Chapitre 4

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Je bois mon café, qui a visiblement été réchauffé, et je continue ma tâche en me replongeant dans mes pensées. J'ai pris mon poste il y a quinze jours. J'ai rencontré le P.-D.G. le jour de mon arrivée, et je l'ai croisé à peine quelques fois. Jusqu'à maintenant, jamais il ne m'avait adressé plus de deux mots, alors pourquoi aujourd'hui un tel revirement de situation ?

Barbara me rejoint en courant, les yeux écarquillés :

— Tu ne devineras jamais ce qui vient de se passer pendant que tu faisais tes photocopies ?

— Ben, accouche ! Je ne vais pas me tuer à chercher si tu penses que je ne trouverai pas !

— Pffff ! Parfois, t'es vraiment nulle comme copine. Enfin, c'est un tel scoop que je ne pouvais pas attendre une seconde de plus pour te le dire.

— Vas-y racontes, tu m'intéresses !

— Beckham vient de virer Madame Pimbêche !

— Quoi ?!?

— Je ne sais ce qu'ils se sont dit, toujours est-il que Madame Pimbêche est en train de ranger ses affaires dans un carton et que Beckham est remonté un max ! Mince, le voilà. Je file reprendre mon poste. Je ne veux pas être la prochaine à dégager !

Barbara repart aussi vite qu'elle était arrivée. Noah Beckham passe devant moi, me sourit, puis disparaît dans le couloir. Pour quelqu'un d'énervé, il m'a plutôt semblé cool. Ce type est vraiment une énigme...

Je retourne à mon bureau et je range rapidement les dossiers que Cathy m'avait confiés. Barbara est au téléphone et me fait de grands gestes en direction du bureau de la pimbêche qui termine de ranger ses affaires. Elle n'arrête pas de me lancer des regards noirs que je suis incapable d'interpréter, mais, comme je la déteste et qu'elle est virée, je ne me gêne nullement pour les lui rendre. Cathy sort de son bureau, son carton rempli d'affaires, sous le bras, et me fusille une dernière fois du regard avant que se mettent à résonner les cliquetis de ses talons qui marquent la fin de son règne, quand elle traverse l'openspace et disparaît au bout du couloir. Je crois que, pour la première fois de la journée, j'arbore un véritable sourire. Finalement, cette journée n'est pas si mauvaise, après tout !

Mon téléphone se met à sonner. Je vérifie le nom de l'interlocuteur avant de décrocher et prends une profonde inspiration en voyant son nom appraître.

— Oui, Monsieur Beckham.

— Cassandra, veuillez prendre avec vous les dossiers que Cathy vous avait confiés et rejoignez-moi immédiatement dans la salle de réunion. Nous vous attendons.

Il raccorche sans me laisser le temps de lui répondre, et il me faut quelques secondes pour m'activer. Je récupère les dossiers, fais un coucou de la main à Barbara et me rends au19e étage où se trouve la salle de réunion. Comme mon poste se trouve à un étage de là, je décide d'emprunter les escaliers. Pas question de risquer d'être à nouveau coincée dans l'ascenseur ! Une fois dans la journée, cela me suffit amplement.

Lorsque j'arrive, Noah Beckham m'attend devant la porte, bras croisés, un sourcil relevé. Il m'invite à entrer et me propose de m'installer sur le siège qui lui fait face. La salle de réunion est pleine à craquer. Toutes les branches de Design & Co sont présentes, et je ne comprends toujours pas pourquoi le P.-D.G souhaite que j'assiste à l'ordre du jour.

Noah Beckham reste debout devant l'immense table rectangulaire et remercie tout le monde d'être ponctuel. Puis, il cède la parole à son bras droit, Richard Emerson, et s'assoit en bout de table. J'essaie de me concentrer sur ce que raconte le bras droit, mais je sens le regard insistant de M. Beckham posé sur moi. À quoi joue-t-il, bon sang ?!?

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