La forêt des souvenirs

Chapitre 16

15 décembre 2024

-Qu'est-ce que tu as fait ? cria une nouvelle fois Eylé en plaquant la jeune fille contre le mur.

Une larme coula le long de la joue du jeune homme, alors que celles de Noël étaient déjà trempées malgré qu'elle soit toujours sous le choc.

-Tu... Me fais mal au bras, parvint-elle à dire entre deux sanglots.

Il ne la lâcha pas, et ce fut Mandraa qui réussit à le calmer en posant sa main sur son avant-bras.

-Eylé... Lâche-la.

Il ne réagit pas tout de suite, ses yeux plantés dans ceux de Noël. Elle pouvait y déceler tellement d'émotions contradictoires que ça la chamboulait. Et enfin, il retira sa main de sa prise et vint poser sa tête sur son épaule. Ses mains glissèrent le long de ses bras et vinrent prendre ses mains, ce simple contact rendant perplexe leurs camarades.

-On va voir ce qu'il y a au bout, dit Noraï qui commençait peu à peu à reprendre ses esprits.

Elle attira Mandraa vers elle qui se laissa embarquée, laissant Noël et Eylé seuls en tête à tête.

-Eylé... souffla Noël. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, ce n'était pas moi, je n'ai pas voulu lui faire ça, je....

-Chut, l'arrêta Eylé après avoir relevé la tête et avoir posé son doigt sur ses lèvres pour la faire taire, un mouvement qui ne déplut pas à la jeune fille.

Il se regardèrent longtemps, bien 1 ou 2 minutes sans rien dire, se jaugeant du regard.

-Je suis désolée, dit finalement Noël.

-Non c'est moi qui suis désolé, la reprit Eylé. Je suis désolé pour tout ce qu'il t'arrive, pour ces gens qui tentent de te tuer, pour ce pouvoir qui te contrôle et pour ne pas avoir été là avec toi, à sa place. Je suis désolé...

Elle posa sa main sur sa joue, et il eut d'abord un petit frisson au contact de sa peau froide, mais se laissa rapidement faire malgré tout.

-Arrête de t'excuser pour rien, chuchota Noël.

Eylé eut un petit rire nerveux :

-La situation est quand même très... Critique.

-Ouais.

Les deux collèrent leurs fronts et synchronisèrent leurs respirations sur un même rythme.

-Tu veux bien m'embrasser ? demanda d'une voix basse le jeune homme. 

-Si c'est toi qui demande.

Noël s'avança lentement, vérifiant une dernière fois qu'Eylé n'avait pas changé d'avis. Il ne bougea pas, aussi colla-t-elle délicatement ses lèvres aux siennes. Elle enroula ses bras autour de son cou et lui autour de ses hanches. Leurs corps se rapprochèrent alors que leur baiser se faisait plus intense. Ils semblaient coupés du monde, rien que tout les deux, leurs bouches et leurs coeurs sellés. 

-Eh, les amis ! cria soudain Noraï au loin, les détachant une nouvelle fois. Venez voir ça !

Les deux amoureux se regardèrent, les joues rouges, embarrassés.

-Décidément, ils se sont passés le mot pour nous interrompre ! 

Noël ne sourit que légèrement à la plaisanterie de son camarade. Tchan n'aurait pas pût... Il n'en a pas eut le temps. 

-Vous dépêchez pas surtout ! les pressa la femme au bout du couloir.

Eylé leva les yeux au ciel et tendit sa main d'un geste galant à sa camarade. 

-Prête Angelinette ?

Ce surnom lui réchauffait le coeur à chaque fois d'un sentiment familier dont elle ne connaissait pas l'origine. Mais cette fois-ci, elle décida de ne pas s'en préoccuper et se contenta de prendre sa main en échange et de se laisser guider par ce bel homme blond en qui elle avait tant confiance. Il ne leur fallut que très peu de temps pour rejoindre leurs deux autres compagnons qui les attendaient devant une porte en bois massive. 

-Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Noël.

-Il n'y a qu'un moyen de le savoir, sourit Noraï.

Malgré la perte de leur camarade, elle semblait heureuse. Heureuse d'avoir enfin trouvé une issue, une réponse à ses interrogations et ses recherches, et surtout, heureuse d'avoir enfin l'espoir de tout régler.

-On ne va donc rien dire sur ce qu'il s'est passé ? demanda pourtant Eylé, décidant de gâcher son enthousiasme. 

-On ne peut pas revenir en arrière, lui rappela le lutin d'une voix douce. Et la situation est trop grave et pressée pour qu'on ait le temps d'en dire quelque chose. Je sais que c'est difficile, c'était votre ami, j'en ai moi même perdu. Mais on ne peut rien faire, on ne peut qu'avancer. Il n'aimerait pas qu'il vous arrive la même chose. Tchan aurait préféré que vous vous en sortiez.

Un silence de mort s'installa, et Noël eut peur qu'Eylé rétorque d'aller le chercher. Ce qu'il ne fit pas, et ce fut Mandraa qui parla, à la surprise générale.

-Allons voir ce qu'il se trouve derrière cette porte pour lui. Et pour nous.

Noraï hocha la tête tout en souriant. Elle lui prit la main, et elle échangèrent un regard long mais pleins de mots silencieux comme Eylé et Noël s'en échangeaient souvent. Ces derniers approuvèrent à leur tour, et le jeune homme posa sa main sur la poignée.

-A trois ? 

Ce n'était pas une question qui demandait une réponse, aussi commença-t-il le décompte. Le reste du groupe retenait leur respiration, attendant qu'il abaisse la poignée. A trois, la porte s'ouvrit.