Chapitre 12: Commettre l'irréparable

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Elyo

Les jambes tremblantes, je me tiens à bout de force sur le rebord du meuble vasque de ma salle de bain. Mon regard ancré dans mon propre reflet, je ne supporte plus de voir mon apparence. Les ecchymoses et les différentes coupures m'ont totalement défiguré. Je ne ressemble plus à rien. Je n'arrivais pas à me trouver attirant ou beau avant que je me fasse agresser, mais, aujourd'hui, mon apparence me dégoûte au plus haut point. Mon regard se détourne de mon reflet et se pose sur ma tondeuse, posée à ma droite sur l'étagère. Avec une main hésitante, je la saisis et l'allume doucement, la dirigeant vers la base de mes cheveux. Une larme coule le long de mes joues, je me déteste tellement, j'arrive plus à me regarder. J'inspire profondément et passe la lame de la tondeuse dans mon épaisse chevelure.

Une première poignée de cheveux tombe dans la vasque...

Une deuxième...

Une troisième...

Mes sanglots s'intensifient alors que je continue de raser ma tête de près, mes cheveux roux s'accumulent dans la vasque jusqu'à la remplir presque jusqu'au bord. Une vague de douleur me transperce les jambes, un cri s'échappe de ma bouche alors que mon corps lâche subitement et s'écrase sur le sol carrelé de la pièce.

Tu es vraiment minable Elyo...

La porte de la salle de bain s'ouvre brusquement sur Maria, qui se précipite vers moi totalement paniquer. Elle m'observe sous toutes les coutures, ses mains parcourant doucement mon visage meurtri. La quarantenaire sèche mes joues avec un mouchoir en tissu blanc qu'elle sort de son sac à main, puis  en gardant le silence elle prend la tondeuse qui est encore en marche dans ma main et continue de finir de me raser la tête.

Je suis fatigué...

Je veux juste dormir...

Fermer mes yeux et ne plus jamais les ouvrir.

Mes paupières restent fermées, refusant de croire le regard empreint de compassion, voire de tristesse, de Maria. Enfin, le bourdonnement de la tondeuse cesse. Les bras de ma mère de cœur se referment autour de moi, m'encouragent à continuer de tout lâcher et de me laisser aller. Des sanglots s'échappent de ma gorge et mes larmes se déversent le long de mes joues, je serre contre moi cette femme qui est comme une bouée de sauvetage. Elle me berce contre son corps, et chantonne légèrement une chanson. Merci, Maria...

— Tout va bien, je suis là... murmure-t-elle dans le creux de mon oreille.

Mes sanglots se calment doucement, mon corps a enfin arrêté de trembler, puis Maria m'aide à me relever et m'assoit sur le couvercle de la cuvette des toilettes. Elle pose ses mains légèrement froides sur mes joues et me force à la regarder dans les yeux. Son regard d'un bleu intense s'ancre dans le vert foncé de mes pupilles, elle caresse doucement mon visage et pose ses lèvres rosées sur mon front.

— J'ai vu que le docteur Sullivan vient de partir, et je suis là pour t'aider à te laver.

Je hoche la tête, puis elle se dirige vers la cabine de douche où elle installe une chaise pliante dedans. Maria revient vers moi et m'aide doucement à enlever mes vêtements, mon corps hurle de douleur à chaque mouvement que je fais. Je fuis le regard de cette femme qui a pris une place important dans ma vie, la honte que je ressens me pousse à la fuir comme je le fais avec tous mes proches depuis mon réveil. Lili a été la seule à pouvoir s'approcher réellement, je repousse tout le monde et Maria en fait partie malgré qu'elle soit là pour m'aider à me laver.

Avec beaucoup de difficulté, la mère de mon meilleur ami m'assoit sur la chaise avant de prendre un gant mouillé dans la bassine d'eau qu'elle a rempli quelques minute auparavant. Maria passe doucement un tissu humide sur mon corps en faisant attention à mes pansements qui ne doivent pas se mouiller.

Red Line. Tome 3 :Dans la tête d'ElyoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant