Je ferme un instant les yeux, l'esprit envahi de souvenirs. Le temps d'une fraction de seconde, tout semble revenir d'un seul coup. Un flot d'images s'impose à moi, des éclats de lumière, des rires, des visages et des moments suspendus. Je me rappelle ce premier matin, celui où je suis arrivée aux États-Unis. La ville de Seattle s'étendait devant moi, immense, bruissante de vie mais aussi intimidante, presque écrasante. Je me suis sentie si petite. Une étrangère dans un monde qui ne m'était pas encore familier.
Les rues étaient vastes, les bâtiments d'un gris froid qui me déstabilisait. L'odeur de l'air, différente de celle de mon sud natal, me chatouillait désagréablement les narines. C'était une odeur de pollution et de mer mais aussi d'opportunités, d'aventures. Les panneaux en anglais m'étaient incompréhensibles. J'avais beau être préparée, être venue ici avec une bourse prestigieuse, rien n'avait pu m'enlever ce sentiment de solitude qui m'étreignait. J'avais quitté ma famille, mes amis, mes repères. Tout ce qui avait forgé mon identité. L'idée de vivre seule à l'autre bout du monde m'avait séduite mais sur le terrain, c'était une autre réalité. La peur, la confusion et ce sentiment d'être minuscule face à un monde immense m'avaient chamboulée.
Je repense aux premières minutes dans cette résidence universitaire. Un endroit impersonnel et froid. Un immeuble vieux mais élégant, typiquement américain, avec des briques rouges et des fenêtres à volets blancs. Les murs et les moquettes gris, tout était si neutre. C'était comme si on m'avait posée là, sans me demander mon avis. La langue était un mur, la culture une barrière invisible mais indéniable. Je ne savais pas encore à quel point ce pays allait m'imprégner, me transformer et m'offrir des moments inoubliables.
Il y a eu cette rencontre. Celle qui a tout changé. La chambre était à partager. En apparence banale, avec deux lits, un petit bureau et une fenêtre qui donnait sur la rue. Elle était d'une simplicité désarmante mais il y avait quelque chose de réconfortant dans sa modestie. Un espace temporaire que l'on devait apprivoiser. Je suis entrée timidement, je me sentais presque en intrusion. J'étais jeune, perdue, pleine d'incertitudes. Mes bagages, mes rêves, mes espoirs. Tout était encore en vrac.
Elle était là. Carrie. Elle était vêtue de l'une de ses robes osées, une robe rouge qui tombait délicatement sur ses jambes nues. Ses cheveux blonds, presque platine, étaient lâchés, rebelles et encadraient son visage d'une manière un peu sauvage. Son maquillage était à la fois audacieux et parfait. Elle ne semblait pas du tout gênée, au contraire, elle dégageait une impression de confiance.
Et tout à coup, le monde semblait moins vaste, moins menaçant. Carrie était là, avec son sourire effervescent et son esprit débridé. Elle m'a lancée un :
- Salut, j'ai pris ce côté de la chambre, j'espère que ça ne te dérange pas !
Sa voix, franche et amicale, m'a fait oublier l'inquiétude qui me tenait jusqu'à ce moment-là. J'ai senti, dans cette phrase simple, que nous allions nous entendre.
- Salut ! Non, ça ne me dérange pas du tout, j'ai répondu, tout en souriant à mon tour.
C'est étrange, mais dès cet instant, je savais que nous deviendrions plus que de simples colocataires. Je savais que nous serions amies, complices au sein de cette institution située à des milliers de kilomètres de chez moi.
Carrie avait cette capacité à trouver de l'espoir dans les situations les plus difficiles. Elle avait ce don de transformer les petites choses en grandes aventures.
Je l'enviais un peu, je l'admirais énormément mais je restais sur la réserve.
Et alors que je m'accrochais à ma routine et à mes habitudes marseillaises, elle m'emmenait dans son monde à elle. Des restaurants où les serveurs chantaient des chansons, des soirées où l'on dansait jusqu'au matin sans se soucier du lendemain. Elle vivait chaque instant comme si c'était le dernier avec une intensité que je ne connaissais pas et qui m'effrayait.
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Many Love - Saison 1
Romance⚠️ Bad boy en vue, vous êtes prévenus La médecine ? Plus qu'un rêve, une évidence. Les études. Voilà ce qui compte aux yeux de Manon Desfleur. Il y a deux ans, cette jeune française a rejoint les États-Unis pour décrocher son diplôme. Déterminée...