La fusillade

210 35 2
                                    

12 ans avant


Mme Duper fait claquer sa langue, comme elle  l'habitude de faire quand elle a pris un élève sur le fait. Ce qui est malheureusement le cas : Bryan et moi on est enlacés dans les bras l'un de l'autre au fond de la classe. 

"Bon Roméo et Juliette au fond, si on suivait un peu plus le cours ?", dit elle avec un ton sarcastique. 

Du coup -merci madame- tout le monde se tourne vers nous et des "Hou !" surgissent de partout ainsi que des ricanements moqueurs.

Bryan enlève ses bras et pose une main sur la table et il glisse l'autre dans ma main quand il est sûre que la prof ne nous vois pas.

Je ne peux pas m'empêcher de sourire. Ma vie est parfaite : ma famille est parfaite, ma classe est parfaite, mes amies sont parfaites, mon copain est parfait... Rien ne pourrait jamais changer ça.

Enfin, c'est ce que je croyais.

Pan. Un coup de feu. Tout le monde sursaute. Un deuxième. Et un autre. Des cris retentissent dans le couloir. Encore un autre coup de feu. Tout le monde est tétanisé. La main de Bryan devient moite, tout comme la mienne. 

J'ai le cœur qui bat, les mains poisseuses, la sueur qui me collent mes cheveux sur mon front. Personne ne bouge quand un autre coup de feu se fait entendre ainsi qu'un hurlement et des pleurs. 

Notre prof nous murmure d'une voix tremblante :

"Cachez-vous en silence. Ne vous faites pas remarquer,sous aucun prétexte."

Bryan m'entraîne sous la table et je coince ma tête dans son épaule. Il m'entoure de ses bras, forts et protecteurs. Je sens que tout le monde pleure, mais que personne n'ose respirer. Les larmes coulent sur mes joues sans que je le contrôle. 

Et puis soudain, la porte s'ouvre à la volée. Tout le monde retient son souffle. 

"Elle est là" dit une voix d'homme. 

Je ne peux m'empêcher de jeter un coup d'œil derrière la table. 

4 hommes habillés en noir, avec une cagoule sur la tête tiennent chacun au moins deux revolver chacun. Celui qui semble être le leader du groupe tient une kalachnikov. 

"SORTEZ DE LA PETITS PÉDÉS !" hurle-t-il. 

Et d'un seul coup, notre courageuse professeure sort de son bureau et hurle à son tour :

"VOUS N'AUREZ JAMAIS MES ÉLÈVES BANDES D'INGRATS !"

J'en reste bouche bée. Bryan regarde aussi ce qui se passe car il est aussi abasourdi que moi. Mais le leader n'en a rien à faire de ses insultes. Il explose de rire, suivit de ses compagnons. Mais il reste un monstre.

Il appuie sur la détente de sa kalachnikov et persécute notre Mme Duper d'aux moins une vingtaine de balles. 

Je me retourne machinalement. Mes larmes sortent comme un torrent. Je n'aurais jamais cru voir une chose aussi abominable de ma vie.

Mme Duper avait un mari et un petit garçon. Elle était dans ce collège depuis au moins 20 ans, et elle avait une vie. Ce n'est pas humain. Bryan fixe le mur, blanc comme un linge et les poings serrés. J'entends le bruit d'une table qui tombent, et la voix de Caroline, ma meilleure amie depuis que j'ai 2 ans et demi dire en sanglots :

"Vous êtes des monstres !! Cette femme avait une vie bordel !! Qu'est ce que vous voulez bon sang ?!"

Non, non, non mais qu'est ce qu'elle fait ?!? Elle va se faire défoncer ! Je vais pour l'en empêcher quand j'entends Mike lui dire :

"Descend Caroline. Tu vas te faire exploser, ça sert à rien de..."

Trop tard. Déjà une multitude de coups feux rugissent. Mais Caroline à le temps de dire une dernière fois :

"Vive la France...!"

Oh non. Pas elle. Pas encore. Pas Caroline. Je tourne les yeux vers sa table et je découvre une image horrifiante : ma meilleure amie, écroulée sur sa table, recouverte de sang et d'impacts de balles. Elle à les yeux ouverts, la bouche remplie de sang et sur le mur derrière elle, une énorme trace de sang forme bizarrement une sorte de C. L'ironie du sort je suppose. 

Cette fois je me jette dans les bras de mon amoureux et j'étouffe mes sanglots dans son cou. Il me caresse les cheveux d'une main moite et tremblante. Quelques autres élèves se lèvent, et se font fusillés. La salle est pleine de sang, de cervelle et de désespoir. Ils tirent dans le tas, en l'air, sur les gens dans le couloir. 

Bryan me serre fort, et on attend que les coups de feux s'arrêtent. Mais ils continuent. Encore et encore. Je ne peux pas m'empêcher de pleurer. Il me serre encore plus fort. Et soudain, tout s'arrête : les cris et les coup de feux. Je passe la tête pour voir ce qu'il se passe... Un coup de feu. Et puis le noir complet.  

Wake me up when it's too lateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant