7. Yghni - Arsène : The past is past

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La jeune fille avait été trainée sur des mètres et des mètres par ces poupées vivantes. Elle avait d'abord essayé de se débattre mais même ces jouets étaient animés d'une force improbable. Au tournant d'un arbre, Yghni avait réussi à en écraser une sur une roche et elle s'était libérée de leur emprise. Elle s'était mis debout et avait commencé à courir le plus vite possible, dans la direction inverse et dans l'espoir de retrouver sa sœur mais elle avait brutalement trébuché contre quelques chose. D'abord elle avait cru que c'était une branche. Puis elle avait levé les yeux et avait aperçu cette créature.

Elle était en tout point identique à une jeune fille si on exceptait ses membres anormalement long, ses dents pointus, sa peau noircit et pourrie et son visage déformé. Et ses yeux vides. Pourtant elle semblait regarder Yghni avec une effrayante envie de croquer sa chair.

« CARLITA ! » avait crié la petite, sous la peur, elle s'était presque uriné dessus.

Puis la bête leva une main pleine de griffes et elle l'abaissa brutalement. La vision d'Yghni devient trouble, une violente douleur se déclencha sur le dessus de son crâne et elle sentit un liquide couler sur son visage.

Je ne veux pas mourir, se disait-elle. Mais elle sombra dans un coma sombre, vide, semblable à la mort.

Quand elle se réveilla, elle n'aurait su dire combien de temps elle avait dormi et où elle était. Elle reprit peu à peu ses esprits et regarda les alentours : celui qu'ils appelaient Arsène se trouvait ligoté en face d'elle. Il avait l'air inconscient et un peu grillé. Elle essaya de bouger légèrement mais elle vit qu'elle était attachée aussi. La pièce était pleine de paille et de bidons. Elle lut rapidement Essence. Puis elle regarda les fils auquel elle était ligotée : ils étaient reliés à une sorte d'ampoule, ou de générateur. Elle voyait dessus une flamme dessinée, sa sœur l'avait souvent mise en garde contre ce signe : risque de feu. Et l'essence brulait.

Elle eut un frisson de peur dans le dos et elle voulut pleurer encore, mais elle décida de garder son calme. Une odeur de chair brulée lui parvint au nez.

« Hey ! Psst, essaya-t-elle de l'appeler, en le poussant du bout du pied. Arsène ! DEBOUT ! »

Doucement, le jeune homme reprit ses esprits. Il ouvrit les yeux et émit des gémissements de douleur : il avait mal partout. Il ne comprit pas ce qu'il faisait ici mais regarda Yghni avec des yeux écarquillés.

« Qu'est-ce que je fous là, c'est quoi ce bordel ?
- Il faut que tu te calmes, répondit timidement mais fermement la jeune fille. Il ne faut pas que tu t'agites sinon tu vas déclencher le système de feu.
- Le quoi ? » Il regarda les environs et comprit vite de quoi elle parlait. « Putain ! Comment tu veux qu'on se calme ! Je veux pas mourir, je veux pas mourir ici, ni comme ça, ni maintenant !
- Hey ! Chut tais-toi ! Ils sont sûrement pas loin.
- De quoi ?
- Les bêtes, les zombis... Carlita m'avait toujours dit que ça n'existait pas.
- Ouais, bah apparemment elle a menti. Putain, faut qu'on sorte d'ici.
- Carlita ne ment jamais, elle m'a dit que n'importe où j'étais elle viendrait me chercher. Elle va venir. »

Arsène se tut. Elle semblait si sûre d'elle alors qu'il avait encore cette image de la gamine de quatorze ans un peu attardé et bizarre. Elle était déterminée, plus que lui. Il souffla un coup et la regarda, la curiosité prit le dessus.

« Comment tu t'es fait ça ? » demanda-t-il en regardant son cache œil. Elle respira fortement, elle semblait réfléchir à si elle allait lui en parler où non puis se dit qu'elle n'avait rien à perdre de toute façon.

« C'est mon papa.
- Comment ?
- Je sais plus, je m'en souviens plus très bien, j'étais petite. Mais il avait bu beaucoup de choses ce soir-là, et je ne lui ai pas obéit à temps. Je crois que j'étais encore sur la balançoire et il a voulu me pousser. Je suis tombée et j'ai perdu connaissance. Quand je me suis réveillé, j'avais ça. Et ma sœur m'as promis qu'elle serait toujours là pour me protéger.
- Mmh, souffla Arsène. » Ce n'était pas l'histoire la plus agréable à entendre. « Je suis désolée...
- C'est pour ça que je sais qu'elle va venir, répondit-elle pleine de candeur, et qu'elle va nous libérer !
- Si tu as de la chance, peut-être. »

Ils se figèrent, c'était une voix rauque qui venait de parler, une voix inconnue qui venait d'un coin sombre. Ils tournèrent les yeux et virent un homme d'une carrure impressionnante, cagoulé, s'approcher. On ne pouvait pas voir son visage dans la pénombre. Yghni et Arsène cessèrent de respirer.

« Mais dans ce cas-là, ta sœur ne s'en sortira pas avec toi. » Ils gardèrent le silence, effrayés et étonnés. « Ah oui, je me présente : je suis le psychopathe comme vous m'appelez si bien. Mais je vous en pris, continuez, c'est si émouvant.
- Qu'est-ce que vous voulez, osa demander Arsène.
- Moi ? Rien, juste votre mort.
- Pourquoi ! répondit Yghni.
- Eh bien jeune fille, à la base tu n'étais même pas prévue dans mon programme mais ta sœur a eu la maladresse de t'emmener alors tu fais partie du jeu maintenant.
- Ce n'est pas un jeu, vous avez tué quelqu'un...
- Oui, ce jeune idiot aurait pu vous faire fuir. Mais comprenez-moi : cela fait plus d'une décennie que je prépare cette vengeance, il aurait été dommage de tout gâcher alors que je suis sur le point de créer le jeu le plus amusant de l'univers !
- Mais pourquoi se venger, qu'est-ce qu'on a fait ? demanda Arsène.
- Vous avez ruiné ma vie, vous avez gagné et moi j'ai perdu. J'ai perdu mon futur et vous n'avez rien eu !
- Je ne m'en souviens pas !
- Non, c'est vrai. » Le psychopathe releva légèrement la tête, Arsène et Yghni aperçurent un visage défiguré. « C'est dommage.
- C'est vous... Le petit garçon du tableau.
- Oui ! Et puis sincèrement, vous pensiez vraiment que quelqu'un d'autre que moi puisse afficher pareil horreur dans un manoir ? Je suis inhumain, horrible. Et toi, tu as toujours ta gueule d'ange !
- Putain mais j'ai rien fait, couina le jeune homme, j'ai rien fait et je ne comprends pas où vous voulez en venir...
- Tant pis, vous verrez bientôt. » L'homme encapuchonné commença de nouveau à disparaitre dans l'ombre. « Et au fait, ne bougez pas trop. Si l'un d'entre vous s'échappe, l'autre saute. »

Ils ne répondirent pas. Arsène resta figé sur place en fixant l'ombre d'où avait disparu l'homme. Il entendit à peine les sanglots d'Yghni qui était maintenant effrayée.

Il ne voulait pas mourir.

Wrong place, wrong timeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant