Ils sont tous morts.
Tous.
Sans exception.
Ryan, Bryan et moi sont les seuls survivants. Les seuls à être restés. Enfin plus ou moins.
Ryan me regarde dans les yeux et mon estomac se tord. Sa douleur à lui est tellement communicative qu'elle me tord les boyaux tel un couteau. J'ai le souffle coupé, ma vue se trouble et la nausée me vient à l'idée de tout ses gens qui ont côtoyés mon quotidien depuis la maternelle. Ryan le remarque et pose sa main sur la mienne.
Sa main est glacée et moite. En dirait la main d'un mort. Je lève les yeux vers lui quand il me dit tout bas :
"Il y a quelque chose que je devrait te montrer Morgane."
Il se lève de sa chaise et nous dirige moi et mon fauteuil roulant vers la sortie de l'hôpital quand une infirmière attrape Ryan par l'épaule.
"Où allez-vous M.Hucher ? Mlle Lou n'a pas le droit de sortir avant mardi... Et vous non plus d'ailleurs..." dit-elle d'une toute petite voix qui se veut sévère. Sa dernière phrase me fait me questionner sur la raison de la présence de Ryan à l'hôpital.
Ce dernier me regarde avec un léger sourire qui me surprend et compte "1, 2, 3" avant de se mettre à courir à toute vitesse avec toujours mon fauteuil entre ses mains.
Mon cœur bat à la chamade, je peux presque entendre mon pouls battre, et je suis collé contre mon fauteuil roulant à cause de la vitesse à laquelle Ryan court.
Derrière nous l'infirmière nous hurle de revenir en utilisant des termes médicaux correspondant à nos "symptômes" pour nous convaincre de revenir mais Ryan fait la sourde oreille.
Des médecins essayent de nous attraper mais tout ce qu'ils gagnent ce sont des coups et de se faire rouler sur les pieds. On arrive vers la sortie et je commence vraiment à paniquer : la porte est en verre ! Mais ce que je n'avais pas vu c'est que ce sont des portes battantes... Et hop ! Nous voilà passé à travers !
Les infirmières et médecins autour de nous abandonnent quand sort du parc de l'hôpital.
Nous sommes face au centre ville et des gens nous dévisagent. C'est vrai que avec nos têtes de déterrés et nos tenues d'hôpital, on doit avoir l'air de deux fous tout droit sortis de l'asile.
Et j'ai soudain très peur. Pas la peur de tout à l'heure avec l'adrénaline dans mes veines et le vent qui me fouette le visage, non non. C'est une tout autre peur, une peur que je n'ai jamais connue.
Je suis seule, devant un monde que j'ai manqué trop longtemps et ça me fait terriblement peur. Ce monde qui désormais m'effraie tellement que mon corps entier tremble.
Les voitures me font désormais peur. Elles vont vites... Tellement vites... Leur roues écrasent le sol en détruisant tout sur leur passage, le moteur fait un bruit assourdissant qui ressemble à une bête prête à nous sauter dessus. Voilà ce qu'est une voiture : une bête prête à nous sauter dessus.
Les immeubles me font désormais peur. Ils sont immenses, nous cachent le ciel et s'imposent sur nous, tels des Titans qui nous dominent en silence.
Et surtout, les gens me font peur. Ils ont tous l'air méchant, vicieux et pressés. Leur yeux ne s'attardent que sur ce qu'ils décident, ils regardent tous devant eux, comme si ils étaient seuls aux mondes à vivre, comme si les malheurs des autres ne les importait que peu. Comme si seul leurs buts étaient importants.
Je me sens toute petite, inutile, fragile et invisible. Je suis comme Ryan, faite de verre, prête à me briser à tout moment.
Mon corps s'est réveillé mais pas moi.
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Wake me up when it's too late
General FictionPrologue Bryan me serre fort, et on attend que les coups de feux s'arrêtent. Mais ils continuent. Encore et encore. Je ne peux pas m'empêcher de pleurer. Il me serre encore plus fort. Et soudain, tout s'arrête : les cris et les coup de feux. Je pass...