Jude
Elle nous ouvre la porte avec une nonchalance presque blasée. Mais dans ses yeux, j'aperçois quelque chose de fugace. Une lueur, un éclat de malice. Une flamme qui vacille, prête à prendre feu. C'est ce regard-là, insaisissable, qui fait frémir l'air autour de nous. J'ai presque envie de le capter, de le retenir. Mais j'hésite à peine. Sans un mot, sans même un soupir, je franchis le seuil de la porte. Un peu trop brusquement peut-être, je m'en fous. J'entre dans sa chambre d'étudiante tel un intrus qui prend possession des lieux. Un conquérant sur le point d'explorer un territoire à la fois étrange et fascinant.
La pièce est minuscule, une boîte à chaussures, un petit studio de galère qui ne ressemble en rien à l'image que j'aurais pu m'en faire. Tout semble avoir été jeté là, sans aucun souci d'ordre. Des livres empilés sans raison, des papiers qui s'enchevêtrent les uns dans les autres, des vêtements éparpillés, témoins d'un quotidien chaotique. Les deux lits sont étroits. Chacun d'eux semble avoir été revendiqué par des plaids, des coussins, une chaussette solitaire, une paire de lunettes oubliée. Mais, contre toute attente, dans cet enchevêtrement, il y a quelque chose de réconfortant. La pièce, malgré son apparente anarchie, m'offre un refuge. Un endroit où je pourrais m'effondrer sans me soucier des petites règles du monde extérieur. Il y a une étrange forme de confort. Une quiétude qui, bien que contre-intuitive, me fait sentir que c'est ici que je devais être, à cet instant précis.
Mes yeux scrutent chaque recoin, je m'imprègne de l'atmosphère, avant de pointer du doigt les deux lits.
- C'est lequel le tien ?
Ma question est simple mais elle résonne presque comme un défi. Une manière de jauger la situation, de marquer mon territoire.
Elle me répond par un mouvement léger de la tête. Pas de grands gestes. Rien d'extraordinaire. Elle semble détachée, calme, presque indifférente à ma présence. Et pourtant, je sais que ce n'est pas aussi simple. C'est un jeu silencieux entre nous. Une danse invisible, et même si elle a l'air de mener le pas, je sais bien que je suis celui qui conduit la chorégraphie.
Sans attendre, je m'étale sur son lit. Mon corps se laisse tomber dans ce petit espace exigu. Un bruit sourd des coussins qui s'écrasent sous moi, des draps qui frémissent à mon passage. Un soulagement immédiat. Une sensation d'effondrement total, un lâcher-prise qui me surprend. Ce n'est pas grand-chose, mais c'est tout ce dont j'avais besoin. Mes muscles, tendus depuis des heures, se détendent enfin. L'authenticité de la pièce me permet de me poser un instant, sans avoir à jouer un rôle, sans avoir à réfléchir à quoi que ce soit. Simplement exister.
- Tu as du whisky ici ?
Je laisse la question sortir de ma bouche, sans grande conviction, juste pour meubler. Je n'attends même pas vraiment de réponse mais la perspective d'une bonne rasade me fait saliver. Un truc fort, quelque chose qui me brûle la gorge et me réchauffe à l'intérieur. Peut-être que ça me détendra encore plus. Ou que ça m'embarquera un peu plus loin.
Elle me regarde un instant, pas vraiment pressée, avant de répondre, dans une sorte de calme tranquille :
- Oui, je pense. Carrie a son bar personnel. Même si, techniquement, posséder de l'alcool ici est interdit. Je vais regarder.
Elle tourne les talons sans une seconde d'hésitation, déjà en chemin vers l'autre bout de la chambre. Je la regarde sans la moindre gêne. J'observe chacun de ses mouvements avec une attention qu'elle semble ignorer. Je suis fasciné par sa façon de se déplacer, par cette assurance qui émane d'elle, même dans cet environnement un peu trop confiné.
Elle est belle, d'une beauté simple mais brutale, sans artifices ni fioritures. Elle se penche sous le matelas du second lit et je la regarde faire. Je la regarde mais il y a autre chose dans son attitude qui me capte. Un détail que je n'avais pas vu tout de suite mais qui m'enflamme maintenant. Son petit cul, ferme et rond, qui se dessine sous son pantalon un peu trop large. Ce n'est pas juste son corps, c'est son allure. Simple. Sans chichis. Et je dois avouer que j'adore ça. Pas ces faux airs de féminité, ces masques d'apparence. Non, elle, elle est franche. Et ça me parle.
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Many Love - Saison 1
Romance⚠️ Bad boy en vue, vous êtes prévenus La médecine ? Plus qu'un rêve, une évidence. Les études. Voilà ce qui compte aux yeux de Manon Desfleur. Il y a deux ans, cette jeune française a rejoint les États-Unis pour décrocher son diplôme. Déterminée...