Arianna sortit du bureau du roi dans un tourbillon de pensées enragées. Chaque pas qu'elle faisait semblait résonner comme un défi, une manifestation de la colère qui bouillonnait en elle. Elle n'avait pas le temps de réfléchir calmement. L'orgueil du roi Zéphyr, son air d'implacable souverain, son désir de la contrôler, tout cela la mettait dans une fureur qu'elle n'avait jamais ressentie auparavant. Comment osait-il la traiter comme une simple pièce de son jeu, comme une chose qu'il pouvait enfermer et manipuler à sa guise ? Elle n'était pas là pour être gouvernée, pour se plier à des règles qu'elle n'avait jamais acceptées.La porte du bureau s'ouvrit brusquement, et sans réfléchir davantage, Arianna la poussa avec une force inattendue, comme pour chasser la frustration qui l'étouffait. Elle ne remarqua même pas la silhouette qui se tenait juste derrière, jusqu'à ce qu'un bruit sourd résonne contre le bois de la porte. Un cri de surprise suivit immédiatement.
- Hé ! Attends un peu !
Elle s'arrêta dans son élan, mais n'eut même pas le temps de se retourner pour voir qui venait de l'interpeller. Elle était trop emportée par ses pensées pour s'attarder sur l'incident. Ce n'était qu'un serviteur du roi, un de ceux qui surveillaient probablement ses moindres faits et gestes.
En réalité, elle n'en avait que faire. Elle n'avait pas l'intention de s'excuser, ni de ralentir son pas. Elle avait trop de colère en elle pour la masquer, et trop de questions sans réponse. Pourquoi le roi persistait-il à la maintenir sous son contrôle ? Pourquoi cet intérêt étrange, froid et insistant, pour quelqu'un qu'il semblait ne pas comprendre lui-même ?
Ses pensées la submergèrent, et elle continua de marcher, comme un vent impétueux dans les couloirs du palais. Rayan, le fidèle ami du roi qu'elle avait ignoré en bousculant la porte, la regarda alors qu'elle s'éloignait sans même un regard en arrière. Il se redressa, une expression mi-surprise, mi-amusée sur le visage. Il était habitué à voir des réactions de la part de ceux qui se retrouvaient face à Zéphyr, mais il n'avait jamais vu une telle explosion chez quelqu'un d'aussi calme, d'aussi posé que la jeune femme.
Il l'observa s'éloigner, le pas ferme et décidé, avec une lueur de défi dans les yeux. Elle était différente. Il le sentait. Et pourtant, il avait l'impression que ce n'était qu'un début. Un début d'une bataille bien plus grande, bien plus complexe. Mais il ne pouvait pas la suivre maintenant. Son rôle n'était pas d'interférer.
Quant à Arianna, elle ne fit aucun effort pour calmer sa respiration. Son cœur battait fort, et chaque battement semblait alimenter sa colère contre cet homme mystérieux et glacé. Elle se sentait prise au piège dans ce palais de secrets, ce palais qui était censé être un lieu d'accueil, mais qui la transformait en une simple marionnette dans un jeu dont elle ne comprenait ni les règles ni les enjeux.
Elle traversa les couloirs avec une détermination silencieuse, les yeux fixés sur la sortie. Elle devait sortir de là. Elle devait retrouver une certaine liberté, même si elle ne savait pas encore comment. Mais une chose était sûre : elle ne se laisserait pas écraser par le poids des attentes du roi Zéphyr.
*
Rayan pénétra dans le bureau de Zéphyr avec une démarche délibérément théâtrale, comme un acteur montant sur scène, prêt à capter toute l'attention. Sa main droite se posa dramatiquement sur sa poitrine, un sourire moqueur jouant sur ses lèvres. Il se permettait de jouer les grands comédiens, mais aussi de défier l'atmosphère trop sérieuse de la pièce.
- Mon roi, dit-il d'un ton exagéré, presque comme s'il était sur le point de réciter une tirade shakespearienne. Vous m'avez demandé de vous informer sur cette demoiselle, mais je dois avouer que vous m'épatez.
Zéphyr leva les yeux de ses papiers, son regard d'acier se posant sur son ami d'un air indifférent, mais Rayan poursuivit sans se laisser intimider.
- Cette... Arianna, elle n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais, lança-t-il en faisant une pause dramatique, un sourire espiègle éclairant son visage. Elle a du caractère, de la bravoure... Et un langage bien tranché j'imagine ! Ah, mon cher Zéphyr, elle va te donner du fil à retordre, c'est certain.
Le roi ne réagit pas, son visage restait aussi impassible qu'un marbre, mais l'air autour de lui semblait s'alourdir. Rayan s'approcha de son bureau, feignant de l'examiner, ses yeux pétillants de malice.
- Vous voyez, mon roi, dit-il d'un ton plus léger, avec une pointe d'ironie, je vous avais dit qu'elle ne se plierait pas facilement. Elle a l'air bien décidée à secouer un peu les fondations de ce palais, tout comme elle secoue déjà vos certitudes.
Zéphyr haussait légèrement un sourcil, mais rien ne trahissait son agitation, pourtant Rayan sentait qu'il avait touché une corde sensible. Le silence dans la pièce se fit plus pesant. Il le savait : Zéphyr détestait qu'on parle de lui de cette façon, mais il n'en pouvait pas s'empêcher. C'était trop tentant.
- Peut-être même plus que tu ne l'imagines, ajouta Rayan avec un éclat dans les yeux, son ton devenant plus léger encore. Tu t'es toujours entouré de personnes dociles, de ceux qui se soumettent à ta volonté... Mais cette femme... tu vas voir. Elle n'est pas du genre à se soumettre si facilement. Peut-être qu'un jour tu finiras par la détester autant que tu la veut, qui sait ?
Zéphyr serra les poings sous la table, mais sa voix resta calme, presque glaciale, trahissant une certaine exaspération :
- Rayan... Finis-en.
Rayan, implacable, s'approcha davantage, comme si l'énervement du roi ne faisait que nourrir son amusement.
- Finir ? Mais mon roi, je ne fais que commencer, rétorqua-t-il avec une fausse innocence. Peut-être même qu'elle pourrait bien finir par bousculer votre superbe. Vous savez, même un roi a des failles.
Un sourire en coin, il observa Zéphyr, qui, bien qu'impassible en apparence, semblait légèrement contrarié. Il adorait provoquer son ami, tester ses limites, voir jusqu'où il pouvait pousser le roi sans qu'il ne perde totalement son calme. Zéphyr, d'habitude si maître de lui-même, se trouvait désormais agacé par la légèreté de Rayan.
Le roi posa alors lentement ses mains sur la table, fixant Rayan d'un regard perçant.
- Si tu continues à m'irriter ainsi, je n'hésiterai pas à te faire remettre à ta place, lança Zéphyr d'un ton sec, mais toujours mesuré. La prochaine fois, tu feras attention à ton attitude.
Rayan, légèrement désarçonné par l'intensité du regard du roi, recula d'un pas, mais son sourire ne disparut pas. Au contraire, il s'élargit. Il adorait provoquer cette réaction chez son ami.
- Oh, mais tu es si sérieux, Zéphyr ! Tu vas vraiment te vexer pour si peu ? Détend-toi un peu. Ce n'est qu'une femme, après tout.
Zéphyr, bien que l'énervement visible dans ses yeux ne fût pas évident pour la plupart, ne pouvait plus masquer son exaspération. Rayan avait réussit à l'atteindre cette fois-ci.
- Va-t'en, Rayan, dit-il froidement, tout en se levant, prêt à se détourner de la conversation.
Rayan, pourtant, ne pouvait s'empêcher de rire sous cape, à la fois moqueur et compatissant.
- Très bien, très bien. Mais je te préviens, cette femme ne sera pas aussi facile à gérer comme tu le penses. Et tu vas bientôt découvrir que parfois, un peu de résistance peut rendre les choses bien plus intéressantes.
Et sur ces mots, Rayan quitta la pièce, mais pas sans jeter un dernier regard malicieux à Zéphyr, qui resta là, perdu dans ses pensées, l'esprit légèrement perturbé par la suite des événements.
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Sous les cieux du désert
Lãng mạnArianna Calico, écorchée par un passé dur comme le fer, trouve refuge dans les pages silencieuses d'une bibliothèque, son seul sanctuaire. Chaque livre est un souffle qui calme ses blessures invisibles. Zéphyr Al Eydhar, cheick redouté, forge des lé...