Chapitre 13

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_ Coucou ma chérie !

_ Coucou maman, comment ça va ?

J’essayais d’appeler ma mère au moins une fois par semaine, et d'aller à Foix au moins une fois par mois. Il faut dire que j'étais très proche d’elle, et j’adorais passer du temps avec elle au téléphone.

_ Ça va bien mais je suis un peu stressée… j’ai un entretien d’embauche !

_ Oh trop bien ! Ce serait pour bosser où ?

Je l'écoutais tranquillement décrire la structure où elle souhaitait travailler. Ma mère, Hélène, faisait partie de ces cinquantenaires qui avaient fait toute leur vie un travail par obligation, et non par plaisir. Elle avait fait une grosse dépression il y a deux ans suite à un burn-out, et depuis qu’elle s'était soignée, elle allait beaucoup mieux. Et surtout, elle avait suivi une formation professionnelle pour devenir assistante de secrétariat médical. Son titre pro en poche, elle était maintenant prête à entrer dans ce nouveau monde du travail, et j'étais vraiment heureuse pour elle.

_ Ça a l'air très chouette, je croise les doigts pour toi ! Comment va papa ?

_ Il va bien ! Tu le connais, toujours au magasin. Mais il va prendre quelques semaines de congé en décembre.

Mon père, Mark, était libraire dans le centre-ville de Foix. Sa librairie était surtout spécialisée dans les livres anglophones, et il faisait aussi beaucoup d'envoi en France. Il était donc libraire et préparateur de colis en même temps, et il aimait beaucoup ça, même si ça prenait beaucoup de temps.

_ D’ailleurs, ajouta ma mère, tu as des vacances toi ?

_ Attends, je regarde mon planning.

Jusqu'ici allongée dans mon lit, je me levai pour me rendre à mon bureau, et allumai mon ordinateur rapidement.

_ Yep j’ai la dernière semaine de décembre et la première de janvier. On fête Noël chez mamie et papi cette année ?

_ Oui c'est ça.

L’organisation des futures vacances prit beaucoup de temps. Toute la famille de ma mère habitait dans la région ariégeoise, et on aimait tous se regrouper dans la grande maison de mes grands-parents pour les fêtes de fin d'année. Mon père venait toujours avec plaisir, puisque ses parents et lui étaient fâchés depuis de nombreuses années. La famille de ma mère était donc sa famille à lui maintenant, et c'était super comme ça. Après presque trois quarts d’heures à regarder les trains pour réserver le moins cher et discuter du Secret Santa habituel, ma mère me demanda :

_ Bon et sinon, quoi de beau ? Les cours se passent bien ? Comment vont Jeanne et les autres ?

Comme à chaque appel, je lui fis un petit compte rendu de ma vie et de celles de mes colocs, en omettant juste mes histoires de cœur - et de cul -. Autant ma famille avait accepté sans souci mon homosexualité, autant ils avaient du mal avec le concept de sexfriends. Ma mère savait que je côtoyais plusieurs femmes en même temps, mais elle préférait ne pas trop en parler. Elle m'avait juste dit, un jour, que si je retombais amoureuse, elle souhaitait être au courant. Le “reste”, comme elle dit, n'était que ma vie intime et il était normal de la garder pour moi.

_ C’est génial ma chérie que tout le monde aille bien. Je suis désolée, je vais devoir te laisser, je vais continuer à préparer mon entretien pour demain. Tu penses venir à la maison avant Noël du coup ?

_ Je ne pense pas, je n’ai vraiment pas la foi de prendre le train en ce moment, il est toujours en retard et bondé…

_ Il serait peut-être temps de passer le permis, jeune fille…

_ Quand j’aurais de l’argent de côté, promis. Bisous ma maman, bon courage pour ton entretien demain ! Tu m’envois un message quand tu as la réponse ?

_ Oui bien sûr ! Au revoir ma Tanouille, je t’aime.

_ Je t’aime aussi maman.

Et je raccrochai, heureuse. Dire ces trois mots à ma famille n'était pas du tout difficile ou étrange, pour moi. Il m’était vraiment important de dire à mes proches que je les aime. Mais c'est vrai que là, quand je savais qu’on n’allait pas se voir avant un moment, c'était encore plus important. Si jamais il arrivait quelque chose à ma mère ou à moi avant notre prochaine rencontre, notre dernière phrase serait “Je t’aime”, et c'était la meilleure chose à se dire avant de se quitter. Regardant machinalement mon téléphone après être sortie de l’application Appel, je vis un message Instagram qui me fit sourire.

Alix : Je suis tellement désolée Tania de n’avoir pas été dispo ces derniers temps ! Pour m'excuser, je t'offre ce que tu veux au café où je bosse, ça te dit ? Dimanche prochain ça te va ?

Moi : Pas de souci ! Hâte de te voir !

Bac-8 en amour (Histoire lesbienne)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant