Chapitre 23

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Un serveur nous apporte notre repas, interrompant Noah dans sa phrase. Nous attaquons en silence notre dîner. Les yeux de Noah cherchent continuellement les miens. J'essaie de me concentrer sur le contenu de mon assiette, de ne pas succomber à la tentation en le regardant et en me perdant dans le bleu de ses yeux. Je dois garder la tête froide... Je... dois... garder... la... tête... froide...

Le décalage horaire commence à se faire lourdement ressentir. Nous terminons notre dîner en reparlant du dossier Kent. Noah m'apprend que nous rencontrons le célèbre Jack Kent demain, en milieu de matinée. Nous quittons le restaurant. Je suis Noah jusqu'aux ascenseurs, mais je ne me sens pas la force de monter avec lui. À chaque fois, mes sens s'enflamment, et, si ça continue, je risque de commettre une bêtise et de me couvrir de ridicule. Je prétexte avoir oublié quelque chose dans le restaurant, et dis à Noah de prendre l'ascenseur sans moi. Il me regarde, sceptique, et se contente d'accepter d'un bref hochement de tête. Les portes de l'ascenseur s'ouvrent, Noah pénètre à l'intérieur, me souhaite un « bonne nuit, Cassandra » de sa voix suave et les portes se referment...

Je m'installe sur un canapé dans le hall de l'hôtel et contemple, impressionnée, la sublime architecture du bâtiment. J'essaie de contrôler les battements erratiques de mon cœur et le tressaillement de mes jambes. Je n'ai jamais ressenti cette attirance presque douloureuse tant elle est grande. J'ignore totalement comment trouver la force d'y résister.

*

* *

De retour dans ma chambre, je constate que Noah a fermé la porte communicante, et je me sens un brin soulagée. J'enlève ma robe et enfile une nuisette. Je me démaquille, puis je me laisse tomber, épuisée, sur l'immense lit king size. Pourvu que mes démons ne viennent pas me hanter cette nuit...

*

* *

Franck s'est endormi dans le canapé... Sa ceinture gît à ses pieds...

Maman ? Maman, où es-tu ?J'avance difficilement dans le salon. Mon corps entier n'est que souffrance. En particulier mes pieds, qui sont terriblement douloureux à chaque fois que je les pose au sol, enfonçant quelques débris toujours plantés dans ma chair. Mais je m'en moque, je dois trouver Maman ! J'arrive enfin dans la salle à manger et découvre Maman, inconsciente, allongée sur le sol. Je me laisse tomber à côté d'elle et pose ma tête sur sa poitrine. Boum-boum, boum-boum, boum-boum... Ouf ! Son cœur bat toujours. Je caresse ses cheveux, comme elle le fait pour m'apaiser et embrasse son front en lui murmurant qu'elle n'est pas toute seule, que je suis là, à ses côtés.

Je pleure, je n'arrive pas à m'en empêcher. Pourtant, je ne dois pas. Je fois être forte pour Maman.

— Ca-ssan-draaaaa ! Où est-ce que tu te caches, espèce de vilaine fille ?

Oh non, pitié ! il revient... Je ne veux pas laisser Maman toute seule. Je ne dois pas la laisser toute seule, mais j'ai tellement peur. Elle ne voudrait pas que je reste là, à sa portée. Elle voudrait que je me sauve.

— Ca-ssan-draaaaa ! Je vais te trouver...

Je rampe tout doucement sur le sol pour ne pas faire de bruit. Maman ouvre doucement les yeux. Je l'entends murmurer : « Sauve-toi, mon bébé, ne reste pas là ». J'essaie d'aller plus vite, mais c'est tellement fatigant...

— Ah, te voilà, vilaine fille !

— Mamaaaaaaaan !

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