Chapitre 22

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Nora

Les jours passaient à une vitesse folle, chaque moment semblait suspendu, comme si le temps ne voulait pas ralentir. Je continuais mes cours avec la même passion qu'au début, mais, au fond de moi, il y avait toujours cette petite étincelle de nervosité. Quelque chose qui battait plus fort chaque fois que je pensais à Alyssa. Je n'arrivais pas à la sortir de ma tête. Je pouvais enseigner avec toute la motivation et l'énergie que j'avais, mais à l'extérieur de la salle de classe, tout mon esprit se tournait vers elle. Elle était devenue mon point de fixation, celui qui m'occupait chaque nuit, chaque matin.

Pendant ce temps, Alyssa n'avait pas cessé de grimper. Ses entraînements étaient de plus en plus durs, mais elle les abordait avec une détermination incroyable. Chaque victoire la rapprochait un peu plus de ses objectifs. Elle montait dans les classements, battait des records, mais malgré toutes ses victoires, je savais qu'elle n'avait qu'un seul objectif en tête : me voir dans les coulisses, m'avoir à ses côtés. Et c'était dans ces moments-là, lorsque j'étais là, à la regarder se préparer avant chaque combat, que je savais qu'il n'y avait rien d'autre que cette connexion entre nous qui comptait.

Je la voyais de moins en moins à l'école, car elle n'était plus obligée de venir, mais je savais qu'elle était toujours là, sur le ring, à se battre avec toute la force qu'elle avait. Parfois, je me demandais si elle se sentait seule, avec tout ce qui pesait sur ses épaules. Mais dès qu'elle revenait, nos moments ensemble étaient comme des instants suspendus. Elle venait vers moi, me trouvait dans les couloirs, et je savais que c'était notre petit rituel secret. Elle me parlait de ses combats, de ses victoires, de tout ce qui se passait dans sa tête. Ces moments, aussi courts soient-ils, me permettaient de respirer. Je pouvais la voir se détendre, se reposer un peu dans ma présence, et c'était tout ce dont j'avais besoin.

Un jour, après l'une de ses victoires, elle s'est tournée vers moi, son regard brillant d'émotion. « Merci », m'a-t-elle dit, simplement, mais avec un sourire qui en disait tellement plus. « Tu es là, toujours, et ça fait toute la différence. » J'ai souri, un sourire doux, presque mélancolique, parce que je savais à quel point tout ça comptait. Je n'avais pas besoin de dire grand-chose, pas besoin de chercher des mots. Notre complicité était évidente, plus forte que tout ce que j'aurais pu exprimer.

Même si nos vies se déroulaient chacune de notre côté, il y avait quelque chose de plus, quelque chose que nous partagions sans vraiment le dire. Chaque entraînement d'Alyssa, chaque victoire, chaque étape franchie, n'était pas seulement pour elle, c'était aussi pour moi. Parce qu'à chaque moment, je savais qu'elle le faisait pour nous deux, qu'elle me portait en elle, comme je le portais aussi en moi.

Elle continuait de se surpasser, mais je voyais bien que c'était pour cette force qu'elle avait trouvée, pour cette énergie qu'elle avait en elle. Et moi, même quand elle doutait, je savais qu'elle me cherchait dans la foule, que ma présence l'aidait à avancer. Je n'avais peut-être pas tout ce qu'elle avait, mais j'étais là. Toujours prête à la soutenir, à la voir grandir. Et chaque victoire, chaque combat qu'elle remportait n'était pas seulement une réussite pour elle, mais aussi pour nous.

Je savais que l'histoire entre nous n'était pas finie. Elle ne faisait que commencer. Et quoi qu'il arrive, j'allais être là, à ses côtés, à chaque étape.

Je me retrouvai plongée dans mes pensées, perdue dans les souvenirs de la dernière semaine. Mon esprit vagabondait, revenant sans cesse à Elle, à Alyssa. Je n'avais pas remarqué le temps qui passait jusqu'à ce que la sonnerie du téléphone me ramène à la réalité. Je soufflai doucement et me remis à ma tâche. Je pris les devoirs que mes élèves m'avaient rendus la semaine dernière, ceux concernant leur projet de suivre une personne et de documenter son parcours. Je savais bien qu'Alyssa n'était plus là, mais je me sentis attirée par son devoir. Je savais que ce n'était plus nécessaire, que tout était différent maintenant, mais quelque chose en moi me poussait à le regarder, à voir si, dans ses mots, je pourrais la retrouver, elle.

Je l'ouvris délicatement, feuilletant les pages avec une certaine hésitation, comme si le contenu de ce devoir pouvait me donner des réponses à des questions que je n'avais pas osé poser. Le début du devoir parlait de ses recherches, de l'entreprise que je dirigeais. Je me sentais un peu gênée de lire cela, mais au fond, je savais que ce n'était pas simplement pour l'école qu'elle avait écrit tout ça. C'était un peu plus que ça. Ses mots étaient pleins de curiosité, d'une attention sincère que j'avais toujours remarquée chez elle. Chaque phrase qu'elle avait écrite me semblait plus profonde que la précédente. Elle avait pris le temps de comprendre, de m'observer, de m'écouter, d'apprendre de moi, bien plus que je ne l'avais imaginé. Il y avait des détails précis sur la façon dont je gérais les projets, sur la manière dont je structurai les équipes. Je me souvenais de chaque moment passé ensemble cette semaine-là, de la façon dont elle s'était intéressée à tout ce que je faisais, comment elle observait tout, avec des yeux brillants de curiosité.

Mais ce n'était pas juste cela. En continuant à tourner les pages, je sentis mon cœur se serrer légèrement. Il y avait un passage, où elle expliquait ses réflexions sur mon travail, sur mes décisions, et à quel point cela l'avait inspirée. Elle avait écrit tout cela avec une telle franchise, une telle admiration, que je ne pouvais m'empêcher de sourire. Alyssa avait toujours eu une façon de voir les choses qui me laissait sans voix, une forme de respect et de compréhension qui allait au-delà de tout ce que je pourrais exprimer.

Quand je tournais la dernière page, mon regard s'arrêta sur quelque chose d'inattendu. Un dessin. Un dessin de moi. Je n'avais pas pu m'empêcher de rire doucement en le voyant, un peu surprise. C'était un dessin de moi, endormie dans un avion. Je me souvenais très bien de ce moment. Le vol vers Londres, après ce long entraînement et ce baiser partagé la veille. Je m'étais endormie, épuisée, mais en sécurité, et là elle me capturait dans ce moment de vulnérabilité. Je n'avais jamais pensé que ce moment pourrait être aussi important pour elle.

Sous ce dessin, il y avait des mots, des mots simples, mais chargés d'émotion, de cette affection que je savais maintenant être réciproque, des mots qui m'avaient marquée, qui résonnaient dans ma poitrine.

« J'ai fait ce dessin quand tu dormais dans l'avion pour aller à Londres, merci d'être là maintenant et même après, je t'aime de toute mon âme, signée ta petite Ally. »

Je n'avais pas de mots pour décrire ce que je ressentais en lisant cela. Mon cœur se serra, un mélange de chaleur et de douceur s'empara de moi. C'était comme si tout ce qui avait été dit, tout ce qui avait été vécu, tout ce que nous étions devenus l'une pour l'autre se résumait en quelques mots, en quelques lignes simples, mais pleines de vérité.

Je replaçai doucement le devoir sur le bureau, mes yeux ne quittant pas le dessin. L'émotion m'envahissait. Le simple fait qu'elle ait pris ce moment, ce moment précis, pour dessiner ce souvenir, ce regard, ce baiser, ce vol vers Londres... Cela voulait tout dire. Elle avait vu en moi bien plus que ce que je pensais être. Elle avait vu ma vulnérabilité, mes peurs, ma fatigue, et pourtant elle était là. Toujours. Et cette promesse, ce « merci d'être là maintenant et même après » m'ébranlait plus que je ne pouvais l'imaginer.

Je pris une profonde inspiration, fermant les yeux quelques instants. Elle avait raison, tout avait changé, mais d'une manière dont je n'aurais jamais pu l'imaginer. Nos vies n'étaient plus les mêmes, et tout ce que nous avions vécu, tout ce que nous allions vivre, serait à jamais gravé dans ma mémoire. C'était plus qu'une histoire, plus qu'une relation, c'était un lien qui m'avait enveloppée, qui m'avait surprise et transformée.

Je posai la main sur mon cœur, me sentant à la fois calme et bouleversée, avant de sourire en regardant la signature en bas de la page. « Ta petite Ally. » C'était son nom, mais c'était aussi bien plus que cela. C'était un message, un engagement. Et pour la première fois depuis bien longtemps, je savais que ce lien entre nous, tout ce que nous avions, c'était réel. Et il ne finirait jamais.

Je t'aime aussi, mon cœur...

L'étincelle interditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant