Je vois à ses yeux qu'il est redevenu un peu plus lucide qu'il y a quelques heures, mais l'alcool ne s'est sûrement pas totalement dissipé. Alors je me retrouve à le faire s'asseoir sur mon canapé, méfiante de ce qu'il peut bien avoir à me dire ou de ce qu'il vient faire là. J'en suis presque inquiète pour lui, et un peu pour moi...
— Jace, qu'est-ce que tu fais ici à cette heure-là ? je demande doucement, croisant les bras, autant pour marquer de la distance que pour calmer mes propres tremblements.
Il s'appuie contre le dossier du canapé, ses épaules s'affaissent comme si le poids du monde pesait sur elles. Il ne répond pas tout de suite. Ses doigts jouant nerveusement avec l'ourlet de sa chemise. Puis il lève les yeux vers moi, et pour une fois, ce n'est pas un regard plein de colère ou de sarcasme. C'est autre chose.
— Je savais pas où aller, murmure-t-il enfin, sa voix rauque et tremblante.
— Chez toi, peut-être ? dis-je avec une pointe d'ironie, incapable de contenir mon mécanisme de défense.
Il esquisse un sourire amer.
— Ouais, chez moi... Mais ça ne m'aurait pas aidé.
— Aider pour quoi ? insisté-je, un peu plus curieuse cette fois.
Il se passe une main dans les cheveux, un geste maladroit qui trahit son inconfort.
— Je voulais juste... parler, dit-il enfin.
Je reste silencieuse, mon esprit en alerte. Cette scène est tellement inhabituelle. Jace ne cherche jamais à parler. Pas comme ça, pas avec moi.
— Parler ? répétait-je. Tu débarques chez moi en plein milieu de la nuit pour ça ?
Il hoche la tête, fixant un point invisible sur le sol.
— La soirée... commence-t-il, hésitant. Ça m'a fait réfléchir.
Son ton est grave, et je sens une vague de panique monter en moi.
— Réfléchir à quoi ?
Il relève les yeux, et cette fois, ils sont plantés dans les miens avec une intensité presque douloureuse.
— À toi, Ava. À nous.
Ces mots me frappent comme une gifle. Je reste figée, incapable de répondre. C'est comme si une tempête avait éclaté dans mon esprit, éparpillant mes pensées dans tous les sens.
— Je sais pas ce que ça veut dire, poursuit-il, sa voix plus basse, presque un murmure. Mais j'arrête pas de penser à toi. Et je déteste ça.
Il appuie ses coudes sur ses genoux et enfouit son visage dans ses mains.
— Jace...
Je ne sais pas quoi dire. Mon nom sur ses lèvres, cet aveu à moitié prononcé, tout cela me bouleverse.
– Avec tout ce qu'il s'est passé, toute cette haine qui s'est construite après que tu nous ai tous ghosté... Je me demande encore comment Sean a fait pour te pardonner alors que...
— Pourquoi Sean aurait-il besoin de me pardonner ? je demande soudainement en oubliant totalement ce qu'il s'apprêtait à me dire.
Jace me regarde, un peu agacé et confus. Mais je ne comprends pas bien ce qui le fait être comme ça. Je sens que je vais en découvrir un peu plus sur cette affaire avec Sean. Mon regard ne le quitte pas, mais je sens mes défenses vaciller sous le poids des mots sur le point de sortir.
— Pourquoi Sean aurait-il besoin de me pardonner ? je répète, ma voix plus ferme, tranchant l'atmosphère comme un coup de couteau.
— Laisse tomber, Ava, lâche-t-il, sa voix plus sèche cette fois.
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Entre les prises
RomanceCette histoire est la suite de ma fiction Un Simple Tournage. Si vous ne l'avez pas encore lu, je vous conseille fortement de la lire avant de commencer celle-ci. Plusieurs mois sont passés depuis le départ d'Ava. Tout à Los Angeles lui manque, ses...