Monica et Valentina se dormaient dessus, Jaden à côté. Arsène dormait à même le sol. Carlita somnolait à peine, sa sœur dans ses bras. Elle avait l'habitude de passer des nuits entières dans le noir, elle n'arrivait pas dormir. Il devait être quatre heures du matin et la tempête tonnait toujours dehors. Soudain, la jeune asiatique entendit un bruit qu'elle ne discerna pas, il se répéta encore et elle ouvrit les yeux : on toquait à la porte. Elle réveilla les autres en les secouant, ils attendirent un moment et la tension monta. Jaden prit les devants et partit ouvrir la porte, méfiant. Il posa la main sur la poignée, et la tourna. Dans l'encadrement déjà sombre de la porte se découpait une ombre humaine. Soudain, elle poussa Jaden, rentra et ferma la porte en claquant. Quand elle se retourna, les adolescents virent un jeune homme de leur âge, probablement originaire du village un peu plus loin.
« J'ai des choses à vous dire, commença-t-il.
- Vous êtes qui, questionna Monica.
- Je vous ai vu arriver tout à l'heure. Vous ne devez pas rester ici, vous êtes en danger.
- Ouais ok doucement mon gars, l'arrêta Jaden. On sait pas qui t'es, on ne sait pas ce que tu fais là...
- Attendez, il a traversé tout ça, sous la tempête. On devrait peut-être... lui offrir à boire ? »
Arsène attendit que Jaden lui donne le feu vert.
« Ok, mais tu le surveilles. »
Le jeune homme l'emmena dans la cuisine. Il lui offrit un grand verre d'eau que l'indien avala d'une traite. Puis ils se regardèrent un moment.
« Vous êtes vraiment en danger. Des forces négatives planent ici...
- D'accord d'accord, répondit Arsène un peu inquiété. Je sais que nous ne sommes pas vraiment les bienvenues, mais nous ne serons là qu'une semaine c'est promis !
- Vous ne comprenez pas. Quelque chose vous traque, et ce qu'il va se passer... J'ai eu une prémonition : vous êtes en grand danger !
- Ok ! Je vais aller parler aux autres hein, dit l'homme. Je... reviens. Restez ici, et ... pas bouger, hein ? »
Puis il fila, il retrouva les autres en grande discussion dans le salon et confirma leurs pensées.
« Cet homme est fou. Il m'a parlé de prémonition, d'un truc qui nous traquait et nous voulait du mal.
- Il veut nous faire dégager. C'est à cause de cette tribu tout ça, s'énerva Monica.
- Ils nous ont regardés bizarrement quand nous sommes arrivés, expliqua Carlita.
- Ils ont fait pareil pour nous... Bon, je crois que je vais retourner le voir. »
Ils entendirent un bruit résonner. Comme une vire qu'on brisait et un grognement guttural. Jaden, Arsène, Monica et Valentina se précipitèrent dans la cuisine pour voir ce qu'il se passait et Carlita entendit un cri d'horreur retentir. Elle s'approcha doucement et découvrit dans l'entrebâillement de la porte le corps du jeune homme allongé, une hache planté dans son dos. Elle eut envie de vomir et se jeta sur sa petite sœur pour qu'elle n'approche pas plus. Les deux hommes s'étaient accroupis auprès du cadavre, Valentina avait détourné son regard et Monica paniquait. Il y avait une feuille taché de sang ou l'on pouvait lire distinctement : Le jeu commence, vous ne pourrez pas sortir. Des clôtures électriques ont été dressées tout autour de vous, à quelques kilomètres. Vous ne sortirez pas de la zone. Il n'en restera qu'un.
« Merde. Merde, merde. MERDE ! Non, mais c'est quoi ça ? Qui a fait ça ?
- Le truc est passé par la vitre, déclara Arsène livide. Ça l'a tranché d'un coup.
- Putain, mais tu veux dire que y'a un fou qui se promène ici ? Putain !
- HEY TU M'ENTENDS, hurla Jaden par la fenêtre, OUAIS C'EST A TOI QUE J'PARLE ! DEGAGE DE LA OU J'TE BUTE MOI AUSSI !
- Oh bordel, non non non, ils vont nous accuser... Ils vont dire que c'est nous si on ne se fait pas tuer avant !
- Calme toi, assura Arsène, il ne pas vient nous arriver du tout...
- Si, si vous restez stupidement ici, intervint Carlita l'air grave. Prenez les couteaux de cuisines et fermez cette porte à clé. On s'en va. »
Ils obéirent, mais il n'y avait que trois couteaux. Ils enfermèrent le cadavre dans la cuisine et se regroupèrent dans le salon. Seule Carlita semblait peu affectée par le mort, on pouvait lire dans les yeux des autres l'angoisse, voire le dégout.
« Ok, cet homme n'est manifestement pas mort tout seul. Et le mot n'était pas là par hasard. Y'a quelqu'un qui rôde par ici et si ce que nous a dit cet homme, sa 'prédiction', est vrai... On se sépare en trois groupes, une arme par groupe. Et on examine le manoir.
- Pourquoi se séparer, c'est stupide !
- Pour voir si on est toujours en sécurité à l'intérieur, ou s'il n'y a pas un autre endroit mieux. On n'a pas le choix, à deux vous êtes plus forts. Il faut impérativement qu'on réagisse.
- Putain... Je vais avec Jaden, dit précipitamment Monica en pensant qu'elle serait plus en sécurité.
- Ok, Valentina, tu vas avec Arsène, ça te va ? » La jeune fille hocha la tête. « Parfait.
- Tu y vas avec ta sœur ? demanda le jeune timide.
- Ouais, je sais m'en occuper. Nous deux on va fouiller le rez-de-chaussé.
- On fouille en bas, assura Jaden.
- Alors on s'occupe de l'étage, décida Arsène.
- Parfait, on se retrouve ici dans une heure. »
Ils se firent un hochement de tête et partirent sans être rassurés.
« Carla, l'appela sa petite sœur, qu'est-ce qu'il avait l'homme ?
- Rien, il avait juste une grosse envie de dodo, et pour pas le déranger on va faire autre chose, t'as compris ? On va... jouer à cache-cache ! Dès que tu vois quelque chose, dis-le-moi !
- Et c'est pourquoi le couteau ?
- J'en sais rien Yghni, j'espère qu'il ne me servira pas. »
Elle soupira et avança, en tenant la main de sa sœur. Elle gardait dans l'autre son nounours. Les deux sœurs passèrent en revu chaque pièce. Elles éliminèrent le salon, la salle de bain où prônait une énorme baignoire. Carlita promis à Yghni de s'en servir. Elles virent une salle à manger qui semblait en bois d'ébène tellement il y faisait sombre. La jeune femme éclairait avec son portable ; elle regardait les meubles qui dataient visiblement du siècle dernier, et les tableaux. Des paysages surtout, et quelques portrait d'un petite garçon défiguré. Elle fit rapidement le tour du rez-de-chaussée et s'arrêta finalement devant un long couloir sombre de brique. Le genre où on ne s'y aventure pas. Elle ordonna à sa sœur de rester près d'elle et éclaira l'endroit. Elles traversèrent un pas après l'autre, écoutant les alentours silencieux, la respiration saccadée par l'angoisse.
A l'autre bout, les deux filles pénétrèrent dans une sorte de salle qui ressemblait à un hangar. Des cartons étaient entassés, des vieux objets, des vieux jouets... Carlita passa prudemment la lumière dans tous les recoins, il n'y avait rien. Juste une grande porte fermée et une salle à part, petite, qui ne contenait rien d'autre qu'une caisse entière de poupées et une vieille télé. Yghni eut un joli sourire.
« Carlita, je veux jouer ! »
Normalement, elle lui aurait dit non, mais elle l'avait obligé à venir pour ne pas la laisser avec son père. Maintenant sa sœur était coincée ici à cause d'elle. Alors jouer un peu pourrait la rassurer.
« Vas-y, mais cinq minutes pas plus ! »
Yghni sortit toutes les poupées. Carlita se posa contre la porte pour surveiller à la fois sa sœur et le hangar. Elle attendit quelques minutes. Sa sœur avait beau avoir quatorze ans, elle avait un esprit un peu ralenti, elle grandissait moins vite. Mais on ne pouvait pas lui en vouloir. Soudain sa sœur arrêta de parler. Elle poussa un gémissement et Carlita se retourna immédiatement. Elle n'en crut pas ses yeux : une poupée de chiffon au sourire enfantin écrasait la bouche d'Yghni tandis qu'une autre lui tirait les cheveux. La jeune femme ouvra la bouche de surprise et d'effroi, sur le point de faire un pas en avant quand elle ressentit une vive douleur à la jambe.
Elle poussa un rugissement et se tint le mollet. Elle avait un clou planté dedans. Les yeux exorbités, elle regarda avec haine une poupée de chiffon, avec des boutons de chemise en guise d'yeux, qui semblait lui sourire. Elle l'envoya balader d'un coup de pieds brutal contre le mur. Carlita prit une grande respiration, empoigna le clou et le tira.
« Putain !
- Carla ! »
Elle se retourna vers là où se trouvait sa sœur mais elle avait disparu, ou plutôt elle avait changé de place. Quand la jeune femme se retourna, elle vit sa sœur portée par plusieurs de ces choses en direction de la grande porte pour sortir dehors. Au moment où elle se jeta pour aller la rattraper, la porte claqua. Enfermée.
« Yghni ! »
*
Plus haut : la jeune Yghni.
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Wrong place, wrong time
Mystery / ThrillerIls étaient là au mauvais moment, au mauvais endroit. Injustement. Choisis. Quinze ans après, Monica, Valentina, Jaden et Arsène gagnent un séjour d'une semaine dans un manoir. Les vacances de rêves, loin des parents, loin des contraintes, loin de...
