Chapitre 9

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Zéphyr, encore debout au milieu de la liesse générale, sentit son esprit vaciller. La silhouette d'Arianna dans la foule le hantait, telle une présence qui refusait de disparaître. Il tenta de chasser cette obsession irrationnelle, mais chaque fois qu'il clignait des yeux, elle était là, son image gravée dans sa mémoire, éclatante sous le soleil du désert. Pourquoi cette femme, rencontrée brièvement dans un jardin à l'autre bout du monde, perturbait-elle autant son calme habituel ?

À côté de lui, Rayan, son imposant compagnon de toujours, le regarda en coin. Il connaissait Zéphyr mieux que quiconque et sentit immédiatement que quelque chose n'allait pas. Le roi de Zhéhar, d'habitude si imperturbable, semblait distrait, presque tourmenté.

- Ce n'est pas tous les jours que tu baisses ta garde, Zéphyr. Que se passe-t-il ? demanda-t-il d'une voix faussement innocente, un sourire amusé se dessinant sur ses lèvres.

Zéphyr, en entendant la question, s'efforça de masquer son trouble. Ses yeux, sombres et insondables derrière son masque, se posèrent sur Rayan.

- Rien qui ne mérite ton attention, Rayan. Occupe-toi plutôt de savourer cette victoire, répondit-il d'un ton glacé, tranchant comme un vent hivernal.

La réponse fit éclater de rire Rayan, qui s'amusa davantage encore de cette réaction distante. Il adorait taquiner Zéphyr, mais aujourd'hui, quelque chose l'intriguait particulièrement.

- Oh, je vois, c'est donc ça, la froideur royale ? Quelqu'un a dû piquer ton cœur de pierre, mon ami. Il secoua la tête en riant, avant de jeter un regard vers la foule, feignant de chercher la source du trouble.

Zéphyr, d'habitude maître de ses émotions, sentit un éclair de colère monter en lui. Son masque de froideur se fissurait sous la plaisanterie incessante de Rayan. Il se contenta de croiser les bras, essayant de regagner son calme, mais l'ironie dans la voix de son compagnon le fit bouillir.

- Continue donc à jouer avec le feu, Rayan, et tu découvriras que même les plus loyaux amis peuvent être étouffés par la tempête, rétorqua-t-il avec un sourire qui n'avait rien d'amical.

Mais Rayan, loin de se laisser impressionner, éclata de rire une nouvelle fois, secouant la tête avec insouciance.

- Une tempête ? Vraiment ? Alors que je te connais comme si tu étais mon frère ? Il n'y a que deux choses qui peuvent troubler un homme comme toi : le pouvoir ou une femme.

Zéphyr, pris de court par cette remarque, sentit son regard glisser malgré lui vers Arianna, à nouveau perdue dans la foule. Ce fut un geste involontaire, presque instinctif. Une fraction de seconde, et pourtant Rayan le capta immédiatement. Il n'était pas né de la dernière pluie.

- Ah... je vois, murmura Rayan en se penchant vers lui, son sourire s'élargissant de plus en plus. Ce n'est pas la victoire qui te tracasse, n'est-ce pas ? Cette blonde dans la foule...

Zéphyr se raidit. Son regard, d'habitude si implacable, devint glacial, presque menaçant. Mais l'amusement de Rayan ne faiblissait pas.

- Je ne l'avais pas remarqué avant, mais maintenant que je la vois, je comprends pourquoi tu es si distrait. Elle est charmante, non ?

L'envie de le faire taire, de l'étrangler même, traversa soudain Zéphyr avec une violence qu'il n'avait jamais ressentie envers son fidèle ami. Rayan continuait de parler, ses plaisanteries devenant de plus en plus acérées.

- Fais attention, Zéphyr, tu risquerais de faire quelque chose d'irréparable pour une jolie tête blonde. Tu sais, les femmes ont un don pour faire perdre la tête même aux plus puissants. Je parie qu'elle te regarde en ce moment, se demandant qui est ce roi mystérieux qui cache son visage derrière un masque.

Sous les cieux du désert Où les histoires vivent. Découvrez maintenant