Chapitre 31

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-Assied-toi là, regarde la caméra et lis le texte. Ensuite tu nous laisse faire, m'ordonne Mélissa.

J'acquiesce et inspire profondément. Je regarde autour de moi, la pièce est vide, pas nettoyée, humide et une odeur épouvantable flotte dans l'air. Je me re-concentre sur la caméra placé en face de moi. J'aperçois mon reflet dans l'objectif, je suis assise là, sur une chaise miteuse, dans un pièce miteuse, pas coiffée, pas démaquillée, des cernes marquant mon visage, les joues creusées et vêtue d'une simple combinaison noire, habit typique de la base et de ses agents. Je fais franchement peur.
Je baisse les yeux sur mes mains et déplie le papier qu'on m'a donné. Je vais devoir le lire devant cette foutue caméra.
Mélissa me fait un signe de la main et commence un décompte de cinq secondes, à la cinquième l'appareil s'allume.
J'avale ma salive et commence à parler.

«À vous, qui regardez cette vidéo, comme vous pouvez le voir je suis retenue ici contre mon gré. Il n'y aura pas de demande de rançon, les geôliers n'accordent aucune valeur à l'être que je suis. Je mourrais ici et demain, en combattant pour la vengeance, le sang et la liberté. En revanche ils veulent faire passer un message : les Méthas mourront, certains de leurs mains, d'autres de désespoir. »

Je m'arrête un instant, mon texte est fini mais Mélissa ne semble pas le remarquer. Je profite de l'occasion, quoi qu'il puisse m'arriver ensuite...

«Amis, ennemis, je parle ici en mon nom. Ne laissez rien ni personne vous détruire. Je reviendrai, demain je serai libre, il ne pourront pas me tuer. Trouvez moi ! Soyez là pour les vaincre ! Aidez moi ! Frères et soeurs ! Combattez tel que vous êtes ! Je ne mourais pas ! Non ! Jamais ! »

Des bras me ceinturent et tentent de me faire taire mais je me débat de toutes mes forces. Mélissa se précipite pour éteindre la caméra, je tend mon bras vers elle en hurlant. Elle l'éteint mais le mal est fait : la diffusion était en direct. Elle ne peux rien y faire, elle s'est fait piéger.
Je sourie et éclate de rire, plus fort encore à chaque seconde, telle une folle hystérique. Je rie encore, encore, jusqu'à n'en plus pouvoir. Je calme un peu ma respiration et regarde Mélissa dans les yeux, elle est figée. Je passe lentement ma langue sur ma lèvre supérieure, avidement. Elle écarquille les yeux et tombe dans les pommes.
On me ramène dans ma chambre et à peine assise sur mon lit, Mad entre furieusement dans la pièce. Son visage, rouge de colère me fixe durement, il hurle :

-Mais t'as foutu quoi putain ?! Tu viens de déclarer la guerre là ! T'es folle ou quoi ?! Ils vont s'entre-tuer !!

-Non, je parle d'une voix calme, c'est moi qui vous tuerai, pas eux.

Il me regarde avec horreur et son visage se décompose tandis que je parle.

-Il y a des choses que tu ne sais pas. Si il y a une guerre, les Méthas la gagneront, mais il n'y en aura pas. Il ne restera personne. Tu sais que je ne ment pas. Pars, pars loin de cette base, je ne veux pas que tu meure. Encore moi de ma main.

Une larme roule sur sa joue, il me serre dans ses bras puis lance avant de partir.

-Adieu Léana. Nous ne nous connaissons plus.

-Adieu Mad... Tu ne me connaissais déjà pas.

Je me retrouve seule, les larmes aux yeux, essayant de me convaincre que tout a été fait pour le mieux. La meilleure solution pour ne plus rien ressentir. Demain sera un carnage, mais demain je pourrais enfin me concentrer sur mon réel objectif : trouver celui qui me traque.

Sombre HybrideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant