10. Sauvée par la bande

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Et la routine continue. Ça fait une semaine maintenant que les flics ont débarqué, et je suis toujours au même point.

- Sœur Marie-Angelique, il est l'heure ! Réveillez vous !

Gnagnagna, pansement, kiné. Puis Gnagnagna « les laudes, je dois filer », puis bla-bla-bla Marie-Beatrice et ses histoires déjantées. Puis le repas, la petite sieste et l'attente ... interminable. Le seul point positif, c'est que je marche de mieux en mieux, et que mon visage est presque totalement cicatrisé.

Chaque jour, l'arrivée d'Adélaïde représente ma petite bouffée d'espoir. L'espoir d'être enfin tirée d'affaire. Mais surtout l'espoir qu'elle m'apporte des nouvelles de Rose.

Au troisième jour, la petite est entrée comme une tornade en criant « ça y est, elle bande ! ». Mon cerveau a buggé un moment avant de comprendre. « Elle A les bandes ». C'est fou ce qu'une seule petite lettre bien placée peut changer des choses.

- Enfin ! Excellente nouvelle, je vais préparer mes affaires pour partir alors !

- Ah ben non. Marie-Alice a dit que tu devais attendre d'être sûre que la police avait retrouvé la méchante qui veut te tuer.

- Vu comme ça, ce serait un peu dangereux de partir. Mais tu sais, je crois pas qu'elle voulait vraiment me tuer.

- En fait Marie-Alice a dit qu'il fallait attendre que la police abandonne les intestigations. Mais comme je sais pas ce que ça veut dire, j'ai un peu inventé. Elle a aussi dit que Karen s'occupait de tout, et que c'était presque bon. Tu vois, tu vas bientôt pouvoir partir. Mais quand même moi je suis triste que tu partes. Ça veut dire que je vais plus pouvoir écouter la musique.

- Karen, c'est ma meilleure amie. Et moi aussi je suis triste de partir. Mais si Karen s'occupe vraiment de tout, peut-être bien qu'on pourra bientôt se revoir, et même écouter de la musique ensemble.

- Ah ouais cool, on refera Adelastic girl, et puis je t'apprendrai mes chorés, d'accord ?

- C'est promis. On vivra plein d'aventures passionnantes, ça va être super. Et euh ... est-ce que Marie-Alice est triste que je parte ?

- Marie-Alice elle parle plus de toi. Depuis qu'il y a eu la police, elle est tout le temps triste. Elle fait semblant que c'est pas vrai, mais tu sais je vois bien qu'elle a souvent les yeux rouges.

Putain, je vais monter la voir. Je m'en fous des portes, des lois, des « oublie-nous ». Je vais tout défoncer, et la prendre dans mes bras. Je vais lui dire que tout va s'arranger, même si j'en sais rien.
Ben ouais c'est ça le problème. J'en sais rien. Tant que je suis coincée ici, j'en sais rien. Alors j'ai rongé mon frein, encore une fois.

Et c'est comme ça que j'ai laissé passer les jours, un à un, sans rien faire. Les bras vides et ballants.

Ce soir comme tous les soirs, le hennissement d'un cheval imaginaire annonce l'arrivée d'Adélaïde. Comme tous les soirs mon cœur accélère un peu plus. Et cette fois j'ai raison.

- Ça y est, la police a arrêté la folle du bar, et tu es libre !!!

Merde, j'y crois pas. Au lieu de me réjouir, la nouvelle me laisse un peu désorientée.

- Tu es sûre ? Je peux partir ?

- Oui, c'est même la mère supérieure qui l'a dit. Elle a dit que tu pouvais partir dès maintenant, si tu veux.

- Bon. Bien. Ben ... je vais préparer mes affaires alors. Et, euh ... au revoir ma biche.

- Mais tu reviendras me voir pas vrai ? Tu l'as dit l'autre jour.

Confession intimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant