Amande

Chapitre 4

Ce qui se passa à ce moment-là était inédit pour moi. J'étais partie très vite pour éviter que quiconque ne puisse s'apercevoir de ce qui allait inévitablement se passer par la suite. Cependant, personne n'aurait pu remarquer quoi que ce soit. Ce qui se déroula fut uniquement présent dans mon intérieur.
Je perçus le monde d'une façon très différente. Comme si j'avais mis des lunettes biosoniques. Seulement, c'était uniquement ma vision. Je voyais maintenant tout ce qui se déroulait autour de moi.
Dans la maison à ma gauche, le petit garçon se disputait avec sa mère pendant que le père lisait son e-journal tranquillement. Dans la maison à ma droite, un couple était disons.... occupé et dans celle juste derrière moi une famille regardait la télé en mangeant du groc corn -une version du pop corn entièrement synthétique créée par les scientifiques dans les années 2020- Je pouvais apercevoir les actions de toutes les personnes autour de moi . Mais cela ne s'arrêtait pas là. A chaque fois que quelqu'un passait dans la rue je ne voyais plus ses vêtements mais ce qu'il y avait juste en dessous. Je pouvais donc vous affirmer que la gentille mamie a côté de chez moi portait un string rose et que le garçon sexy habitant quelques rues plus loin portait un slip avec des vaches violettes et vertes dessinées dessus . C'était la première fois que je trouvais un don amusant même si j'avais conscience que c'était une intrusion dans la vie privée des gens. J'ai profité à fond de ce pouvoir jusqu'à ce qu'il disparaisse, une fois arrivée chez moi.

A ce moment-là je pris conscience que mes pouvoirs étaient en moi. J'aurais beau lutter, je ne pourrai les faire partir. C'était donc très imprudent de ma part de m'entourer de monde. Mes "dons" pouvaient se manifester d'un moment à l'autre et ce serait beaucoup mieux que personne ne le remarque.
J'ai donc abandonné la popularité ainsi que ce lycée ..... Et Tyler avec.
La rupture fut très difficile car nous nous étions énormément attachés l'un à l'autre et il m'avait même avoué qu'il était amoureux de moi. Je n'ai pas su dire si je l'étais également mais le quitter fut une chose atroce a faire.
Le pire resta quand même ce qu'il se passa après. Tyler, le type costaud, toujours fort et souriant s'était effondré devant tout le lycée me faisant presque regretter ma décision.
Mais cependant, elle était prise, je n'avais aucun risque à prendre.
Pour changer, j'ai encore tout fait voler en éclat dans ma vie. Par pure gentillesse, j'ai laissé ma petite maison à un mendiant qui passait par là. Ce n'était pas l'argent qui me manquait. Et puis j'ai encore déménagé.
Quitter cette maison a été d'une extrême difficulté. La maison de ma grand-mère était devenue la mienne, ses souvenirs, les miens.
Mais rester ici était comme confronter les problèmes.

Par contre, je m'étais promis de ne pas retomber dans mes bêtises passés.
Plus de cours particulier, plus d'april et plus d'absence de vie sociale. Même si je ne devais plus être populaire comme avant, je ne souhaitais plus rester dans mon coin. J'ai donc laissé tombé mon petit village et me suis racheté un appartement un peu plus spacieux dans une petite ville d'environ 75000 habitants nommée Burnley. Je me suis inscrite dans un nouveau lycée Français s'appelant David Guetta en l'honneur du plus grand Dj français de tous les temps décédé depuis peu.

Vous savez maintenant tout ce qui s'est passé dans les grandes lignes, du jour où mes parents ont disparu à aujourd'hui, moment où le sommeil me manque et où je rédige mon e-journal, journal que vous venez de lire.

Cependant, mon histoire ne fait que commencer. Demain, je rentre dans ce nouveau lycée, terrain inconnu pour moi. Je ne sais pas ce qui va m'arriver par la suite mais il me reste un chemin énorme à parcourir. Le souvenir de mes parents est loin d'avoir été vengé. Même si le parcours va être difficile, je compte bien l'achever...

******

Le sommeil ne me vient toujours pas mais l'envie de continuer mon journal m'est passée et je n'ai de toute façon plus grand chose à raconter.

Ne sachant que faire, je m'accroupis devant ma table de nuit et contemple durant de nombreux instants la photo de ma famille.
C'est un magnifique cliché pris un an avant leur mort.
Nos dernières vacances.
Avec tout l'argent qu'ils possédaient, elles étaient grandioses.
Nous étions partis un mois et demi sur une île appelé l'île des milliardaires pas loin de l'Australie. Nous avions un jet privé, un personnel rien qu'à nous, une gigantesque piscine et la mer turquoise à deux pas. Nous nous étions fais des amis aussi riches que nous et avions passés des vacances fantastiques. Je me souviendrai de ces moments toute ma vie.
Je me relève du cadre et essaye de m'endormir. Je ne dois tout de même pas ressembler à un zombie pour mon premier jour de cours.

****
Réveillée en sursaut je jette un coup d'œil à mon réveil.
7h30... Super, je suis en retard pour le premier jour de cours .
Décidée à arriver à l'heure, je me précipite vers mon armoire et prends des affaires au hasard. A bas la première bonne impression.
Le temps ne fait que de me presser et je me dirige donc vers l'arrêt du Guster- notre nouveau moyen de transport- sans avoir mangé ma dose de sucre et de protéines quotidienne.
Enfin à l'intérieur, je suis soulagée d'être à l'heure pour mon premier jour.
C'est seulement là que je remarque ma tenue du jour. Un pantalon troué pour cause d'avoir été trop mis et un tee-shirt trop grand usé jusqu'à la corde.
En le regardant plus attentivement, je me rends compte que c'est un Tee-shirt ayant appartenu à mon père quelques années plus tôt . Voyant cela, je ne peux retenir mes larmes. Et c'est comme ça que je me mets à pleurer devant tous les passagers, qui me regardent avec des airs ahuris. Ma première journée commence bien !

Le lycée est composé d'un immense bâtiment principal et de trois secondaires. Il est aussi doté d'une piscine de compétition, d'un stade d'athlétisme, de courts de tennis, de nombreuses pièces dédiées au Blaster sans oublier les centaines de bancs comblant tous les espaces libres de la cour. Malheureusement, tous ces espaces ne sont consacrés qu'aux cours de sport et sont interdits d'accès durant les pauses. De mon avis, c'est un réel gâchis.
Pour revenir au lycée, il a été construit pour accueillir un petit millier de lycéens. Devant tous ces individus, je me sens toute petite mais avant tout banale et inutile ce qui me change énormément de mon ancien lycée ou l'anonymat m'était inconnu.

En allant chercher mon emploi du temps, je tombe face à un banc différant des centaines d'autres. Ce banc est plus grand, plus coloré, moins abîmé et même pourvu de genre de renforcements moelleux. Mais ce n'est pas cela qui attire mon attention. Ce sont surtout les gens assis dessus. Tous d'une beauté flagrante. Tous habillés avec des habits de marque. Toutes les filles extrêmement maquillées. Tous les garçons extrêmement bien coiffés.
Je ne pris pas beaucoup de temps à comprendre que c'est le banc des populaires. Ils arborent tous fièrement un pion métallique rouge sur leur poitrine. Tous exceptés deux. Une fille et un garçon possédant un pion noir. Je n'ai aucune idée de ce que cette histoire de pion peut signifier.
Mais ce que je sais , c'est que toutes ces personnes ont le regard fixé vers la personne portant un pantalon à trou et un tee-shirt usé. Tous me regardent avec des airs dégoûtés. Tous sauf le garçon au pion noir. Celui-ci me lance des regards perçants, inquisiteurs.
Sans chercher à m'attarder ici, je trace mon chemin.
Sur le reste de la route, je croise de nombreux autres pions. Chaque individu en possède un. J'en croise des blancs, des bleus et des gris. Les seuls rouges et noirs semblaient être présents sur le banc.

J'arrive enfin à la réception. La présidente des élèves - Nicol selon son badge- me remet mon emploi du temps. Je le regarde attentivement et constate qu'il est assez chargé. J'ai cours tous les jours de 8h à 17h plus option jusqu'à 18h le jeudi. Absorbée par le bout de papier, je ne remarque pas tout de suite le pion blanc qui s'était glissé à côté.
- Qu'est ce que cela signifie ? Demandai-je à Nicol
Pour toute réponse, elle me tends une feuille.