur dire cela, des coups de plus en plus bruyant tapaient à ma fenêtre. Je regardais l'heure, minuit, et me demandais qui cela pouvait être. Tous mes amis dormaient à cette heure, nous avions cours le lendemain à huit heures. J'ouvris la fenêtre pour le découvrir, lui.

- Je me suis dit, les cailloux contre la fenêtre, c'est cliché. Du coup, j'ai attendu qu'il soit minuit pour le faire, histoire d'être encore plus cliché.

    Michael me sourit alors. J'avais beau avoir du mascara tout autour des yeux pour avoir trop pleurer, je n'y prêtais pas réellement attention. Il me fit alors un signe de la main, pour que je vienne le rejoindre. Je retournai sur mes pas, pris un pull et mon téléphone, et allai le rejoindre dans mon jardin.

- Qu'est-ce que tu fais là, Clifford ? Lui demandai-je, sans comprendre le        pourquoi de sa présence.

- J'avais envie de te voir, répondit-il simplement.

- Envie de me voir, à minuit, dans mon jardin ?

- Envie de te voir, c'est tout.

    Je soufflai longuement, une énième fois. Je ne connaissais pas Michael, en vérité. Je repensais au moment que j'avais partagée avec lui, le samedi passé. Cela avait été la seule fois où j'avais réellement parlé avec lui, et j'avais apprécié.

    J'avais beau être triste et énervée quelques minutes avant, tout se dissipa lorsqu'il me fit un sourire. C'était étrange comme sensation, il me faisait un vrai sourire et non l'un de ceux que je ne supportais pas.

- La lumière de la lune te va assez bien, conclut-il. Tu ressembles un peu à un ange, comme ça. C'est assez cool.

  
    Je remerciai intérieurement le fait qu'il fasse nuit noir, il ne pouvait pas voir que je rougissais. Je le sentais cependant, j'étais rouge écarlate.

- Tu ne veux pas qu'on bouge ? Lui dis-je, le prenant au dépourvu, il y a une plage, pas loin. J'ai pas envie de rester dans le jardin de mes parents, pour être honnête.

- Si  tu veux, acquiesça-t-il.

    Nous marchions en silence jusqu'à la plage. Je ne fus pas surprise de constater que les routes étaient désertes, il était tard et la plupart des habitants de Sydney devait être endormis. Il y avait un petit vent frais qui se levait et j'étais heureuse d'avoir pris un pull.

    Michael, qui se tenait à ma droite, silencieux, me regardait. Pour être honnête, il me fixait même. C'était assez déconcertant et je gardais les yeux sur la route pour ne pas lui montrer mon malaise. Cependant, il finit par me demander la question qui pendait à ses lèvres depuis que nous étions partis de chez moi.

- Tu vas m'expliquer pourquoi tu as pleuré ou alors je vais rester frustré toute la nuit ?

    J'avais envie d'en parler. Je hocha négativement la tête, cependant. Il ne rajouta rien, n'insistant pas. Nous arrivions alors à la plage. La lune se reflétait dans l'eau et il n'y avait pas de nuages. Les étoiles étaient donc exposées sur le ciel, et c'était merveilleux. J'avais souvent observé le ciel la nuit, mais, à ce moment-là, je me demandais pourquoi je n'avais jamais été l'observer sur la plage. L'endroit rendait ce moment encore plus magique.

    Michael était resté silencieux. Je ne savais toujours pas pourquoi il était venu me voir, moi, ce soir-là. Je restais silencieuse également, je n'avais pas envie de parler pour le moment. Nous marchions alors dans le sable. Il finit par me regarder et, tout en souriant, enleva ses chaussures. Tout d'abord, je pensais qu'il ne voulait pas avoir de sables dedans. Puis, il m'attrapa la main, m'obligeant à quitter mes sandales également, et me tira jusqu'au bord de la mer.

    Il se mit à rire comme un enfant lorsqu'une vague nous arriva dessus. Je le trouvai alors adorable. Puis, réalisant ce que je venais de penser, me mis à rougir. Nous marchions, les pieds dans l'eau. C'était agréable, l'eau était tiède. Une idée me venait alors à l'esprit et j'étais certaine que Michael me suivrait.

- Michael ! L'appelai-je.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Me demanda-t-il, en se retournant.

    Il était quelques mètres devant moi et n'avait pas remarquer que je m'étais arrêtée de marcher. Il me regarda, attendant une réponse de ma part. Je soufflai, étonnée qu'il n'est pas compris ce que j'avais en tête.

- On pique une tête, lui expliquai-je.

    Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il me vit enlever mon pull ainsi que mon haut et rentrer dans l'eau. Je n'aurais jamais imaginé qu'il mettrait autant de temps pour venir me rejoindre.

- Tu es dingue ! C'est interdit de se baigner dans la mer, à minuit.

- Interdit ? Je faillis m'étrangler en entendant Michael prononcé ce mot.

    Un silence s'installa pendant quelques secondes. Puis, il enleva alors son tee-shirt et vint me rejoindre dans l'eau.

- C'est vrai que l'eau est bonne, affirma-t-il.

- Mes parents ont décidé de déménager à Seattle.

    Son sourire disparu aussitôt. Je me rapprochai de lui, pour pouvoir chuchoter. Je n'aimais pas parler à haute voix la nuit.

- Seattle ? Aux États-Unis ?

- Oui, lui répondis-je, Seattle, en Amérique.

you were mine, for a night.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant