L'inaccessible

11.

AVANT

Léana

  J'insère la clé dans la serrure de la porte d'entrée et rentre dans la maison.

- Maman ?

- Oui ! Dans la cuisine.

J'enlève mes chaussures et mon manteau et vais dans la cuisine. Ça sent... l'oignon ?
Dans la cuisine, ma mère cuisine.

- Tu pleures ?

- C'est les oignons.

Je rigole légèrement en voyant ses joues mouillées à cause de l'oignon.

- Il n'est pas là ?

- Non, il m'a dit qu'il devait passer chez lui avant.

Elle hoche la tête. Diego est censé venir ce soir pour m'aider à apprendre l'espagnol. On a un contrôle demain et je suis vraiment nulle dans cette matière. Mais lui, il se débrouille bien, alors il m'a proposé de m'aider.

Je monte dans ma chambre et dépose mon sac à côté de mon bureau.

Je reçois une notification de Serena. J'ouvre tout de suite son message.

** Serena : Amuse-toi bien avec ton prince charmant**

** Serena : Il vient aider sa princesse en détresse nulle en espagnol**

** Moi : Ah ah, sauf qu'il n'y a ni de princesse en détresse ni de prince charmant. **

Je pose mon téléphone sur mon lit et entends un bruit léger tapoter sur la vitre de la fenêtre. Je me rapproche et vois Diego assis sur le rebord de fenêtre. Je l'ouvre pour le laisser entrer.

- Mais ça va pas ou quoi ? Tu ne peux pas passer par la porte comme une personne normale.

  Il balaye ma chambre du regard.

- Sympa ta chambre. Elle est grande.

  Je le vois s'allonger dans mon lit et consulter son téléphone. À l'aise.

Je me racle la gorge pour attirer son attention, mais celle-ci est toujours dirigée par l'objet qu'il a entre les mains.

- Tu savais qu'une méduse contient 95% d'eau ?

Pourquoi est-ce qu'il me parle de méduses ?

- Quoi ? Je souffle incrédule.

- Ouais, j'ai tapé sur internet "sujet de conversation intéressant " et ça m'a dit de parler de méduses.

Je soupire et me retiens de sourire.

- Mais pourquoi tu cherches un sujet de conversation ? Je te rappelle que tu es là pour m'apprendre à parler espagnol.

- C'est vrai, mais je trouve que c'est nettement plus intéressant de parler que de faire ses devoirs.

-  Tu trouves que c'est plus intéressant de parler de méduses ?

- T'as raison, sors ton cahier.

Je sors mon cahier et il commence à m'expliquer un peu la leçon, mais j'ai l'impression que tout ce qui rentre par mon oreille droite ressort par la gauche.

Je reçois une notification de ma meilleure amie Serena et l'ouvre discrètement.

**  Serena : Alors ça bosse dur ? 👀 **

** Moi : J'arrive pas à me concentrer 😞 **

** Serena : C'est son physique d'Apolon qui te déconcentre **

Je fronce les sourcils et le regarde. Il est concentré sur ce qu'il m'explique, alors que je ne l'écoute même pas. C'est vrai qu'il est beau.
La vibration de mon téléphone me sort de ma contemplation.

** Serena : ou te déstabilises peut-être ? 👀 **

Moi déstabiliser ? Ça va pas ? Je souris à l'idée qu'elle puisse penser ça et commence à taper une réponse quand mon téléphone m'est arraché des mains.

Je lève la tête vers celui qui a kidnappé mon téléphone.

- Ça fait un quart d'heure que j'essaie de t'expliquer le cours mais tu n'es pas concentré. Je suis sûr que même un cours sur les méduses t'aurait un peu plus écouté.

Je crois plutôt que je me serais endormi.

- Désolée.

- C'est pour toi. Mais...je veux voir ce qui te faisait sourire comme ça.

- Hein ?

Je le vois regarder mon téléphone.
Au merde ! Il est déverrouillé. Et pire encore, sur la conversation avec Serena.

- Rends-moi ça !

J'essaie de rattraper mon téléphone mais il l'esquive. Il est en train de regarder nos conversations ce clochard.
Je lui saute à moitié dessus. Mais sans succès, son bras est trop long. 

- Rends-le moi !

- Mmh, tu peux mieux faire je suis sûr.

- Quoi ?

- Ah oui, c'est vrai, tu n'arrives pas à te concentrer à cause de mon physique d'Apolon. Il se moque.

J'attrape alors un coussin derrière lui et le frappe avec,  ça lui apprendra. Il attrape lui aussi un coussin et me refrappe avec.

- Eh ! Pas touche, c'est à moi les coussins !

Mais rien à faire, il ne m'écoute pas. Je sors du lit alors qu'il me suit. Mon cahier d'espagnol a fini par terre. Ça attendra plus tard.

J'essaie d'atteindre mon bureau, mais le fil de mon chargeur traîne par terre et je me prends le pied dedans.

Je viens de m'étaler comme une grosse merde.

- Aïe.

- Ça va ? Me demande Diego inquiet.

- Nickel.

Pour lui prouver mes dires, je lui balance le coussin que j'avais encore dans les mains dans la tête.

Il hausse un sourcil.

- Ah ouais ? Tu veux jouer à ça ?

Il se met à califourchon sur moi et commence à me mettre des légers coups de coussin sur la tête que je cache à l'aide de mes mains.

- Ça va, c'est bon, j'abandonne !

  La porte de ma chambre s'ouvre sur ma mère. Diego arrête tout mouvement.
Et merde .

Vu la position dans laquelle on est, je ne veux même pas savoir à quoi elle pense .

Il se lève brusquement et me tend sa main pour m'aider à me relever. Main que je n'accepte pas. Je me relève seule. Ma mère regarde Diego et lui dit :

- Je ne t'ai pas vu rentrer, toi.

Tu m'étonnes ! Il est passé par là fenêtre de ma chambre.

Puis son regard dévie vers moi. 

- Vous vous êtes vu pour réviser hein ?