Où est Rose ? Je veux retrouver Rose, ses soupirs, son corps de rêve et ...
Merde c'était un rêve. Un putain de con de rêve.Mais pourquoi ? Pourquoi Rose revient-elle me
hanter depuis que je suis cloîtrée ici ? Jusque dans mes rêves ! J'avais réussi à l'oublier. Ça m'a pris des mois. Des années. J'avais réussi à ne plus pleurer. J'avais renoncé à la retrouver, et même à comprendre comment elle a pu s'évaporer comme un fantôme, sans un mot. Et ce matin les larmes coulent de nouveau, et la douleur au creux de mon ventre n'a plus rien à voir avec mon coccyx. Je suis sûre que c'est cet endroit qui me file le bourdon. J'en peux plus.- Sœur Marie-Isabelle, il faut que je parte d'ici !
- Je sais, je sais, vous me le rététez chaque matin. Mais je fais pas des miracles moi ! Je suis nonne, pas sainte. Enfin pas encore.
- Combien de temps encore avant que je puisse me lever ?
- Ça fait déjà un mois, maintenant vous pouvez essayer de faire quelques pas. Ensuite il faudra faire un peu de Kenisitipartie. Des mouvements pour assouplissant vous voyez ?
Elle accompagne ses explications d'un balancement du bassin, pour que je comprenne bien. La Kenisitipartie pour les nuls.
- Ok je vois, faut que je mette à la salsa quoi.
Elle pouffe dans sa cornette.
- J'ai jamais vu de salsa pareille. En tout cas, vous êtes jeune, ça devrait pas prendre plus d'un mois.
- Un mois encore ! Mais je vais devenir chèvre avant.
- Moi ce que j'en dis ...
- Et mes fringues ? Marie-Alice a dit qu'elle devait les raccommoder.
- Alors voyez ça avec Marie-Alice.
- Comment ? Elle ne vient jamais me voir.
- Ah, pourtant elle parle souvent de vous. Je vais lui dire de passer si vous voulez. Allez faut que je file maintenant !
Comme chaque matin, sœur Marie-Isabelle s'éclipse en un instant, me laissant seule avec mes pensées. Je retourne mon problème dans tous les sens, mais pour comprendre ce qu'il s'est passé, pour fuir mon passé, je dois me casser. Et Marie-Alice est la clé. Non seulement elle détient mes frusques, mais en plus elle est le seul lien avec cette soirée maudite. Il faut que j'en sache plus sur la tenancière du bar et que je lui extorque son 06.
Putain j'arrive pas à réfléchir avec le boucan d'Adélaïde et de son cheval. On devrait supprimer les mercredis. Qu'est-ce que je disais ? Il faudrait que j'appelle Karen. Ah ben non. Mauvaise idée, son téléphone est peut-être sur écoute, si la police a débarqué après mon évacuation. Donc il me faut le 06 de la barmaid. Mais d'abord celui de Marie-Alice. Attend, ça a des téléphones les bonnes sœurs ? Elles sont en communication directe avec le bon Dieu, ça m'étonnerait qu'elle se fasse chier avec un forfait hors de prix. Bon sang Adélaïde, mets une muselière à ton cheval !
Adélaïde. Téléphone. Haut-parleur. Musique.
Un plan d'enfer trace sa route entre mes neurones. Cette fois je te tiens Marie-Alice !
Étape un, se lever. Allez c'est l'occasion de tester la solidité de ce coccyx. Les cinq minutes nécessaires à l'opération calment à peine mes ardeurs. Ça grince, ça coince, ça pince, mais je me tiens enfin debout au milieu de la chambre qui ne me semble plus si grande.
Allez hop, étape deux. Hop, c'est un peu ambitieux. Finalement, c'est joli aussi de boiter. Pas super efficace, mais ça fait le job. Au bout de dix gémissements et vingts « bordel », j'atteins la poignée de porte.
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Confession intime
Historia CortaQuand Julia se réveille dans un couvent, la gueule en vrac et sans aucun souvenir de sa soirée, elle comprend que la vie la punit enfin d'avoir abusé des jolies filles et de l'alcool. Entre une bonne sœur déjantée, une infirmière formée au bouche à...