Sous la pluie, dans l'ombre des regrets

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Je marchais dans les rues, le sac à l'épaule, mes pensées s'emmêlant dans un brouillard de colère, de peur et de désespoir. Chaque pas me semblait plus lourd que le précédent, mais une idée claire me maintenait debout : je devais voir Owen. Il était mon seul point d'ancrage, ma seule lumière dans ce chaos. Mes parents m'avaient rejeté. Justine m'en voulait. Mais Owen... Owen comprenait. Du moins, je le pensais.

Quand j'arrivai devant sa maison, le ciel s'assombrissait, des nuages lourds menaçant de pleurer leur pluie sur moi. Je pris une profonde inspiration avant de frapper à la porte. Mes mains tremblaient légèrement. Ce n'était pas la fatigue, ni le froid. C'était la peur qu'il ne me pardonne pas.

La porte s'ouvrit rapidement, et je levai les yeux, un mince espoir dans le cœur. Mais ce que je vis me glaça. Ava se tenais là, car oui, Owen logeait toujours chez sa meilleure amie. Les bras croisés, son regard habituellement doux maintenant dur comme de la pierre. Elle me fixa, silencieuse, pendant ce qui sembla une éternité.

— Qu'est-ce que tu fais ici, Aaron ? lança -t-elle finalement, d'un ton qui me fit reculer d'un pas.

Je restai figé, incapable de répondre immédiatement. Ce n'était pas l'accueil que j'avais imaginé. Pas du tout. 

-Il est là Owen ? 

-Il ne veux plus jamais te revoir alors ne reviens plus. 

Elle ferma la porte mais je l'empêchais de la fermer complètement en mettant mon pied. 

-S'il te plaît laisse moi le voir je dois lui parler. 

Owen apparaît derrière Ava. 

— Owen... je... Je suis parti. De chez moi. Mes parents... Je leur ai dit pour toi. Pour nous.

Je m'entendais balbutier ces mots, cherchant un soupçon de compréhension dans ses yeux. Mais il n'y avait rien, rien d'autre qu'un froid détachement.

— Et alors ? répliqua-t-il, implacable. Tu veux quoi, que je te félicite ? Que je te prenne dans mes bras et que tout redevienne comme avant ?

Sa voix était tranchante, chaque mot comme une lame. Je déglutis, essayant de calmer mon souffle, mais son ton me déstabilisait complètement.

— Non, ce n'est pas ça... Je voulais juste... Je pensais que tu comprendrais. Que je pourrais...

Je m'interrompis, incapable de mettre mes pensées en ordre. Owen secoua la tête, un rire amer franchissant ses lèvres.

— Comprendre quoi, Aaron ? Que tu viens ici parce que tu n'as plus personne ? Parce que tes parents t'ont foutu dehors et que maintenant, tu te rappelles que j'existe ?

— Ce n'est pas ça, dis-je, ma voix presque suppliante. Je suis venu parce que je tiens à toi, Owen. Parce que je veux être avec toi.

Ses yeux s'assombrirent encore plus, et il se passa une main dans les cheveux, visiblement agacé.

— Arrête, Aaron. Arrête de dire des trucs que tu ne penses même pas. Justine m'a tout raconté.

Je sentis mon cœur s'arrêter une seconde. Justine ?

— Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? demandai-je, paniqué.

— Ce qu'il fallait pour que je comprenne qui tu es vraiment. Que tu joues avec les gens. Que tu ne sais pas ce que tu veux, et que tout le monde finit par souffrir à cause de toi. Justine, tes parents, moi...

— Owen, ce n'est pas vrai ! Je ne joue pas avec toi ! Je n'ai jamais joué avec toi !

Mais il ne voulait pas m'écouter. Son visage était fermé, inaccessible.

— Tu dis ça maintenant, parce que tu es coincé, Aaron. Mais qu'est-ce qui se passe demain ? Ou dans une semaine ? Tu vas encore fuir, encore te cacher derrière quelqu'un d'autre ?

Je secouai la tête, désespéré.

— Non. Je suis ici, Owen. Je suis là parce que je t'aime. Parce que je suis fatigué de fuir, de mentir. Je veux que tu sois ma vérité.

Je crus voir une lueur passer dans ses yeux, mais elle disparut aussitôt, remplacée par une froide résolution.

— C'est trop tard, Aaron, murmura-t-il, et ces mots me frappèrent comme un coup de poignard.

— Non ! s'il te plaît, laisse-moi te prouver que je peux changer, que je peux être meilleur...

— Je n'ai pas envie de souffrir à cause de toi, Aaron, coupa-t-il. Et c'est exactement ce qui va arriver si je te laisse entrer. Alors non. Pas cette fois.

Il referma la porte, me laissant seul dans le froid, avec seulement le bruit de la pluie qui commençait à tomber.

Je restai là, sous la pluie, incapable de bouger. Les gouttes ruisselaient sur mon visage, se mêlant aux larmes qui coulaient librement maintenant.

Owen était ma dernière chance, ma bouée dans cette tempête. Et je l'avais perdue.

Pour la première fois depuis des années, je me sentis complètement, irrémédiablement seul. La pluie tombait dru maintenant, trempant mes vêtements et alourdissant mon sac déjà plein de regrets. Je restais planté devant la porte d'Ava espérant un miracle, espérant qu'il revienne sur sa décision, qu'il réouvre la porte pour me tendre la main. Mais rien ne vint, si ce n'est le martèlement incessant des gouttes sur le sol.

Je me forçai à bouger. Rester là n'arrangerait rien, et la colère qui grandissait en moi menaçait d'éclater. Colère contre mes parents, contre Justine... contre moi-même. C'était ma faute. Owen avait raison : je fuyais toujours mes responsabilités, et je m'étais imaginé que tout irait bien parce que je le voulais. Mais la réalité était tout autre.

Je marchai sans but à travers la ville, le froid s'infiltrant jusqu'à mes os. Les lumières des lampadaires formaient des halos tremblotants dans l'eau qui ruisselait autour de moi. Les rues étaient désertes, et je me sentais aussi vide que l'espace qui m'entourait. Je pensais à Owen, à son regard blessé. Comment avais je pu lui faire ça ? Il avait été là pour moi depuis le début, m'avait offert son amour, sa patience, et tout ce que j'avais fait, c'était le repousser. Je m'arrêtai sous un abri de bus, posant mon sac au sol. Je voulais réfléchir, mais mes pensées tournaient en rond. Justine. Elle avait été la goutte d'eau. Elle m'avait trahi en parlant à Owen. Mais pouvait-on vraiment parler de trahison ? Elle n'avait fait que dire la vérité, même si elle avait probablement ajouté ses propres blessures à l'histoire.

Je sortis mon téléphone, hésitant un instant. Mon pouce tremblait alors que je scrollais jusqu'au nom d'Owen dans mes contacts. Je tapai un message, mais le relire me fit mal.

"Owen, je suis désolé. Je t'aime. S'il te plaît, réponds-moi."

J'hésitai à l'envoyer. Ce serait probablement inutile, mais je le fis quand même. Je restai là, à attendre une réponse, scrutant l'écran comme un naufragé cherche une lueur dans la nuit. Mais aucune notification ne vint.

Une voiture passa à toute vitesse, éclaboussant d'eau le trottoir. Je reculai d'un pas, le cœur serré. Je n'avais plus nulle part où aller. Je ne voulais pas retourner chez mes parents. Ils m'avaient laissé comprendre très clairement que je n'avais plus de place chez eux. Et Owen...

Je me levai brusquement. Je ne pouvais pas rester là à me lamenter. Si je voulais qu'Owen me pardonne, qu'il me donne une autre chance, il fallait que je prenne les choses en main. Mais par où commencer ?

Une idée me vint. Si je ne pouvais pas le convaincre avec des mots, peut-être pouvais-je lui montrer que je changeais, que je pouvais affronter mes erreurs. Mais pour cela, il fallait d'abord parler à Justine.

Entre nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant