Born to die

Lettre n•8

Mme Marie Dubois
7 rue des Lilas
Reims

Le 24 décembre 1914

M. Charles Duval
à la 10ème compagnie du 90 ème territorial
à Magnac laval
Haute Vienne

Mon brave soldat,

Je vous écris cette lettre le jour du réveillon de Noël, j'ai accepté l'invitation de vos parents comme vous me l'aviez conseillé. Je ne ressens pas la culpabilité que je pensais ressentir en profitant de ce moment festif. Je ne ressens pas ce poids lourd et pesant sur mes épaules, je me sens entourée d'amour. Votre famille est si accueillante et aimable, je comprends d'où vous tenez votre grand cœur. Je ne saurais jamais comment les remercier de m'avoir ouvert leur porte en ce jour. Je voudrais tellement que vous soyez ici avec moi près de votre famille qui vous aime tant. Je voudrais pouvoir me blottir contre votre corps dur au coin du feu. Les flammes réchauffant nos corps serrés. Je voudrais vous enlacer jusqu'au bout de la nuit, sentir la chaleur de la cheminée contre nos peaux. Je voudrais me laisser porter par vos pas au milieu du salon au rythme de la musique. Je voudrais que vous me présentiez à vos parents. Je voudrais tellement de choses cependant je vais devoir être patiente et attendre l'année prochaine. J'ai dressé une liste dans ma tête de toutes les choses que je désire faire avec vous l'hiver prochain. Voulez-vous l'entendre ?
En visitant les lieux, j'ai eu l'heureuse découverte de trouvez une cascade de cadres sur le mur de l'escalier de la maison de vos parents. Mon cœur s'est serré à cette vue, l'amour de vos parents est si fort et puissant. A chaque coin de la maison nous pouvons vous retrouvez, des photos d'âges variables mais ce mur est différent. Il est si nostalgique et à la fois magnifique. En quelques marches, nous sommes plonger dans des souvenirs remplis de joie et de bonheur que cela en est émouvant. Je me suis laissé guidé sur les pas de votre enfance. J'espère que vous ne me trouverez pas trop intrusive mais la curiosité a pris le dessus. Je ne pouvais m'empêcher de prendre le temps de regarder chacune des photos commençant par une photo de vous dans les bras de votre mère, vous deviez avec quelques heures. Je vous avoue que je ne vous avais pas reconnus, c'est votre frère Louis qui a dû me le dire. Ce fil de souvenir se termine avec une photo de famille.  Vos parents se retrouve au centre, des sourires radieux sur leurs visages marqué par le temps. Votre grand frère se tient sur leur droite tandis que vous vous tenez sur la gauche. Au centre se trouve votre petite sœur Charlotte, une charmante jeune femme. J'ai pu discuter avec elle pendant cette soirée et je peux vous dire avec certitude que c'est une femme d'une grande gentillesse. Je pense que c'est un trait de famille. Elle est si tendre et d'une beauté à coupé le souffle. À nouveau quelques choses que je peux retrouvez chez vous. J'aimerais tellement avoir des frères et des sœurs. Je voulais à tout prix une grande famille grandissant mais ce ne fût pas la cas. J'ai grandi seule avec mes parents pendant un certain temps, après leur décès c'est ma grand-mère maternelle qui a pris le relais. Je n'ai ni cousin, ni cousine. C'est juste moi et ma grand-mère. Je ne sais pas pour vous, mais j'aimerais tant avec plusieurs enfants. Je ne sais pas vraiment combien mais l'idée d'en avoir quatre me plait. Quant dites-vous ?
J'ai pris le temps de m'éclipser pour vous écrire ces quelques mots. Marguerite a accouché, le bébé est arrivé plus tôt que prévu mais en très bonne santé. Je n'arrive pas à croire qu'il est né il y a quelques heures. C'est un petit garçon nommé Jean-Michel Fontaine. J'espère que vous pourrez bien le rencontrer, votre cousine désire tant vous voir tenir le nouveau né dans vos bras. J'espère que cette lettre vous apportera un peu de réconfort dans ces moments difficiles et dans cet endroit infâme où vous êtes obligé de résider.

Joyeux Noël Charles,
Votre chère Marie qui pense à vous en ce moment de célébration.