Chapitre 36

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Je recule encore, les mains contre la pierre froide. Je viens de lire les derniers instants d'un peuple, de mon peuple... Mon dos heurte le marbre de l'hôtel et je sursaute. Je me relève difficilement, encore sous le choc. D'après cette femme, celle qui aurait pu être ma mère, le secret de ma naissance est lié à cette pierre.
Je la contourne, l'observe, la détaille. Comment savoir ce que je dois faire ? Je m'arrête face à elle pour m'approcher lentement. Je tend le bras vers son milieu et laisse mon pouvoir parcourir la pierre. Je pose ma main brusquement et perd connaissance.

Elle se lève, comme possédée. Ses cheveux foncés s'agitent sous un vent inexistant, ses yeux virent au noir total. Le marbre, animé par sa présence, fond sur le sol. L'hôtel se reconstitue en une porte d'un liquide épais et vivant. Elle marche vers le passage et ouvre lentement la porte. Une bourrasque s'engouffre dans la salle et tout s'efface, ne laissant qu'elle au milieu d'un néant piqué d'étoiles. Un tremblement agite la vision, la faisant tomber à genoux. Elle rouvre les yeux et constate qu'elle est de nouveau elle-même.
Que je suis de nouveau moi-même.
Je me suis vue, je ne contrôlais plus rien, je n'étais que spectateur de ce qu'il se passait. Je parcours des yeux le décor autour de moi, l'espace est infini, une représentation d'un ciel figé. Une silhouette se matérialise devant moi, tel un hologramme. C'est une femme, très grande, sa peau doré est marqué d'arabesques d'un brun clair et ses long cheveux châtain ondulent sur ses épaules. Son visage d'une beauté saisissante atteint la perfection, ses grand yeux verts me regardent avec malice, son nez légèrement retroussé est couvert de petites tâches de rousseur et ses lèvres pleines se dessinent en un sourire empreint de douceur. Elle est vêtue de voiles dorés et sur son front est posé une couronne de lierre tressée. Sa voix est chaude, apaisante, marquée par les années et le savoir.

-Je suis Gaïa, mère d'Ouranos, mère de la vie, mère de ton peuple et mère de ta chair. J'ai attendu ce moment si longtemps, ici les années s'écoule différemment que sur Terre et c'est malheureusement beaucoup plus long.

Elle soupire et me sourit avec tristesse.

-Je vais t'apporter toutes les réponses que tu souhaites, pose tes questions mon enfant.

Je reste bouche bée une seconde, j'ai devant moi la mère du monde et ma mère.

-Pour... Pourquoi suis-je née ?

-Je t'ai donné la vie pour que tu rétablisse l'ordre sur Terre. Les humains ne se rendent pas compte qu'ils ne sont pas seuls, tant d'autres créations veulent vivre elles aussi, tu en as d'ailleurs rencontré. Tu devras parcourir le monde et à certains endroit user de ta nature pour soigner la planète et visiter certains peuples reclus.

-Vous ne pouvez pas le faire ?

-Hélas non, je ne peux me montrer au monde ouvertement, certains en perdrai la raison.

-Mais et moi ?

-Tu est ma fille, tu ne crains rien.

-D'accord... Mais pourquoi suis-je traquée ? Par qui ?

-Une question à la fois, rigole-t-elle. Chaque année la vie renaît au printemps, chaque année je concentre mes forces pour que tout puisse reprendre normalement. Et chaque année tes pouvoirs grandissent en cette saison, la Terre émet un rayonnement qui se répercute dans ton corps et qui est renvoyé partout autour de toi, c'est ça qui te rend détectable. Ainsi les autres saisons tu ne peux pas être repéré. Je ne sais pas exactement qui te traque mais je sais pour quoi. Il veut assimiler ton pouvoir et devenir le plus puissant. Son esprit est perturbé, il ne se rend pas compte que si il fait ça il en mourra. Tu ne dois pas mourir, lui aurai dû partir depuis bien longtemps déjà. Tu dois mettre un terme à tout ça. J'aurais aimé que tu vive comme les humains, que tu ai une vie soi-disant normale. J'en suis désolé.

-Je... Qu'importe. Si je suis aujourd'hui cette personne c'est grâce à ce qui est arrivé et grâce à ce que vous m'avez permis d'être.

-Tu sais que tu peux choisir qui tu est... Je t'en prie, ne sombre pas encore plus dans la noirceur. Tu peux changer, au lieu de semer la mort tu peux donner la vie ! Imagine ce que tu peux devenir ! Tu est autant bien que mal, fais la part des choses et ne laisse pas un seul côté te voler ton pouvoir.

-Il faut que tout cela cesse avant. Je mettrai fin à la vie de celui qui veut la mienne et je deviendrai celle que vous voudrez, je vous le promet.

-Je ne doute pas de toi ma fille. Sois forte, sois juste, mais deviens celle que tu veux être. Quoi que tu fasse je serai fière de toi. Va, et n'hésite pas à revenir me voir.

Sombre HybrideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant