12. Monica - Valentina - Yghni - Carlita - Jaden : Always look back

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« Qu'est-ce que tu fais ? »

C'était Monica qui la regardait s'éloigner dans le noir.

« Je vais voir si on a pas quelque chose à manger.
- Attend je viens avec toi. »

Carlita souffla et attendit à peine que Monica arrive à se relever, et qu'elle s'équipe aussi d'une torche.

« Tu ne dormais pas ? demanda la blonde.
- Je dors très peu en général.
- Ouais, moi j'ai trop mal, ou trop peur, pour ça. Alors, tu penses qu'on va trouver de quoi manger ici ?
- Bien sûr que non, ce bâtiment est abandonné. En réalité je cherche une façon de fuir, ou une arme. C'est pas avec mon petit couteau qu'on va s'en sortir.
- Ouais... Tu crois qu'on y arrivera ? Tous ?
- Écoute, dit clairement Carlita, je n'ai pas toutes les réponses du monde mais si tu veux vraiment m'aider tu pars de ton côté trouver quelque chose qui pourrait nous être utile.
- Ok, ok... »

Un peu irritée, Monica tourna dans la salle de droite qui semblait être les douches. Elle tenta de tourner les robinets, mais après un petit bruit de craquement, il n'en sortit que de la vase. Elle s'éloigna déçue et aperçut au sol une peluche, une sorte d'ourson qui devait être là depuis des millénaires. Elle pensa un instant à le donner à Yghni puis elle se ravisa : la petite fille, auquel il avait dû appartenir, avait dû souffrir. Ce n'était pas... décent.
Carlita, elle, avançait dans les couloirs en passant rapidement son faisceau lumineux dans chaque salles ; elles étaient identiques, des chambres d'hôpital banales et vides. Au bout, elle remarqua une porte fermée où il était inscrit « Direction », alors, curieuse, elle retira une épingle qui lui restait miraculeusement dans les cheveux et crocheta la porte. Un jeu d'enfant. Dans un cliquetis sourd, la porte s'ouvrit. Des rats s'enfuirent en courant : la salle avait des nombreuses étagères avec de vieux livres de médecines et de psychologiques, et un vieux bureau au centre. Le temps semblait avoir fait pause, et la lampe, les tiroirs ouverts, les dossiers jaunis encore éparpillés, étaient couverts de toiles d'araignées. Carlita s'avança et regarda le premier dossier sur une pile : il y avait une vieille photo d'une petite fille avec un ourson en peluche dans la main. Elle était pâle et semblait triste, la même tristesse qu'elle-même quand elle était jeune et qu'elle ne savait pas encore se défendre contre son père. Tuberculose, trouble de la personnalité, lut-elle, traitement : choc électrique.

« Quelle horreur, qu'est-ce qu'on lui a fait subir... »

Mais soudain elle entendit un petit rire, cristallin, et elle se retourna presto pour voir : une ombre blanche haute d'à peine trois pommes, passa en courant dans l'entrebâillement de la porte. Carlita resta figée, elle avait cru reconnaitre la gamine. Elle finit par se reprendre et commença à sortir de la salle quand elle vit, accrochée au mur, une hachette brise-glace de secours. Heureuse, elle s'en empara et tomba nez à nez avec Monica dans le couloir.

« Woh, fit celle-ci en voyant l'arme, un peu méfiante.
- T'inquiète, je m'en occupe. Je vais chercher les autres, il est temps de partir, le jour de lève. »

Elle éteignit sa lampe torche en regardant la luminosité augmenter. Carlita passa son couteau à Monica et partit dans le sens inverse. Ayant du mal à tenir l'arme avec ses béquilles de fortune, elle la fit tomber. Monica se tordit au maximum pour le ramasser par terre mais elle vit au loin comme un point lumineux, un point brumeux. Elle releva les et aperçut à peine le corps d'une petite fille livide, qui tenait un ourson à la main. Un frisson glacial parcourut son échine et elle se releva d'un bond, mais la petite fille avait disparu. Il résonnait tout autour d'elle des rires tantôt enfantin, tantôt démoniaques, la voix de la gamine la harcelait.

« Où est mon ours ! OU EST-IL ? Je le veux ! MAMAN, MON OURS PITIE !
- Arrête, arrête ... Ta gueule ! »

La voix résonna encore un peu, elle riait et pleurait, sortant d'on se sait où. Monica reculait tant bien que mal en s'agitant partout et elle finit par glisser et s'étaler sur le sol. Elle gémit de douleur en se tenant la jambe puis finit par rouvrir les yeux. Elle était devant une salle extrêmement sombre, avec d'étrange casier aux murs, et un ourson en peluche se tenait sur le sol. Monica se glissa sur le sol jusqu'au jouet, elle l'attrapa rageuse et le regarda : c'était celui de la douche ! Le même ! Mais comment ?

La porte derrière elle se claqua brusquement.

« Monica ! hurlait Yghni de l'autre côté.
- Aidez-moi pitié ! »

Elle avait eu tellement peur qu'elle s'était pissée dessus, et elle n'avait pas ses béquilles pour se relever ; c'était trop sombre. Carlita et Valentina essayaient de défoncer la porte mais elle ne voulait pas d'ouvrir.

« C'est encore l'autre enfoiré ! criait Carlita. Comment il fait ? Yghni, on est plus en sécurité ici faut partir !
- Pitié ! SORTEZ MOI DE LA ! suppliait la blonde. »

Valentina les regardait avec des yeux effarées ; voulait-elle vraiment l'abandonner comme ça ?

De l'autre côté de la porte, Monica pleurait. Elle entendit soudain dans le fond sombre de la pièce comme un grattement. Elle se retourna en brandissant faiblement le couteau devant elle, s'apprêtant à voir tout l'enfer se déchainer sur elle. Un coup de feu retentit dans tout le bâtiment. La porte s'ouvrit lentement et Carlita et sa sœur se retournèrent : le corps de Monica tombait raide, la tête à moitié explosée et ensanglantée.

Jaden sortit du fond de la pièce, de l'extrémité de son tunnel. Il regarda la scène, les yeux rouges, encore sous l'emprise de la drogue, le fusil à la main.

« C'était un zombis... Je croyais, murmurait-il, que c'était un zombi ... »

Valentina se jeta sur lui comme une tigresse, les points au-devant. Elle le frappa au ventre plusieurs fois, elle lui lacéra le visage avec ses ongles, en poussant des grognements gutturaux de haine ; il se laissa faire en regardant le cadavre de son amie d'enfance. Carlita ne bougea pas. La petite Yghni, pliée en deux, secouée par des pleurs de peur et de dégout, finit par se relever ; elle tira de toutes ses forces la manche de Valentina pour la faire tomber.

« Arrêtez, ça sert à rien ! Arrêtez pitié... »

Mais la Nature ne leur laissa même pas de répit...


Wrong place, wrong timeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant