Chapitre 2

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Alyssa

Je marchais d'un pas décidé à travers les couloirs de l'école, mon sac sur l'épaule, mon esprit encore tourné vers le cours de Nora. Ce n'était pas juste le contenu du cours qui m'avait marqué, mais l'enseignante elle-même. Il y avait quelque chose de magnétique chez Nora, une autorité tranquille, une manière de capter l'attention sans effort apparent. Elle n'était pas comme tous les autres professeurs que j'avais rencontrés jusque-là. Non, Nora avait quelque chose de plus. Un charisme brut, une présence qui ne laissait personne indifférent.

Mais je n'étais pas du genre à me laisser impressionner facilement.

J'ai grandi dans l'ombre de grandes attentes, qu'elles viennent de mes parents ou de mes propres ambitions. Depuis que je suis toute petite, j'avais appris à me battre pour prouver que j'étais capable. J'avais toujours refusé d'être réduite à mon âge ou à mon statut d'étudiante. J'avais un but, un rêve de réussir, et rien ni personne ne pourrait m'arrêter. Pas même une professeure aussi fascinante soit-elle.

– Alyssa, t'as l'air d'avoir perdu ton regard, lança Emma en se plantant devant moi, un sourire espiègle sur les lèvres.

Je roulais des yeux, mais ne put m'empêcher de sourire à mon amie.

– J'étais juste en train de réfléchir.

– Ah, je vois. À cette nouvelle prof ? Emma haussait les sourcils, perçant mon secret sans même chercher à le cacher.

— C'est une prof de plus, tu sais !, je répondis en haussant les épaules. Mais à l'intérieur, une petite voix me trahissait, une voix que je cherchai à ignorer. Elle a du charisme, c'est tout.

Emma, qui me connaissait par cœur, plissa les yeux.

– Si tu le dis... Elle fit une pause avant de lancer, plus sérieuse. – Mais si tu veux mon avis, tu sembles vraiment t'intéresser à elle.

Je me senti prise sur le vif, et d'un coup, je me senti déstabilisée. Je n'avais jamais été du genre à me laisser facilement approcher par les autres, surtout pas par une personne en position de pouvoir. Et pourtant, Nora... Je ne savais pas encore quoi penser de ce qui se passait en moi, mais je n'avais pas l'intention de me laisser distraire.

– C'est juste... qu'elle a du style. Elle sait de quoi elle parle. Et je pense qu'elle pourrait m'apprendre beaucoup. » Je tentais de masquer la légère gêne que je ressentais, mais Emma avait l'air de me connaître trop bien pour être dupe.

Le reste de la journée se déroula comme d'habitude, avec quelques heures de cours, des discussions légères avec mes amis, et des moments où je me plongeai dans mes pensées. Mais plus je réfléchissai à Nora, plus j'avais cette étrange sensation de vouloir la connaître, de percer cette façade froide qu'elle semblait arborer avec tant d'assurance. Ce ne serait pas facile. Et je savais que ce genre de choses n'arrivait pas sans complications...

Quelques jours plus tard

Pendant la pause déjeuner, je me retrouvai de nouveau seule à la cafétéria, une habitude que j'avais toujours eue. Je n'étais pas du genre à me fondre dans la masse, à suivre le groupe.

J'avais mes propres projets, mes propres idées, et parfois cela signifiait manger seule. Mais je n'en souffre pas. J'étais bien dans ma tête, avec mes rêves et mon carnet de croquis.

Alors que je mordais dans mon sandwich, mon téléphone vibra sur la table. Un message de Nora, comment l'avait-elle fait ?

Elle avait surement récupéré mon numéro lorsqu'on donne nos coordonnées à la rentrée.

Nora : J'ai vu ton croquis pendant le cours de lundi. Il a du potentiel. Si tu veux en discuter plus en profondeur, je suis à la Bibliothèque à 16 h aujourd'hui.

Je restais figée un instant, mes yeux fixant l'écran. Je n'avais jamais imaginé recevoir un message de la part de Nora, encore moins un message qui allait au-delà du simple cadre académique.

Je n'avais pas anticipé que l'intérêt de la professeure allait se manifester de cette manière. Mais quelque part, j'étais flattée, excitée même. Je savais que j'avais quelque chose à prouver, non seulement à mes professeurs, mais à moi-même. Et si Nora voulait me challenger, alors je serai prête.

Je répondis sans hésiter.

Alyssa : Je serai là à 16 h. Merci pour l'opportunité.

Le message envoyé, je me sentais déjà plus vivante, plus stimulée. Je n'allai pas me contenter de rester dans l'ombre. Si Nora voulait me pousser à me dépasser, alors j'allai l'impressionner.

À 16 h tapantes, j'entrai dans la bibliothèque, mon cœur battant légèrement plus vite que d'habitude. J'aperçu Nora assise à une table au fond, plongée dans un livre, avec une concentration presque hypnotique. Le contraste entre sa tenue impeccable et l'atmosphère calme de la bibliothèque était frappant.

Je pris une grande inspiration et m'approchai.

- Bonjour, Nora.

Nora leva les yeux de son livre et sourit légèrement en me reconnaissant.

– Ah, te voilà. Viens t'asseoir. Je voulais qu'on discute de ton croquis.

Je m'assis en face d'elle, un peu nerveuse, mais déterminée à ne pas le montrer.

– Merci de m'avoir invitée.

Nora hocha la tête et posa son livre, se penchant légèrement en avant.

– Ton croquis m'a interpellée. Il y a un vrai sens de l'observation, de la profondeur. Mais il manque encore quelque chose.

J'avais l'habitude de l'art comme langage secret, je ne me contentai jamais de ce que je faisais. Je savais que j'avais beaucoup à apprendre, et ce défi me motivait.

– Je sais, je voulais capturer plus que ce que j'ai fait. C'est... C'est juste que je n'arrivais pas à trouver la bonne approche.

Nora me regarda, un regard perçant, mais avec un léger sourire en coin.

– Tu es trop douce avec ton art, Alyssa. Tu n'as pas peur de bousculer les codes. Pourquoi tu te retiens autant ?

Je me fige un instant. Je n'étais pas du genre à me confier facilement, mais Nora avait une manière de me pousser à sortir de mes retranchements. Et ce n'était pas qu'une question d'art. C'était une question d'affronter mes propres limites.

– Peut-être parce que j'ai toujours eu peur d'échouer, dit-je, sans trop y penser.

– Peut-être parce que j'ai toujours voulu prouver que je peux réussir, sans aide.

Un silence s'installa entre nous, mais ce n'était pas un silence lourd. C'était celui de deux personnes qui commençaient à se comprendre sans avoir besoin de tout dire. Je levai enfin les yeux vers Nora et affichai un petit sourire en coin.

– Mais vous savez quoi ? Si vous pensez que je peux y arriver, alors je vais tout donner.

Nora me regarda droit dans les yeux.

– J'ai vu ce potentiel en toi dès le premier jour. Mais il va falloir que tu bouscules un peu plus.

J'hochai la tête, un sentiment d'assurance naissant en moi. Je savais maintenant que je n'allai pas simplement passer à travers cette année. J'allai tout donner, et je n'avais pas peur de me confronter à moi-même.

J'allai impressionner Nora. Et j'allai le faire à ma manière.

L'étincelle interditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant