La porte semblait blindée, comme s'il s'agissait d'un bunker et à leur plus grand étonnement, elle n'était pas fermée. Valentina s'en inquiétait : est-ce qu'on les attendait ? Carlita ne réfléchit même pas et elle se faufila dans la fente sombre. Elle chercha sur bout du doigt un interrupteur sur les murs froids et quand elle le trouva, elle appuya dessus. La salle était immense, blanche, presque vide de meuble mais elle avait au mur des centaines de peintures, de photographies, de coupures de journaux.
C'était comme une obsession malsaine, elles eurent un frisson dans le dos. Elles partirent chacune de leur côté pour examiner ces murs. Il y avait de vieilles photographies de laboratoire, et d'enfants, qui bizarrement leur rappelais quelque chose. Et des clichés d'eux pris pendant ces quelques jours dans cet enfer : leur arrivée, leur découverte du cadavre de l'indien, la chute d'Arsène, le donjon en flamme, les zombis, les poupées. Comme si tout cela n'était qu'une immense machination qui devait irrémédiablement se finir par la Mort de tout le monde. Valentina retrouva la coupe de journal qu'Arsène avait trouvé dans le placard au manoir. Mais d'autres aussi : drame scientifique, expériences clandestines sur des enfants, ils ont créé un monstre !
Carlita approcha sa tête de la photo et plissa les yeux, elle avait l'impression ... de se voir. Elle était plus jeune, une enfant, mais elle était bien là avec des tuyaux dans les bras. Elle semblait inconsciente ou droguée. Mais elle n'en avait aucun souvenir ! Elle se retrouva vers Valentina et vit qu'elle pensait la même chose : elle aussi y était alors qu'elle n'était presque qu'un bébé. Arsène, Jaden, Monica, ils étaient tous là. Tous, ils subissaient des expériences dont ils ignoraient tout.
Et il y avait ce petit garçon, seul tableau au milieu de la pièce. Il était déchiré, gribouillé en rouge sang : monstre, vengeance, défiguré, monstre, haine, abomination, tuer... Quelqu'un s'était acharné. Ce petit garçon aux yeux vides, au visage déformé, aux joues pendantes, avec des bosses un peu partout. Il ne ressemblait plus à rien, il n'était plus humain. On avait fait de lui un monstre.
Valentina se sentit vacillante, comme si tien n' »tait réel. Que leur avait-on fait ? Pourquoi ? Elle découvrait un monde malsain, un monde auquel elle avait été confrontée.
« Terrifiant n'est-ce pas ? »
La voix semblait résonner dans la pièce blanche. Elle était masculine, tremblante, mais elle paraissait gentille. Celui qu'ils avaient appelé « psychopathe » apparus de l'autre côté de la pièce, la capuche sur la tête comme pour cacher ce qu'il était vraiment. Carlita et Valentina se retournèrent vers lui, même le couteau semblait ^petit face à un homme d'une carrure d'ours.
« J'imagine que vous ne comprenez rien ? C'est vrai que moi non plus je ne voulais pas me l'avouer mais c'est vrai. Nous étions tous réunis dans leur laboratoire secret, ils voulaient créer des surhommes, ça partait presque d'une bonne intention n'est-ce pas ? »
Il marqua un temps de pause mais vit qu'il n'avait aucune réponse. Alors, doucement, il enleva sa capuche et montra son visage. Sa difformité n'avait pas changé si ce n'était qu'il était devenu encore plus laid, plus ridé, plus horrible. Ses yeux étaient presque rouges.
« Mais il faut croire qu'ils ont échoué. Je me souviens de toi Carlita. Tu étais si mignonne, si petite, si innocente. Tu sembles avoir bien changé pour avoir laissé exploser Arsène. Tant mieux je n'aimais pas cette tapette, dit-il en riant. Voyez-vous, j'ai été le seul à subir une telle... métamorphose. Tout ça parce que j'avais essayé de me rebeller, de vous protéger ! Ils m'ont dévisagé, ils m'ont enfermé, torturé, traité de fou, de monstre. J'ai souffert ! Ma chambre était entourée de miroir pour que je regarde ce que j'étais devenu à force que vouloir les combattre, eux qui voulaient élever l'humanité à un rang supérieur ! »
Valentina n'en put plus, elle sembla reculer et baisser les yeux avec une envie de vomir.
« REGARDE-MOI ! hurla l'homme en rage. TU NE ME RECONNAIS PAS ! JE SUIS TON FRERE PUTAIN VALENTINA ! TON FRERE ! »
Elle releva la tête et le regarda. Ses pupilles s'assombrirent, et elle se souvint... elle se souvint de son grand frère si joyeux, de son enlèvement, des messieurs en blancs, de la peur et de la douleur. Quand elle reprit conscience, elle était au sol, pleurait, tremblait. Elle vomit à ses pieds.
Sa bouche tenta d'articuler quelque chose.
N... Nn... Non... N...
Carlita la regarda, abasourdie. Elle n'était plus sûre de rien.
« Nous ne t'avions rien fait ... Ce n'était pas notre faute...
- Si, lui répondit l'homme. Vous vous êtes enfui sans moi. Vous m'avez laissé CROUPIR dans ma prison de mourir, dans la torture ! Je suis parti seul, je me suis débrouillé seul tandis que vous étiez les enfants prodiges ! Vous avez perdu votre mémoire, ce que l'on avait subi, mais pas moi. J'ai bien gardé en tète ce qu'ils nous ont fait, ce que j'ai subi, ce que vous m'avez fait. REGARDEZ MON VISAGE, C'EST A CAUSE DE VOUS ! Je me suis ... jurer qu'ils le paieraient. Alors j'ai fini par les tuer, tous. Tous ces hommes. Voir dans leurs yeux, aux dernières secondes de leur vie, la créature immonde qu'ils avaient fait, celle que j'étais et que je serais toujours ! Un rebu, un déchet, un MONSTRE !
- MA SŒUR N'Y ETAIT POUR RIEN ! hurla Carlita après lui. TU L'AS TUER MAIS ELLE N'Y ETAIT POUR RIEN ! T'ES QU'UN PUTAIN DE MONSTRE ET PAS SEULEMENT PAR TON VISAGE ! »
Il s'arrêta et doucement, se mit à rire. Un rire sinistre, rauque, fou.
« Non Carlita, tu l'as tué. C'est toi qui l'as emmené ici. Toi qui l'as tué comme vous m'avez tué il y a tant d'années... »
Carlita le regarda, le souffle coupé. Son esprit semblait se perdre dans des méandres de penser, entre ce qui était bien ou pas, juste ou pas, vrai ... ou pas. Valentina les regardait sans rien dire, juste en pleurant.
Soudain Carlita se jeta en avant, le couteau brandit. Le psychopathe l'esquiva au dernier moment et il la balança avec une force inouïe contre le mur. Elle le percuta et sentit ses côtes craquer dangereusement, elle hurla mais se releva encore. Elle se jeta sur lui et tentant d'abaisser son couteau : elle ne fit que l'effleurer. Elle se reçut brutalement un coup sur la tête et sombra, lentement, douloureusement, dans le noir total. Les bruits s'atténuèrent, les grognements gutturaux de Valentina aussi.
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Wrong place, wrong time
Mystery / ThrillerIls étaient là au mauvais moment, au mauvais endroit. Injustement. Choisis. Quinze ans après, Monica, Valentina, Jaden et Arsène gagnent un séjour d'une semaine dans un manoir. Les vacances de rêves, loin des parents, loin des contraintes, loin de...
