Il avait trouvé une grosse planche de bois qui dépassait un peu du sol, il l'avait arraché et avait brutalement fracassé la radio. Elle était réduite en miette, pas moyen qu'elle marche à nouveau.
Il avait souvent des accès de fureur ces derniers temps mais là c'était plus l'angoisse profonde qui ressortait : il ne voulait pas mourir. Qui le voulait ? Surtout comme ça. Mais pourquoi ? Qu'avait-il fait ? C'était trop de question et il avait une migraine abominable qui se profilait à l'horizon.
Jaden s'assit à même le sol, il prenait ses tempes dans ses mains. Il souffla, essaya de calmer ses tremblements et ses peurs. Et les filles ? Il les avait abandonnées pour survivre, finalement ça n'aura servi à rien. Est-ce qu'elles étaient mortes ? Par sa faute ? Il se mit à sangloter doucement, comme un enfant, comme lui avant. Il n'était fort qu'en façade. La seule personne qui le savait c'était Monica, elle avait toujours été sa meilleure amie, voire peut-être plus. Mais elle était amoureuse d'Arsène depuis tout jeune, lui et sa gueule d'amour. Un comble ce triangle amoureux compétemment impossible et stupide, on aurait dit un film hollywoodien.
Puis soudain il sentit, dans la poche intérieure de sa veste en jean, un petit sachet qu'il connaissait bien. Il s'en servait souvent, pour se détendre, pour planer, mais il l'avait oublié qu'il l'avait encore. Il sortit le sachet et respira délicatement la poudre blanche. Petit à petit son esprit se désinhibât et il se détendit. Il était seul, perdu au milieu de nulle part, avec une bande de zombis à ses trousses et un psychopathe qui tirait les ficelles. Quoi de plus normal ? Les murs se déformèrent, la nuit fit place à la couleur, quelques flash par ci par là qui illuminait un calme musical. Du classique peut-être ? D'où pouvait-il venir ? On aurait dit l'Ode à la joie de Beethoven. Doucement, Jaden se laissa porter par la musique et la clarté, il bougea ses bras comme un chef d'orchestre. La mort, il s'en fichait. C'était un des bons côté de la drogue.
Un bruit retentit, comme un grattement. Jaden l'ignora et retourna à sa musique mais le bruit persista alors le cd s'enrailla et l'homme, tout grognon, se releva pour voir ce qui le dérangeait. Ses jambes le portèrent en direction des grattements et il arriva dans une pièce sombre remplis d'étagères aux vieux livres poussiéreux. Le bruit s'arrêta. Jaden balaya la pièce des yeux, la vision trouble, puis il grogna de nouveau : il n'y avait rien. Quand il tourna le dos un bruit fracassant retentit et il reçut un coup brutal en plein milieu du dos qui l'éjecta au sol. Le silence retomba quelques secondes après.
« Salope... » grogna-t-il entre ses dents, les pensées embuées.
Les livres jonchaient le sol et la poussière retombait légèrement. Une étagère, quelques secondes avant pleine, était vide, les livres s'étaient comme envolés... tout seuls. Mais Jaden n'y pensait pas, son regard était fixé sur la carabine planquée dans un trou dans le mur. Les armes à feu, c'était son truc. Et il était étonné d'en trouver une ici, comme ça.
Il se leva lentement, tituba un peu et attrapa la carabine dans sa main droite. Dans sa tête, les Quatre Saisons de Vivaldi se mirent à rugir. Il se prit à rire d'un ton presque enfantin, il embarqua dans ses poches des poignées entièrement de munitions, qui reposaient au fond d'une boite. Puis il examina l'arme pour mieux la comprendre, la chargea et souffla. Sa tête rugissait d'une ardeur incontrôlable ; il avait envie de se défouler. N'ayant plus rien à perdre il fit le chemin inverse et sorti doucement de la maison. L'ambiance était lugubre, presque d'un autre monde, comme un film. Jaden était perdu dans un village calciné, drogué, armé, écoutant les grattements et les gémissements fous de ces bêtes. Elles arrivent, se dit-il, je vais faire un joli spectacle. Il pointa le fusil devant lui, fermant un œil, et attendit.
Une créature surgit soudain du coin d'une maison, galopant à quatre pattes, la gueule baveuse grande ouverte et les yeux cherchant désespérément à manger. Elle fonçait doit sur Jaden. Calmement, il attendit que cette chose arrive dans sa ligne de mire ; quand elle arriva, quelques secondes plus tard, il tira. La bête s'écroula lourdement, le crâne explosé.
Trois autres zombis arrivèrent en feulant, plus lentement cette fois. Le plus près était sur la droite du jeune homme. Il la regarda en rechargeant au maximum le fusil puis il tira. La balle traversa une épaule et envoya la créature en arrière, les deux autres chargèrent ; il en abattit une d'une balle. Il n'eut pas le temps de s'occuper de la deuxième qu'elle lui sauta dessus la gueule ouverte. Jaden tomba lourdement et attrapa de toutes ses forces le corps animé qui tentait de le dévorer ; il lui envoya son genoux dans le ventre et avant qu'elle se relève, il attrapa le couteau qu'il avait gardé à sa ceinture et trancha sa gorge. Après un gémissement, la créature cessa de se débattre.
Mais il avait oublié celle qu'il avait blessé à l'épaule. Affolée, les yeux en sang, celle-ci fonça droit sur lui, lui écrasant les côtes, essayant de l'étrangler. Jaden cria de douleur, il profita d'un instant d'inattention pour se relever avec toute la bonne volonté du monde et empoigna son fusil. Le temps que la bête se retourne et que Jaden recharge l'arme, une balle traversa l'air et vint se planter dans la jambe du zombi. Il en tira deux autres entre les deux yeux.
Le silence revint enfin. Jaden souffla, il écouta son cœur battre. Il venait de tuer trois de ces putains bêtes. Et il était toujours shooté !
Ses côtes lui brûlèrent l'intérieur, il se plia de douleur. Jaden commença à arpenter les rues déserte, plier en deux, sans vraiment de but, il ne lui restait que quelques munitions. Il vit, au détour d'une maison, que la terre était enfoncée et qu'elle donnait sur un long tunnel noir. Il se rappelait très bien ce qu'il s'était passé la dernière fois qu'il en avait emprunté un, mais peut-être qu'il pourrait rentrer au manoir. Revoir Monica, Valentina, et les autres et se dire que tout cela n'était qu'un rêve. Il s'arrêta devant, respira fort et regarda la lune une dernière fois, avant d'y entrer.
Une pancarte quelques mètres plus loin affichait trois mots, trois mots qui lui seraient utile. Il avait bien besoin de trouver quelque chose pour le soigner ; et puis au moins ce chemin-là était indiqué. Il suivit la flèche, trainant les pieds, avec une migraine atroce qui bouillonnait. Les pancartes affichaient : « Durn Hall Hospital ».
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Wrong place, wrong time
Mystery / ThrillerIls étaient là au mauvais moment, au mauvais endroit. Injustement. Choisis. Quinze ans après, Monica, Valentina, Jaden et Arsène gagnent un séjour d'une semaine dans un manoir. Les vacances de rêves, loin des parents, loin des contraintes, loin de...
