Parfois, des souvenirs me reviennent pendant la nuit, pendant que je dors. Des souvenirs de mon coma. C'est toujours noir, et j'ai mal partout, mais je peux entendre. Je peux sentir les gens autour de moi, les médecins qui m'auscultent. Et c'est comme si chaque bruits autour de moi étaient amplifiés ou devenaient violents et agressifs. C'est très bizarre comme sensation.
Mais il y a un souvenir en particulier qui revient cette nuit.
Le bip du cardiogramme résonne en écho dans la pièce, comme toujours. J'entends la porte qui s'ouvre, et deux personnes entrent. La première dit quelque chose à la deuxième et s'en va. Je sens qu'on s'assoie sur le lit et qu'on prend ma main. Malgré mon corps endormi, quand on me touche, j'ai des petits picotements de partout, ça fait parfois même un peu mal.
L'odeur de la personne me vient au nez et je reconnais directement le parfum au sel marin du gel douche de Bryan. Le bip augmente un peu, mais c'est tellement petit que seuls les gens à l'ouïe aussi développée que moi en ce moment peuvent le distinguer.
-Aujourd'hui tu aurais eu dix-sept ans. Je sais ce qu'on aurait fait. Je me serais glissé dans ton lit le matin, et avec ta famille on t'aurait réveillée en chantant. Après ta sœur et ta mère t'aurait offert une robe que tu aurais mis toute la journée. On aurait fait un gros brunch tout les six et Caroline nous aurait rejoins vers la fin avec un nouveau film à te faire découvrir. On l'aurait tous vu ensemble, puis ton père et ta mère serait allés préparer un grand repas pour le soir, avec un gâteau deux pièces comme tu les aimes. Puis Jordan, Kate, Caroline, toi et moi on serait allés tremper nos pieds dans la piscine de Caroline, en chantant tous en chœur la dernière chanson à la mode plus faux les uns que les autres. A part toi. Toi tu aurais bien chanté. Ensuite on serait allés devant le collège, où une grosse surprise t'attendrait : toute la classe, t'accueillant en chantant Happy Birthday To You. Les gens dans la rue nous auraient regardé en souriant. Après on serait allés voir le spectacle de danse de la sœur de Marie, on aurait passé un super moment après en mangeant tous une glace ensemble. Puis, avant le repas avec toute ta famille, on se serait retrouvé tout les deux, en regardant le soleil se coucher sur la plage. Je t'y aurais emmené en voiture, on aurait parlé de tout et de rien. On serait rentrés, puis on aurait mangé avec toute ta famille et nos amis les plus proches pour un grand repas . Tu aurais eu pleins de cadeaux, tous plus beaux les uns que les autres. Je t'aurais offert une bague, promesse de mon amour. On aurait dansé, rit, même un peu bu. Et enfin, quand tous le monde serait parti, je t'aurais amenée sur cette colline, cette fameuse colline. J'aurais tout prévu : des bougies, une couette sur l'herbe, des roses et des pétales. Je t'aurais fait l'amour pour la première fois. Et on se serait endormis là, l'un contre l'autre. Malheureusement, tu n'auras jamais dix-sept ans. Je ne pourrais jamais te faire l'amour une fois, juste une fois. On ne fera rien de ces choses. Tu me manques, Morgane. Terriblement.
Il pleure, et lâche ma main. Je voudrais qu'il la reprenne, qu'il m'emmène sur notre colline, loin de tout. Mais il va pour partir quand il s'arrête brusquement sur le seuil de la porte.
-J'ai rencontré une fille au fait. Il ne s'est rien passé entre nous, je ne lui pas parlé de notre passé, mais je crois qu'elle est amoureuse de moi. Je ne le suis pas. Je n'arrive pas à t'oublier. Je t'aime bien trop pour ça. Le médecin à dit que tu pouvais m'entendre. J'espère que c'est vrai.
Si il savait à quel point.
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Wake me up when it's too late
General FictionPrologue Bryan me serre fort, et on attend que les coups de feux s'arrêtent. Mais ils continuent. Encore et encore. Je ne peux pas m'empêcher de pleurer. Il me serre encore plus fort. Et soudain, tout s'arrête : les cris et les coup de feux. Je pass...