Chapitre 39

322 36 1
                                    

Mon cri reste bloqué dans ma gorge. Je vais mourir ici, attachée, humiliée. Le Métha tient le couteau rituel au dessus de ma poitrine et psalmodie dans une langue ancienne. Je calme ma respiration et observe la pièce en détails. Je suis dans les galeries, sur l'autel de ma naissance. Bientôt celui de ma mort.

*Bon on se reprend : JE-NE-VAIS-PAS-MOURIR !*

J'essaie de ddéfaire les cordes mais elles sont trop serrées. L'homme ferme les yeux et je fais fondre mes liens grâce à mon pouvoir. Je m'élance vers une sortie mais une main invisible m'enserre le thorax. Elle me traîne jusqu'à l'autel et m'immobilise juste devant le Métha. Ses yeux sont entièrement noirs et je comprend alors.

«On ne peut vaincre la noirceur par la noirceur.»

Je ferme les yeux, fouille au fond de moi tout ce que j'ai essayé de faire disparaître. Je fais remonter mes souvenirs à la surface. La joie, l'amusement, la tristesse, la douleur, les sentiments, l'amour... Tout une foule de choses éclate dans ma poitrine. Je lance un appel, à la terre elle même. Je contrebalance ma nature et surpasse la noirceur. Je rouvre les yeux, mes iris sont devenues dorées, des arabesques d'or parcours ma peau, remplaçant les écritures d'il y a quelques minutes. Je me relève sans tenir compte de la pression de la force invisible, je m'avance vers le dragon-humain et tend ma main vers lui.

-L'heure est venue.

-Non ! Tu ne peux pas ! Tu devais être le mal !

-Je suis l'un et l'autre. Je suis l'Hybride, fruit du bien et du mal.

-Que Gaïa me pardonne...

-C'est Gaïa elle même qui m'envoie mettre fin à ta vie. Elle ne t'aidera pas.

-Je t'en prie Léana ! Je n'y suis pour rien ! C'est l'autre ! À l'intérieur de ma tête...

-Il est toi et tu est lui. Ça ne change rien, je suis désolé.

Il tombe à genoux, les mains sur le visage. Ses plaintes sont réelles, sa peine et sa honte aussi. Mais j'ai une mission et son mal ne peux être soigné.

Je me place derrière lui, lui relève la tête, ramasse le poignard et le pose sur sa gorge. La porte en face de nous s'ouvre à la volée et Kayl s'arrête brusquement.

-Léana ! Non !

Le couteau glisse sur sa peau, le sang coule, ses yeux se révulsent.

-Il le fallait Kayl.

Je me baisse vers le corps et prend, dans mes mains en coupe, un peu de son sang encore chaud. Je le verse sur l'autel et récite en même temps :

-Que le sang du tueur, fasse revivre ceux qu'il a tué. L'enfant de la Terre accorde la vie à ceux qui l'ont perdu trop tôt. Toi peuple de la déesse mère, relève toi ici et maintenant.

Le sol commence à trembler. Je me retourne et découvre Kayl au dessus du cadavre de son ami.

-Ses... Ses yeux...

-Noirs, comme son âme. Je suis désolé Kayl, je ne pouvais pas le sauver.

-Non, il devait mourir. La déesse l'avait décidé.

Des ombres se formes autour de nous, des silhouettes se dessinent, dans toute la salle et plus encore un ancien peuple reprend vie.

Sombre HybrideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant