Salima s'inclina avec une grâce impeccable, ses gestes mesurés comme un reflet de son respect pour le roi. Elle adressa un dernier sourire réconfortant à Arianna avant de reculer silencieusement, se fondant dans l'ombre du couloir pour laisser les deux seuls dans le bureau. La porte se referma doucement derrière elle, isolant Arianna dans cette pièce immense, intimidante, baignée d'une lumière dorée et tamisée. Elle sentit son cœur battre à un rythme frénétique.Lui, ce roi dont elle ignorait presque tout, semblait absorber toute la lumière et la rendre glaciale. Il se tenait près de la fenêtre, une silhouette imposante et magnétique, le dos tourné à elle. Lorsqu'il pivota enfin, son visage se dévoila sous la lueur chaude des chandelles, révélant des traits ciselés, presque durs, mais paradoxalement fascinants. Arianna sentit un frisson lui parcourir l'échine, partagé entre une crainte instinctive et une admiration irrépressible. Elle ne s'était pas attendue à être en présence de quelqu'un d'aussi impressionnant, aussi magnétique.
Zéphyr la fixait maintenant, ses yeux perçants plantés dans les siens, un regard d'acier presque irréel, glacé et impénétrable. Aucun sourire n'adoucissait son expression ; elle avait l'impression d'être percée à jour, disséquée, comme s'il analysait chaque nuance de son visage, chaque tressaillement. Pourtant, elle remarqua un éclat indescriptible dans son regard, quelque chose d'infime, peut-être un écho de surprise ou de reconnaissance, avant qu'il ne disparaisse derrière un masque de froideur. À cet instant, elle fut envahie d'une sensation étrange, une impression d'avoir déjà croisé ces yeux-là, quelque part, dans un autre temps, dans un autre lieu.
Zéphyr prit une inspiration discrète, marquant une pause tandis qu'il scrutait le visage d'Arianna. Elle était encore plus belle que dans ses souvenirs de leur rencontre, son allure douce et simple semblait se marier avec l'opulence de la pièce, avec une élégance naturelle qui le troubla malgré lui. Sa peau, éclairée par la douce lumière dorée, paraissait d'une délicatesse qui contrastait avec son propre monde brutal. Mais il chassa rapidement ces pensées d'un battement de cils, adoptant un ton froid, professionnel, qui ne laissait rien transparaître de ses réflexions.
- Mademoiselle Calico, commença-t-il d'une voix profonde et mesurée, que faisiez-vous dans la partie interdite du désert ?
Sa voix, calme et autoritaire, résonna dans l'espace comme une onde contrôlée. Malgré le fait qu'elle soit surprise qu'il ait fait des recherches sur elle, Arianna perçut pourtant une subtilité étrange, quelque chose qui éveillait une sensation presque familière, comme un écho lointain, à la fois rassurant et déroutant. Elle leva les yeux vers lui, cherchant à se défendre, mais troublée par cette étrange résonance dans sa voix, comme si elle avait déjà entendu ce ton auparavant, comme s'il appartenait à un souvenir enfoui.
Elle déglutit, ses mots hésitants mais fermes, se précipitant maladroitement dans le silence.
- Je... je ne savais pas que c'était une zone interdite, répondit-elle, sa voix frêle mais teintée d'une sincérité farouche. Je voulais seulement découvrir le désert, c'était... un rêve d'enfant. Je ne pensais pas... croiser une patrouille.
Un instant, le roi sembla presque imperceptiblement surpris par sa réponse. La simplicité de ses mots déconcertait son esprit habitué aux intrigues et aux justifications complexes. Elle n'avait pas le comportement calculé des espions ou des intrigants ; elle n'était qu'une femme emportée par une fascination innocente pour ce pays et ses mystères, une femme tombée dans son petit piège. Pourtant, il refusa de laisser cette vulnérabilité transparaître, préférant maintenir un contrôle rigoureux sur ses émotions.
- Un rêve d'enfant, répéta-t-il avec un léger froncement de sourcils, comme s'il goûtait ces mots. Vous comprendrez que dans mon royaume, il existe des lieux où les rêves ne sont pas permis.
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Sous les cieux du désert
Roman d'amourArianna Calico, écorchée par un passé dur comme le fer, trouve refuge dans les pages silencieuses d'une bibliothèque, son seul sanctuaire. Chaque livre est un souffle qui calme ses blessures invisibles. Zéphyr Al Eydhar, cheick redouté, forge des lé...