Chapitre 13

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Lyan

Après la dispute avec Adrian, une sensation d'épuisement m'envahit. Il ne comprend pas.

Ou peut-être qu'il comprend, mais il n'accepte pas.

Cette idée me suit pendant des jours, comme une ombre. Adrian veut me protéger, il veut que je reste en sécurité, mais il ne voit pas que je suis déjà en train de me perdre. Dans son regard inquiet, je ne suis plus que quelqu'un de fragile, quelqu'un à surveiller constamment, et ça me tue.

Au lycée, chaque jour est une épreuve. Je sens les regards insistants de mes camarades, les chuchotements étouffés derrière mon dos, les questions maladroites de certains profs.

Adrian m'accompagne, bien sûr, il essaie de faire comme si de rien n'était, mais il est tendu. Ça se voit dans chacun de ses gestes, dans sa manière de me tenir la main trop fort, comme s'il avait peur que je m'échappe.

Je passe mes journées à me battre contre cette image de moi qui m'étouffe. Je suis le "malade", le "faible", celui dont on murmure qu'il pourrait ne pas finir l'année scolaire. Et je ne supporte pas cette image.

C'est pourquoi, malgré la dispense, malgré les consignes du médecin, je continue de faire du sport au lycée. Là, au moins, je me sens vivant. Quand je cours, même si mon cœur bat trop fort, même si la fatigue me gagne plus vite qu'avant, c'est comme si tout ça n'existait pas. Juste moi, l'effort, et le silence autour.

C'est la seule échappatoire que j'ai.

Mais depuis notre dispute, la voix d'Adrian résonne dans ma tête, son regard plein d'inquiétude, sa façon de dire que je me mets en danger. Je le revois, planté devant moi, essayant de me convaincre, et je ne peux pas m'empêcher de ressentir une colère sourde. Une colère contre lui, contre moi, contre cette fichue situation. Je me dis que, pour une fois, je devrais l'écouter, rester prudent.

Mais dès que je me retrouve dans le gymnase, les battements de mon cœur s'emballent et tout ce que je veux, c'est me prouver que cette tumeur ne dicte pas ma vie.

Alors que je me change dans les vestiaires, le professeur s'approche de moi. Il doit avoir remarqué ma fatigue pendant l'échauffement.

- Lyan, tu devrais peut-être t'arrêter pour aujourd'hui, non ? Je sais que tu es dispensé.

Je baisse les yeux, agacé par son ton bienveillant.

- Ça va, Monsieur, je veux juste essayer, répondis-je en essayant de sourire.

Il fronce les sourcils, hésite, mais finit par hocher la tête et s'éloigner. J'ai gagné. Un instant de répit, de normalité.

Mais en pleine séance, alors que je fais des efforts pour suivre les autres, je sens ma tête tourner. Mon souffle devient court, mes jambes vacillent. Je m'arrête un moment, mais je refuse de m'asseoir.

Je ne veux pas m'avouer vaincu.

Pourtant, mes mains tremblent, ma vision se brouille. J'entends des voix, mais elles sont lointaines. Je recule, je trébuche, et quelqu'un attrape mon bras pour m'empêcher de tomber. Tout devient confus. Des visages apparaissent, des mots, des voix qui m'appellent.

Et puis, enfin, le noir.

***

Quand je me réveille, j'entends une voix douce, familière. Adrian est là, penché au-dessus de moi, le visage bouleversé. Ses yeux sont rouges, et je sens qu'il a dû s'inquiéter terriblement. Il murmure mon nom avec une tendresse et une peur que je n'ai jamais entendues chez lui.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 15 ⏰

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